© Claire Parizel – JBMT
L’hiver tombe enfin. Doucement, les nuits s’allongent et les températures dégringolent jusqu’à vous faire vous demander pourquoi ne pas hiberner… C’est donc le moment parfait pour profiter de cette ambiance si spéciale, toute faite de piqûres froides et acérées adoucies par quelque lumière chaleureuse, ou une belle odeur de vin chaud. Dans ce contexte, quelle meilleure destination qu’une ville enserrée entre des montagnes et dont les vastes plateaux débouchent sur des cimes enneigées ? J’ai nommé Pau, la capitale du Béarn.
Peu connue, cette ville a pourtant une histoire bien à elle. Toute faite de hasards, comme Julie Boustingorry, animatrice de l’architecture et du patrimoine de la ville, aime à le souligner. Marquée par la naissance de Henri IV que l’on fête chaque année grassement à renforts de poule au pot, la ville a aussi été influencée par le passage de Napoléon Ier. Aujourd’hui, c’est surtout pour espérer voir François Bayrou, le maire depuis 2014, que les touristes s’y pressent…
Mais plutôt que de vous livrer à une galerie des hommes illustres, généalogie un peu vaine, ouvrez les yeux et regardez ce qui peut l’être : la nature, l’air, et la quiétude de cette belle ville. Débutez alors votre visite par la villa Saint Basil’s au 61 avenue Trespoey. Cette maison s’inscrit tout à fait dans la vague de constructions anglaises qu’a connue Pau à partir du XIXè siècle. Vantée pour les mérites de son air par Alexander Taylor en 1837 dans l’ouvrage De l’influence curative du climat de Pau et des eaux minérales des Pyrénées sur les maladies, la ville devient rapidement un lieu de villégiature prisé par les élites anglaises.
Et Pau qui était construite autour de son château, dos tourné aux montagnes, accorde alors une attention nouvelle et démesurée à ces paysages sur lesquels donnent les larges fenêtres des riches demeures. La villa saint Basil’s est particulièrement emblématique de ces constructions. Encore en cours de rénovation, il n’est possible de visiter que son rez-de-chaussée, qui réserve déjà de belles surprises. Débuté à la fin du XIXè siècle, c’est dans les années 1930 que son décor est achevé et la salle à manger accueille des peintures marouflées sur bois donnant à voir une histoire de Cendrillon dans un style néo-rocaille, par le peintre René-Marie Castaing. Mais le plus beau reste peut-être à découvrir : c’est le paysage qui s’étend au-delà des vitres translucides séparées par les plombs orthogonaux. Une fois à l’extérieur, observez la dissonance du jardin qui n’accompagne pas du tout les montagnes au loin. Et pour cause ! Une rénovation récente (après les tempêtes de l’hiver 1998 ) a débouché sur la création d’un parterre rectangulaire en totale opposition à ce que devait être ce jardin anglais, véritable panorama répondant à la perspective des cimes embrumées. Toutefois, si l’on ne se formalise pas de cet iconoclasme, on appréciera la façon dont cette construction peut répondre à la géométrie des carreaux aux fenêtres, affermissant cette opposition que l’on peut dresser de façon certes un peu simpliste entre culture et nature (secondaire et primaire).
Il y aurait encore beaucoup à dire et à voir mais nous préférons vous laisser découvrir directement les trésors de cette maison qui cache bien sa modernité. En cela, la villa saint Basil’s est aussi emblématique d’un nouvel art de vivre et de valeurs qui se diffusent dans toute l’Europe, guidée par l’Angleterre à partir de la seconde moitié du XIXè siècle. Ces valeurs sont celles d’un goût pour l’optimisation et l’utilisation dans la sphère privée des éléments mécaniques développés d’abord dans la sphère industrielle…
© Claire Parizel – JBMT
Alors poursuivez cette balade dans un lieu particulièrement important à tout lecteur/rice avide de confiture et de belles tartines : le restaurant The bistrot, au 13 rue Henri IV, tenu par le couple Lassala. Le midi, vous pourrez vous y régaler pour 16 € avec une formule qui laisse la part belle aux produits frais tout droit sortis du marché ou de producteurs locaux…et c’est bon ! Nous y avons goûté une soupe de potiron et un brownie au chocolat aussi intense que léger. Le cadre est chaleureux, le service discret et attentionné. Ne partez pas sans goûter au Jurançon, vin blanc du Béarn qui se décline sous deux formes : sec et moelleux.
Il y aurait encore bien des choses à raconter. Les histoires du Château de Pau, ou celles sur la formation du Parlement de Navarre par exemple… mais nous vous laissons ici. Notre balade nous a menés sur une petite place face aux montagnes. Depuis un promontoire, elles s’étendent devant nous et sont recouvertes de quelques brumes bleues devant lesquelles on peut difficilement trouver à rompre le silence tellement il y est plein.
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