Ces quarante ans...
Je sentais bien qu'un cap allait devoir être franchi. Je le désirais ardemment cet apaisement et surtout cette réconciliation avec moi-même. Je ne pouvais plus avancer sans prendre en compte ce désir : trop peu d'estime de moi, une image tellement amochée de ce que je suis, face aux autres, face à l'amour, l'amitié, qu'il me semblait inconcevable de ne pas prendre de nouvel élan.
Les circonstances de la vie m'ont malmenée mais aussi poussée à prendre possession de cette image, de ce corps, de cette vie.
La lame de fond est passée, ne me restent que ces cheveux blondis, cheveux que je désire longs à présent, et plus de dix kilos laissés sur le chemin des retrouvailles avec mon corps. Progressivement je marche tête levée, j'affronte mes peurs et me sens tellement plus honnête avec moi-même, lâchant cette duplicité de celle que j'aurais voulu être par rapport à celle que je suis.
Je sens que, tout autour de moi bouge : mon mouvement ne peut qu'impacter celui de ceux qui me sont proches, je me repositionne plus sûre, plus légitime car certainement plus en phase avec mes profonds désirs à présent mesurés et affirmés.
(Le titre est emprunté à Paul Eluard)