On connaît plusieurs des gènes de l’obésité et on sait que les enfants de parents obèses sont à risque plus élevé de surpoids. Si, chez les hommes, la signature génétique du sperme change rapidement avec la prise ou la perte de poids, alors les pères atteints d’obésité pourront théoriquement la » passer » à leurs enfants. Cette étude de l’Université de Copenhague en fait un début de démonstration, en montrant que le poids des hommes/pères affecte directement certains gènes dans le sperme, liés à l’appétit et au développement du cerveau. Il s’agit ici de modifications épigénétiques, théoriquement transmissibles aux enfants mais qui peuvent être inversées en cas de perte de poids (ou de chirurgie bariatrique).
L’obésité est parfois une maladie familiale. Si l’idée reçue est plutôt une transmission du risque à l’enfant par un ou deux parents déjà atteints d’obésité, il existe également un lien significatif entre frères et sœurs, qui reflète l’influence de l’environnement et du mode de vie : Ainsi un enfant sera 5 fois plus susceptible de devenir obèse si son frère ou sa sœur est en surpoids. L’obésité est parfois aussi une hérédité. On sait qu’environ un cas d’obésité sur 10 est lié à des mutations génétiques qui affectent la régulation de l’appétit.
L’étude montre que l’ADN dans le sperme de 10 hommes obèses (IMC>30) diffère de celui de 23 hommes témoins, de poids de santé (IMC : 20 à 25). Il s’agit de modifications » épigénétiques » : l’ADN n’est pas modifié, seule l’expression des gènes l’est. Par ailleurs, sur 3 échantillons de sperme prélevés chez 6 participants ayant subi une chirurgie de perte de poids (IMC moyen de 42,6 avant l’intervention), avant une semaine après, et un an après l’opération, l’analyse montre:
· des différences de méthylation de l’ADN dans le sperme des hommes obèses vs poids normal, qui impactent en particulier le nombre de spermatozoïdes,
· mais aucune différence significative dans l’ADN même des participants,
· les modifications les plus importantes à des sites génétiques impliqués dans le contrôle de l’appétit.
· la perte de poids apparaît en mesure d’inverser les changements génétiques associés au surpoids.
· Ces différences suggèrent la possibilité que les enfants des hommes en surpoids puissent » hériter » de traits génétiques associés à un risque accru de surpoids.
Certaines des modifications épigénétiques déjà impliquées dans le fonctionnement du cerveau : Ces changements dans l’expression de l’ADN des spermatozoïdes et leur effet possible sur le développement du cerveau peuvent expliquer pourquoi l’autisme est plus fréquent chez les enfants de pères en surpoids ? Des résultats à interpréter avec prudence compte-tenu du petit nombre de participants et avec une incertitude sur le risque réel de transmission, théoriquement possible, de père à enfant.
Cependant, ce qui semble moins discutable est que la signature génétique des spermatozoïdes peut changer rapidement en raison de facteurs environnementaux tels que la prise ou la perte de poids.
N.B. L’étude a été financée par financé par la Fondation NovoNordisk
Source: Cell Metabolism December 3 2015Obesity and Bariatric Surgery Drive Epigenetic Variation of Spermatozoa in Humans (PDF, 2.67Mb)
Lire aussi:OBÉSITÉ: Non, le poids n’est pas un trait génétique immuable!–
Accéder au Dossier
sur les Troubles du comportement alimentaire –
Obésité de l’enfant (1/6)
Troubles du comportement alimentaire
Pour y accéder, vous devez être inscritet vous identifier
Plus de 200 études sur le Surpoids et l’Obésité
OBESITE : TEL PERE, TEL FILS conclut l’étude Earlybird–