Interview à Metro News

Publié le 23 juin 2015 par Ncadene

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Porc ou menu 100% végétarien dans les cantines de Perpignan : « C’est regrettable »

INTERVIEW – Si vous ne voulez pas de porc, faites une croix sur toutes les viandes. Ce sera la règle à la rentrée prochaine dans les cantines de Perpignan, où le maire invite les parents qui ne souhaitent pas que leur enfant mange de porc à opter pour un menu végétarien. Et ce pour au moins huit semaines, la possibilité de changer de menu n’étant offerte qu’à chaque vacance scolaire. Metronews a recueilli la réaction de Nicolas Cadène, le rapporteur général de l’observatoire de la laïcité.

« L’essentiel est de toujours maintenir une offre de choix » dans les cantines, estime Nicolas Cadène.

A la rentrée prochaine, il n’y aura plus de menu de substitution quand on servira du porc dans les cantines des écoles de Perpignan. Et les familles qui refuseront cette viande, prohibée par l’islam et le judaïsme, devront s’inscrire à un menu végétarien. Ainsi en a décidé le maire de la ville, Jean-Marc Pujol (Les Républicains, ex-UMP), qui a assorti son alternative d’une contrainte non négligeable : « pour des raisons de logistique », le menu végétarien devra être consommé quotidiennement au moins huit semaines (soit la durée entre deux périodes de vacances scolaires) une fois qu’il aura été choisi. Alors que les polémiques autour des menus sans porc dans les cantines se sont multipliées ces derniers mois, Nicolas Cadène, rapporteur général de l’Observatoire de la laïcité, réagit auprès de metronews.

La mairie de Perpignan invoque le principe de laïcité pour justifier le fait que ses cantines ne serviront plus de viande de substitution au porc, un menu végétarien étant à la place proposé aux parents. Comment jugez-vous cette initiative ?
Le fait d’offrir un menu avec ou sans viande, c’est très bien : l’essentiel est de toujours maintenir une offre de choix. Mais là, ce choix se fait pour de très longues périodes puisqu’il n’y aura possibilité de revenir dessus qu’avant chaque vacances. Cela va donc contraindre des élèves qui ne mangent pas de porc pour différentes raisons, notamment parce qu’ils sont juifs ou musulmans, à ne pas manger de viande à la cantine pendant au moins deux mois. La diversité réelle des menus est ainsi de fait limitée, et c’est regrettable. D’autant que le système actuel semble très bien marcher puisque de toutes les communes de l’agglomération fonctionnant avec le même prestataire, il n’y a que Perpignan qui change.

On peut donc penser que c’est d’abord une décision politique…
Ce n’est pas à moi de le dire, mais il est clair que cela peut être analyser comme cela.

Fin mars, des intellectuels avaient publié une tribune dans Le Monde pour proposer un menu alternatif végétarien systématique dans les cantines…
Dès lors qu’il y a une offre de choix, cela me paraît très bien. Avec ou sans viande, cela permet effectivement de répondre à toutes les demandes, celles des végétariens comme des autres. Cela peut être compliqué pour les petites écoles, dans les endroits reculés, mais il est facile de laisser le choix dans les grandes villes, où les cantines sont très souvent des selfs. Que ce soit tous les jours, une fois par semaine ou, comme cela se fait généralement, en proposant des menus de substitution à chaque fois qu’il y a du porc.

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Comment expliquez-vous que les polémiques sur la suppression ou le maintien de menus sans porc dans les cantines se multiplient ces derniers mois, alors que ces repas de substitution n’ont posé aucun problème depuis 30 ans ?
Ces polémiques sont étranges car elles ne reposent sur aucune inquiétude réelle. Revenir à des menus uniques, ou restreindre à l’année les repas sans porc, ce n’est pas une demande qui émane des citoyens. Jamais nous n’avons reçu la moindre sollicitation en ce sens, alors que la très, très large majorité des cantines offrent des menus de substitution. Il faut donc arrêter d’instrumentaliser politiquement ces questions, et voir avant tout l’intérêt des élèves.