"Antoine plaisante à propos des monos qui se sont déguisés avec des chapeaux en papier et du maquillage de clown, il dit qu'ils font pitié. Je devine à l'instant qu'ils ont fait ça exprès, justement pour nous faire rire, qu'ils ont pris délibérément tout le ridicule sur eux, pour que les ados se sentent mieux, se sentent supérieurs, différents. Ce sont des adultes. Ils peuvent se permettre d'avoir l'air idiot. Ils assument la bêtise pour nous laisser l'intelligence. J'ai envers eux un mouvement subit de reconnaissance, une bouffée de gratitude. Je suis écrasée sous le poids de ma propre sagesse. Je voudrais qu'on m'ampute du cerveau." (extrait du "Premier Été" d'Anne PERCIN, Actes sud Babel)