François Fillon, a signé le décret d’extradition de l’ex-brigadiste Marina Petrella, écrouée en France depuis août 2007, a-t-on appris ce lundi 9 juin auprès de la Chancellerie, alors que la plupart des Français avaient les yeux tournés vers les (mauvais) débuts de l’équipe de France de football dans l’Euro 2008.
Il lui a été signifié lundi. Un rassemblement de soutien et de protestation est prévu mercredi 11 juin à 11h30 place Sèvres-Babylone (devant le Jardin Catherine-Labouré), dans le 7e arrondissement. Une permanence continue à être tenue dans le 20e et un soutien est demandé pour le recours, Marina Petrella étant privée de son emploi d’assistante sociale depuis son interpellation…
Guillaume Didier, magistrat de formation, ancien conseiller pour la presse et la communication au cabinet de la Garde des Sceaux et désormais porte-parole de Mme Dati a précisé que Marina Petrella avait un mois pour déposer un recours devant le conseil d’Etat. Ce que savait fort bien son avocate…
Marina Petrella a été condamnée le 6 mars 1992 en son absence par la cour d’assises de Rome à la réclusion à perpétuité pour avoir tué un commissaire de police et grièvement blessé son chauffeur, à Rome en 1981, ainsi que pour séquestration d’un magistrat, vol avec arme et attentats.
Lorsque la cour d’appel de Versailles avait donné son feu vert à son extradition vers l’Italie en décembre 2007, rejetant tous les arguments de la défense, notamment la prescription des faits et la lenteur de la procédure, de nombreuses voix s’étaient élevées, dont celles des élus communistes parisiens, qui estimaient que cette assistante sociale (mère de famille par surcroît) avait reconstruit sa vie « sur la base de l’asile de fait que la France lui avait accordé ». Et Pierre Mansat, élu du 20e, conseiller de Paris et adjoint au maire de Paris, avait rappelé dans ce billet cosigné entre autres par Fred Vargas la « doctrine Mitterrand », formalisée en 1985.
A compter du 20 décembre, rue des Amandiers (dans le 20e arrondissement) un relais de solidarité s’était mis à faire une sorte de « jeûne tournant », en soutien à Marina Petrella, elle-même en grève de la faim en prison. Ce pour que la parole donnée soit respectée, dans la continuité de l’Etat. Plus récemment, des affichettes roses se sont mises à tapisser les murs du quartier, de façon quasi-prémonitoire…
En théorie, Marina Petrella peut être remise aux autorités italiennes dès maintenant, mais son avocate, Me Irène Terrel, a annoncé qu’elle avait déposé lundi un recours devant le Conseil d’Etat. Ce recours n’est aucunement suspensif mais il est d’usage que la France n’extrade pas tant qu’un recours n’a pas été examiné. Or cet examen peut prendre plusieurs mois.
Me Terrel, qui considère cette décision « absolument inacceptable », au regard de « l’asile accordé à Marina Petrella depuis 15 ans en toute connaissance de cause » et au regard « de son état de santé », « tous les médecins qui l’ont vue affirment qu’elle est dans un état psychique profondément dégradé et parlent d’épisode suicidaire majeur ». Marina Petrella aurait passé récemment près de deux mois en hôpital psychiatrique.
Aussi, l’avocate a-t-elle demandé au gouvernement français l’application de « la clause humanitaire » prévue dans la convention d’extradition franco-italienne de 1957, qui permet de ne pas extrader une personne si cela entraîne des conséquences d’une « gravité exceptionnelle » sur sa santé.
Elle faisait partie des douze anciens militants condamnés pour crimes de sang, dont Rome avait demandé l’extradition à la France en octobre 2006 et parmi lesquels figurait Cesare Battisti, arrêté le 18 mars à Rio de Janeiro.
Marina Petrella vivait paisiblement en banlieue parisienne, à Argenteuil, et travaillait comme assistante sociale. Mariée à un Français avec qui elle a eu une fille, aujourd’hui âgée de dix ans, elle est aussi la mère d’une autre fille, née en prison en Italie en 1983.
Le décret d’extradition intervient alors que Marina est au plus mal. La perspective de la prison à vie et la séparation d’avec sa jeune enfant de 10 ans la détruisent. Après huit semaines d’hospitalisation en raison d’une très grave dégradation physique et psychique, épuisée et ne s’alimentant plus depuis deux semaines, Marina Petrella a été réincarcérée à la prison de Fresnes… pour se voir signifier le décret de son extradition.
Pourtant, son état de santé justifie pleinement l’application de la clause humanitaire prévue par les textes régissant l’extradition », écrit son comité de soutien, qui demande " à toutes celles et tous ceux qui ont signé la pétition ou/et l’Appel des femmes, à toutes celles et tous ceux qui ont soutenu Marina, d’envoyer un mail signé et daté (ou un courrier sur carte découverte) au Premier ministre français François Fillon et au Président Nicolas Sarkozy leur demandant l’abrogation du décret d’extradition de Marina Petrella".
Ecrire à Marina :
Marina Petrella,
Maison d’arrêt de Fresnes pour femmes,
numéro d’écrou 932940,
Allée de Thuyas,
94261 Fresnes
MARINA PETRELLA : signez la pétition de soutien ici
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