Encore une agréable surprise révélée par la dernière opération Cinétrafic (encore merci pour votre diligence !) : plutôt ciblé vers un public féminin. les Mots pour lui dire, une comédie légère et revigorante avec Hugh Grant - ce qui constitue un sous-genre en soi, souvent touchant et populaire bien qu'il soit
Le fait est que, passé ses très grands succès sous la houlette de Richard Curtis (qui n'a pas ri et pleuré devant Love actually ou 4 mariages & un enterrement ?), Hugh Grant a connu une légère traversée du désert et il semble s'en être sorti en affrontant un constat implacable : il est fait pour faire du Hugh Grant. Pour peu qu'on lui tisse un script sur mesure et qu'on lui laisse libre cours avec de nombreux dialogues impromptus (ses remarques impertinentes et sa façon inégalable de mettre les pieds dans le plat font toujours mouche), on tient des bases solides pour une comédie réussie, certes pas très originale, mais qui trouvera son public. Ce que fait fort bien Marc Lawrence qui l'a donc entraîné pour la quatrième fois dans son projet (après l'Amour sans préavis, Où sont passés les Morgan ? et le Come back).
Evidemment, le problème réside dans l'impression de déjà-vu, qui sera incontournable : entre l'ancienne pop-star du et le scénariste qui n'a plus connu le succès depuis son seul et unique Golden Globe qui est au centre de notre film, les différences sont minimes et les situations font écho.
En fait, outre l'apprentissage amer des ravages du temps (bien que le bougre soit toujours aussi séduisant) et l'obligation d'en tirer les conclusions qui s'imposent (on ne peut pas être et avoir été, etc.), the Rewrite (le titre original est, comme souvent, bien plus pertinent) se permet le luxe d'introduire une nouvelle orientation à notre Hugh qui refuse de vieillir. Le but n'est plus de redevenir la vedette qu'il fut, mais de se recycler. Assez osé, et plutôt adroit.
Rassurons tout de suite les admirateurs de notre british lover : Hugh Grant conserve intact son potentiel et joue habilement sur son âge sans pour autant perdre de sa verve ou de son aura - bien qu'il n'évitera pas quelques situations ridicules, voire honteuses. Le tempo du film repose intégralement sur ses atermoiements, ses prises de parole et ses frasques. Voilà donc qu'on lui propose un job de prof dans une université (car ses scripts sont constamment refusés et il faut bien payer les traites) mais il prendra d'abord cet emploi un peu trop à la légère, triant ses élèves en fonction de leur joli minois plutôt que de leurs capacités littéraires. Comme on sait pertinemment qu'il a un bon fond, on se doute qu'il reviendra dans le droit chemin - mais pour cela, rien de tel que la rencontre providentielle qui saura l'aiguiller sans qu'il s'en rende compte (ces mecs, il faut tout leur dire !).
Second point fort des bonnes comédies avec Hugh Grant : le casting. Pour exister en face de lui, il faut une femme à la fois belle et pétillante, avec un soupçon de folie et/ou d'irrévérence, qui parviendra à le pousser dans ses retranchements. Et Marisa Tomei, en jeune mère idéaliste et un peu bohème, est tout simplement parfaite, mettant en avant avec une certaine élégance et sa plastique avantageuse et son sourire ravageur tout en énonçant quelques règles de morale. Le traitement de leur relation est également malin, slalomant entre les clichés et jouant sur les non-dits et les regards. Les seconds rôles parviennent à ne pas être trop éclipsés, surtout le toujours impeccable et truculent J.K. Simmons dont on attend toujours qu'il nous sorte une énormité.
Sans être un plaidoyer pour le métier d'enseignant et le rôle du mentor, cette comédie romantique moins légère qu'il n'y paraît ne s'appesantit pas outre mesure sur la pédagogie, se reposant plutôt sur les relations maître/élève et les contraintes liées au métier. On peut éventuellement le regretter mais l'ambition du métrage n'était pas de lancer une polémique, non plus que de disserter sur la valeur littéraire d'un scénario de film par rapport aux grands classiques de la littérature (même si on a droit à une approche savoureuse dans une diatribe un peu imbibée lors d'un cocktail de bienvenue). On n'est pas non plus dans le Cercle des poètes disparus et si Keith/Hugh apparaît un peu comme un trublion dans une institution centenaire, il finira par rentrer dans le rang et tout ce petit monde se dirigera vers une fin raisonnable ponctuée de ce qu'il faut d'attendrissement et de choix difficiles.
Jolie comédie, attendue et sympathique, réconfortante sans être surprenante (ceci expliquant sans doute cela). Parfaite pour les soirées de Noël en famille.
Titre original
The Rewrite
Date de sortie France
2 décembre 2015 avec Metropolitan
Musique
Clyde Lawrence
Support & durée
Blu-Ray Metropolitan (2015) region B en 1.85:1 / 107 min
Courtisé par Hollywood pour ses talents de scénariste, marié à une femme superbe, Keith avait la vie idéale. Mais c'était il y a quinze ans. Aujourd'hui, il est divorcé, désargenté et n'a écrit aucun film depuis bien longtemps. Son agent lui trouve un poste temporaire dans une université pour donner des cours de scénario. Keith accepte à contre coeur cette proposition. Mais sur le campus, il fait la connaissance de Holly, une mère monoparentale obligée de cumuler les emplois pour s'en sortir...