Ce thriller d'Alex Berg met en scène pour la première fois le personnage assez classique de Valérie Weymann, une belle et brillante avocate, qui n'a pas froid aux yeux, et qui arrive à concilier son travail prenant et sa vie de famille. Face aux pires des violences physiques et morales, elle s'avère forte et fragile à la fois, en tout cas très humaine et on suit avec intérêt et compassion sa descente aux enfers. Les autres personnages sont moins développés, et parfois plus caricaturaux, et je regrette quelque peu le manichéisme assez présent du roman, avec d'un côté l'Américain Robert Burroughs de la CIA, un homme abject et devenu obsessionnel après la mort de sa famille le 11 septembre 2001, prêt à tout pour faire tomber Valérie, et de l'autre côté, Eric Mayer, des services de renseignement allemands qui va remettre en question la culpabilité de l'avocate.
A travers son roman, Alex Berg met en exergue les dérives d'un État sous prétexte de combattre le terrorisme : perte de liberté fondamentale et de droits constitutionnels pour les accusés, enfermement sans possibilité légale de se défendre et interrogatoires qui se transforment en torture. On pense bien évidemment aux États-Unis et leur Patriot Act, aux pratiques de la CIA et au camp de Guantánamo. Malheureusement, les situations ne m'ont pas toujours parues crédibles dans ce roman, même s'il se lit rapidement grâce au rythme efficace du roman et à l'intensité de certaines scènes, notamment les scènes d'interrogatoire de Valérie. Zone de non-droit est un thriller assez ordinaire qui permet toutefois de passer un bon, mais pas inoubliable, moment de lecture.