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Le regne du vivant

Publié le 05 décembre 2015 par Lorraine De Chezlo
LE REGNE DU VIVANTd'Alice Ferney
Roman - 200 pages
Editions Actes Sud - août 2014
Gerald Asmussen, journaliste norvégien, s'intéresse à l'éco-militantisme et décide un des plus fervents représentants, Marcus Wallace. Ce dernier est un homme engagé jusque dans son corps, prêt à toutes les luttes pour protéger les océans, pour préserver leurs ressources naturelles des prédateurs que sont les pêcheurs illégaux : ceux qui œuvrent en zone protégée ou qui éperonne à tout va les requins pour leur prélever leurs ailerons. Ayant déjà de belles actions à son palmarès, Marcus Wallace s'apprête à voyager à bord de son nouveau bateau, l'Arrowhead, avec son équipe et ce journaliste qui permettra de relayer les constats affligeants et d'éveiller les consciences des terriens.
Je ne m'attendais pas à retrouver Alice Ferney si loin du roman d'amour, du récit familial, de l'introspection sentimentale ! En plein récit au cœur de l'éco-militantisme, elle m'a étonnée, surprise. J'ai retrouvé quelque peu son style dans cette plume presque lyrique, délicate et poétique, lorsqu'elle consacre des paragraphes au milieu marin, aux époustouflantes baleines, au règne du vivant, imposant et vulnérable. 
Extrait :"Jamais je ne me contenterai de filmer l'agonie d'une baleine qui pourrait me servir l'année suivante à lever des fonds pour la protection des baleines ! Je ne cherche pas de l'argent en bavardant sur la cruauté des massacres, ni en versant des larmes vaines, je cherche de l'argent pour empêcher les massacres et je m'en sers pour ça. Je fais ce que je promets : je m'interpose physiquement. pourquoi m'accuse-t-on d'être fou au lieu d'accuser les autres d'être des voleurs ? Parce que dans ce moment de notre civilisation, le profit est devenu plus précieux que la vie. Nous ne l'avouons jamais, nous faisons mine de l'ignorer, nous professons le contraire, mais toutes les décisions de nos gouvernants en témoignent."
On suit en tremblant, en admirant, en écoutant ce Marcus Wallace déterminé à jamais, conscient de ses actes que peu de justices voudraient défendre, mais sûr que la morale naturelle l'approuve. Alors, dans cette aventure, ce voyage au large vers la banquise, on va croiser des pêcheurs coupables, des petits et des gros, et il va falloir les intimider, rappeler la Loi, rappeler l'éthique, s'interposer.Seul bémol à la lecture : cette construction parfois bancale, déséquilibrée, un manque de pertinence peut-être dans les progressions et dans le rythme du roman. Et puis, aussi, un petit malaise peut naître quand nos soupçons s'avèrent fondés, quand on apprend que l'auteure s'est très largement inspirée d'un militant activiste contemporain, sans jamais le citer, sans promouvoir clairement son action ou lui rendre hommage plus explicite.
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