Basée dans la Silicon Valley, la nouvelle entité – Pivotus Ventures – a donc pour ambition de semer la disruption et faire progresser l'innovation dans la banque. Elle a été fondée par un groupe d'entrepreneurs, convaincus que les services financiers vont connaître des changements radicaux dans les 10 prochaines années. Plutôt que de créer leur propre entreprise, ils préfèrent combiner le modèle de startup qu'ils défendent avec l'accès à la clientèle, aux infrastructures et aux capitaux d'une institution existante.
Au sein de cette structure hybride, la logique retenue consiste à mettre en place une démarche d'innovation directement inspirée par les méthodes des ténors du domaine. En collaboration avec des intervenants extérieurs (du secteur financier ou d'ailleurs), la mission de ses équipes – resserrées et pluri-disciplinaires – sera de lancer un nouvelle activité potentiellement disruptive tous les 6 à 18 mois, autour des services financiers, de l'exploitation des données, de l'expérience utilisateur…
Complétant le dispositif, Umpqua Bank fournira l'environnement dans lequel les concepts ainsi développés seront expérimentés, en conditions réelles, auprès de ses (« vrais ») clients, de manière à évaluer en quasi temps réel leur potentiel sur le marché. L'enjeu est, pour la banque, de parvenir à accélérer ses cycles d'innovation, jusqu'à atteindre, autant que possible, un rythme comparable à celui de l'écosystème de la FinTech…
Au fil de cette présentation, les avantages de l'approche originale d'Umpqua Bank commencent à apparaître. Au premier rang, la création d'une organisation (partiellement) autonome représente un facteur d'attractivité important pour les indispensables talents qui vont l'animer. Intégrer des entrepreneurs dans une institution financière est un exercice extrêmement périlleux, tandis que leur promettre un accès aux ressources d'une banque, tout en conservant une certaine indépendance, est presque irrésistible.
Du point de vue de la banque, l'ouverture d'une filiale peut être considérée comme le résultat d'un arbitrage entre deux forces opposées. D'un côté, la liberté – aussi contrainte soit-elle – dont dispose une entité dédiée est un indiscutable catalyseur de créativité et d'efficacité. De l'autre, cette sorte d'« externalisation » de l'innovation peut être perçue comme un repli sur soi pour le reste de l'entreprise, qu'il faudra impérativement évacuer, avec un plan d'action adapté (par exemple en établissant des passerelles vers Pivotus Ventures pour les collaborateurs – à temps partiel, le cas échéant).
En tout état de cause, si Umpqua Bank choisit cette option, alors qu'elle a tout de même quelques succès à son actif, c'est probablement parce qu'elle estime que sa stratégie « interne » atteint ses limites et qu'une autre voie lui semble nécessaire pour passer à la vitesse supérieure. La leçon vaut largement d'être méditée dans toutes les banques qui n'ont pas la maturité de l'américaine…