Nombreuses sont les collaborations artistiques qui ont marqué l’histoire du cinéma et celle que le duo Spielberg/Hanks est en train d’écrire en est une superbe. Les deux hommes se comprennent en effet à merveille et ils le prouvent une nouvelle fois dans Le Pont des Espions, un thriller dramatique prenant place en pleine guerre froide.
Pourtant, le long-métrage n’est pas sans faille et souffre notamment d’une première partie extrêmement poussive, trop longue et trop bavarde. Le procès de l’espion russe n’est pourtant pas inintéressant, pas plus que le recrutement et l’entraînement des agents américains, mais l’ensemble manque clairement de rythme et d’intensité. Pour être franc, hormis la virevoltante scène d’ouverture, la première heure du film est plutôt laborieuse. Heureusement, une fois que Tom Hanks décolle pour Berlin, les choses changent radicalement. Enfin radicalement, pas tout à fait. Ça parle toujours autant mais les dialogues sont savoureux et la tension dramatique s’intensifie nettement. La mise en scène est parfaitement maîtrisée et nous offre quelques séquences somptueuses. Et que dire de la magnifique reconstitution de Berlin coupée en deux si ce n’est qu’elle nous plonge instantanément dans le contexte si particulier de l’époque.
D’un point de vue technique, le film est d’ailleurs assez remarquable. En particulier la sublime photographie de Janusz Kaminski, qui délivre des images d’une précision et d’une beauté sidérante. Dommage que la bande originale sans relief de Thomas Newman peine littéralement à amplifier les émotions car c’était vraiment un sans faute. Là où c’est un sans faute en revanche, c’est au niveau du casting. De l’acteur principal aux seconds rôles, tous livrent effectivement une prestation exemplaire. A commencer par Tom Hanks, toujours aussi impressionnant pour interpréter des hommes ordinaires plongés dans des situations extraordinaires. Charismatique, drôle et touchant, l’acteur offre, comme il en a l’habitude, une solide performance. A ses côtés, on appréciera tout particulièrement l’interprétation remarquée de Mark Rylance, qui contribue à n’en pas douter à l’efficacité des échanges verbaux qu’il entretient avec Tom Hanks. Le principal intérêt de la première moitié du film se résume d’ailleurs à eux deux.En conclusion, malgré une première partie laborieuse, Le Pont des Espions s’impose donc comme un thriller paranoïaque de bonne qualité, emmené par un Tom Hanks toujours excellent. Si ce n’est certainement pas le meilleur film de Spielberg, c’est tout de même un excellent moment de cinéma.