Depuis la naissance de Paris Nuit il y a déjà 21 ans, la Nuit s'est transformée, devenant une véritable industrie regroupant 13000 établissements en France, 2500 discothèques et concernant 75 000 emplois.
Nous n'en avons peut-être pas conscience mais les professionnels de la Nuit sont innovants. Ils apportent chaque année de nouveaux concepts pour répondre à l'évolution des goûts et des habitudes des consommateurs.
Une manifestation réunissant des patrons d'établissements français et les 20 principaux fournisseurs prestataires fournissant spiritueux, soft drinks, décor, technique, tout ce qui permet de faire la Nuit, avait été pensée autour d'une succession de visites pour trouver de nouveaux lieux et permettre aux prestataires de présenter de nouveaux produits. Elle avait été appelée G20, ce qui témoigne de l'humour et de la répartie que l'on peut avoir dans ces professions qui tiennent à tenir bon face aux anti-tout.
Je n'ai pas suivi ce périple de 48 heures, au cours duquel 100 dirigeants venant de toute la France et 20 fournisseurs se sont rencontrés au cours d’un "Innovation tour" d’établissements parisiens de référence, passant par l'Hôtel du Collectionneur, et poursuivant par une tournée des lieux tendances avec les Bains, la Mezcaleria, le Comptoir général, Bermuda Onion, la Brasserie Barbès, Très Honoré, le restaurant de l'Opéra, la VIP Room, le Mojito Habana.
Par contre j'ai assisté à la remise d'une série de trophées (dont vous trouverez la liste en fin d'article) récompensant les plus belles créations ou innovations, au cours d'une soirée qui s'est déroulée au Lido. Parce que s'arrêter c'est mourir, continuer c'est innover.
Il ne faut pas y venir pour faire un repas hautement gastronomique, même si ce qui a été servi était fort élégamment présenté et excellent.
C'est surtout le spectacle qui est éblouissant et je me suis dit que la nouvelle revue menée de main de "maitre" par la mezzo-soprano Manon Trinquier est un beau cadeau à faire, ou à "se" faire. Elle mérite bien son titre de Paris Merveilles.
Voilà pourquoi j'ai décidé de vous la présenter après avoir fait un peu le point sur ce qu'est devenu le monde de la Nuit.
La soirée s'est poursuivie à l'Arc, un établissement qui siège sous ... l'Arc de Triomphe et dont je vous dirai aussi quelques mots.
La Nuit a complètement changé depuis 1987. S’il n’y avait guère qu’une quarantaine d’endroits où "sortir" il y a 28 ans, ils sont aujourd’hui un millier.
La fin des années 80 a été incarnée par des figures qu’on pourrait qualifier de mythiques, comme Régine ou Castel, même s'il y avait quelques établissements plus démocratiques, comme le Palace, pour élargir la cible.
Les peoples de l’époque s’appelaient Gainsbourg, Bardot, Sagan et autres célébrités. On ne pouvait entrer que si on était membre du club. La plupart de ces lieux branchés exigeait une carte. A moins de montrer patte blanche au "physio" qui filtrait les entrées, un peu à la tête du client et selon la beauté de la femme, pouvant dire oui un soir, et non le lendemain. C’était un temps de folie à rire, boire et danser aux côtés des stars jusqu’au petit matin. On va dire que je caricature mais c'était vraiment cela. Il suffit de lire Eva pour en retrouver la trace.
Dans les années 90, le paysage se diversifie avec les BAM et les RAM. En effet, les Bar à ambiance musicale et les Restaurants à ambiance musicale offrent à leur clientèle un cadre plus festif. Les habitudes de consommation se modifient en même temps que l’offre de patrons français et innovants. Les DJ montent sur les podiums. Le plaisir de se rencontrer dans un cadre choisi prime sur le désir de picoler dans une ambiance glauque. L’alcool n’est plus la première motivation de la Nuit.
Le champagne a perdu un peu en magie alors que surgissaient des produits de plus en plus premium. Le cocktail est devenu un art et dès le début des années 2000, les mixologues ont rejoint les DJ parmi les personnalités de la Nuit.Les fournisseurs se sont donc eux aussi adaptés. Avec le déploiement de l’offre il a fallu se singulariser. Voilà pourquoi la Nuit se métamorphose en permanence et il est probable que je ferai encore un autre bilan dans quelques années.
La Nuit est devenue de plus en plus conceptuelle. Des établissements surgissent. D'autres meurent. Quelques-uns parviennent à passer le cap et à renaitre de leurs cendres.La Nuit s’est aussi étendue. Avant on ne commençait pas la fête avant 23 heures pour s’arrêter vers 5-6 heures et prolonger parfois par un after. Aujourd’hui on démarre dès 19 heures avec l’afterwork à la sortie du bureau. Le moment de l’apéritif prend de plus en plus d’importance en France. C’est devenu un moment typique, peut-être pas spécifique (on peut penser qu’à Berlin ou Londres il soit aussi important). Vous avez tous noté la montée en puissance des bars à tapas. On ne commande plus non plus la même boisson. A titre d'exemple la boisson anisée qu’on sirotait au bar est désormais servie à table dans un verre piscine.
Le premium s’impose dès l’apéritif avec un produit transformé à forte valeur ajoutée, positionné haut de gamme (dont le prix est de ce fait généralement plus élevé que celui de ses concurrents). Il est souvent associé avec quelque chose à grignoter, à la fois pour satisfaire un objectif de santé publique mais aussi pour le plaisir. En résumé, on consomme l’alcool moins et mieux.
Sont apparus parallèlement les superpremium qui qualifient les alcools plus forts et plus vieux.
Une autre caractéristique est le changement qui a affecté les patrons qui sont devenus des gestionnaires et des chefs d’entreprise à part entière, avec souvent plusieurs établissements, quitte à être moins charismatiques. On connait peu leur nom aujourd'hui. Il n’y a guère que Jean Roch, qui a monté sa propre chaîne baptisée VIP Room à continuer incarner une référence des nuits parisiennes et tropéziennes.
D'une manière générale, le public a d’autres besoins. On venait voir des personnalités qui, comme jean Castel, accueillaient personnellement "chez eux" les fêtards. On vient maintenant plus simplement boire un verre entre amis, dans une ambiance sécurisante, glamour et audacieuse, comme me l'a expliqué Jean-Paul Viart, le rédacteur en chef de Paris Nuit.
Forcément, ces patrons ont pris conscience de l’attente de distraction et de qualité que leur clientèle manifeste à leur égard. C’est pourquoi, chaque année depuis 21 ans, on récompense les établissements qui se distinguent par leur innovation.Le vote est fait par le public via l’application Paris Nuit. 14300 votes ont été enregistrés cette année. Ce sont donc des récompenses qui ne tombent pas du ciel ou qui seraient le résultat de copinage. Les vainqueurs 2015 des Trophées de la nuit ont été annoncés en début de soirée :Trophée Moment de l’Apéritif : Le Wood – Rudy Archinard – Aix-en-Provence
Trophée du Jeune Entrepreneur : Sylvain Chérubin – Lyon
Trophée de la Terrasse : Le Milk – Gaby Sune – Montpellier
Trophée de l’Insolite : Le quai des Bananes – Rémy Dauchy – Lille
Trophée de la Création et de l’Innovation : Le Road House Café – Stéphane de Coster – Doussard
Trophée Qualité & Service : L'Arc – Félix Wu – Paris
Trophée de la Prévention : Le Duplex Club – Cédric Cappadoro – Biarritz
Trophée de l’Evénement Hors les Murs : La Folie Douce by Majectic – Luc Reversade – Cannes
Trophées d’Honneur 2015 : La Ville de Lyon pour sa gestion dynamique et festive de la nuit - et Marie Garreau pour l’organisation de ses soirées "Chérie Chéri"Après ce palmarès, le rideau s'est levé sur la très réussie nouvelle revue du Lido.C'est le danseur Mansour, que l'on avait pu remarquer à coté de Madonna, qui a ouvert la boite de Pandore du spectacle. Son style particulier, que l'on peut qualifier de danse urbaine a motivé le cabaret à lui demander d'exécuter un numéro de hip-hop.Le spectacle célèbre Paris et les parisiennes. Les costumes sont abondamment sertis de paillettes et de plumes mais on voit aussi des tenues plus modernes, que l'on pourrait "presque" porter dans la rue.Les musiques jouent elles aussi sur une très large palette, osant l'accordéon, revisitant le tango, et ne craignant pas de flirter avec le rock.Les décors sont eux aussi inventifs, montrant une place et ses réverbères aux allures de jeu de quilles. Franco Dragonne, auteur et metteur en scène a travaillé au Cirque du Soleil et avec Céline Dion. Cela se sent. Il a su créer la surprise avec des numéro époustouflants qui s'intercalent entre les ballets.
L'avaleuse de sabre Lucky Hell, qui s'est produite sur d'autres scènes avec Dita Von Teese, a fait sensation avec ses tatouages et ses armes blanches. Elle est arrivée sur un sofa rouge, dans une ambiance orageuse et ses talons ont claqué sur le sol en provoquant des gerbes de gouttelettes argentées.
Igor et Lulia, deux acrobates équilibristes et contorsionnistes, venus de l'Est, nous ont sidérés avec leur duo You and me, créé pour le festival du Cirque de demain en 2010, savant équilibre de force et de sensualité.
Nous avons aussi été bluffés par la maitrise des patineurs Solenne Bachelet et Maxime Combès qui forment sur la glace depuis 4 ans le couple adagio du Lido. J'étais si près d'eux que j'ai tremblé en constatant les risques qu'ils prenaient sur cette piste carré de seulement 7 mètres de coté. On croit avoir vu le clou du numéro et ce n'est rien comparativement à l'enchaînement suivant.
Le clown Housch Ma Housch, primés à de multiples occasions, nous a enchanté avec son accent ukrainien, sa drôlerie et sa poésie.Entre ces moments exceptionnels la machinerie donne vie à des décors époustouflants. C’est toute une ville qui se métamorphose sous nos yeux, bousculant les frontières de l’espace et du temps. Une évasion fantastique où les emblèmes de la capitale sont égrainés au fil des tableaux.
Les chorégraphies cadencées menées par les célèbres Bluebell Girls et Lido Boys s’enchaînent à un rythme effréné. Les chapeaux extravagants et les costumes majestueux sont ornés des plus belles plumes et scintillent de mille feux. On se laisse porter à poser un autre regard sur l’Art Nouveau, à faire escale au pied de notre célèbre Dame de fer, ou encore à admirer les défilés haute couture...Les chorégraphies sont elles aussi inventives, qu'il s'agisse d'un ballet d'inspiration classsique comme une séquence du Lac des Cygnes, avec la présence sur scène de vrais oiseaux, ou d'un French Cancan pour lequel les costumes ont été fluidifiés.Je peux vous dire que les plumes des boas voletaient jusque sur les tables du premier rang.La piste centrale est devenue tour à tour piscine ou patinoire et les plus jolies filles ont scintillé, accrochées comme des pampilles à un lustre géant.Tout fut parfait et je salue encore une fois la performance de la chanteuse Manon Trinquier qui a fait un beau chemin depuis sa révélation par l'émission The Voice. Non seulement elle a une vraie présence sur scène, mais elle danse également très bien et il est agréable de voir qu'il n'est pas absolument nécessaire de satisfaire les mensurations habituelles des danseuses de revue pour mener une troupe.Nous avons poursuivi la soirée à l'Arc dont la décoration est signée par Lenny Kravitz et qui a l'art de rassembler les personnalités les plus opposées comme des footballeurs, une ex-première dame, des présentateurs ou des personnes "ordinaires" comme vous et moi.Les artistes du Splendid sont arrivés pour dynamiser une ambiance un peu délirante, avec un boa d'un autre genre que ceux qui s'étaient agité sur la piste du Lido quelques heures auparavant.Les photos qui ne sont pas logotypées A bride abattue sont de Paris Nuit ou d'Olivia que je remercie.Et, n'oubliez jamais que l'abus d'alcool est dangereux et qu'il convient de consommer avec modération.