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[Critique] DOCTEUR FRANKENSTEIN

Par Onrembobine @OnRembobinefr
[Critique] DOCTEUR FRANKENSTEIN

Titre original : Victor Frankenstein

Note:

★
★
½
☆
☆

Origine : États-Unis
Réalisateur : Paul McGuigan
Distribution : Daniel Radcliffe, James McAvoy, Jessica Brown Findlay, Daniel Mays, Andrew Scott, Charles Dance…
Genre : Fantastique/Épouvante/Adaptation
Date de sortie : 25 novembre 2015

Le Pitch :
Depuis toujours détenu dans un cirque, où il tient la fonction de clown et de souffre-douleur, un jeune homme bossu rêve de jours meilleurs et étudie pour cela en secret la médecine. Quand il a l’occasion de mettre en pratique son savoir, le Docteur Frankenstein le remarque et lui propose de devenir son associé dans le cadre de ses ambitieuses recherches sur l’immortalité…

La Critique :
Comme le Dracula de Bram Stoker, le Frankenstein de Mary Shelley en a vu de belles depuis sa parution. Le cinéma s’étant en effet très vite intéressé à cette passionnante histoire, parfois pour le meilleur et mais aussi très souvent pour le pire. Outre la Hammer, qui a contribué à instaurer l’image de la créature du savant fou dans l’inconscient collectif de la culture pop, on peut compter sur les doigts d’une main les films qui ont réussi à rendre hommage aux écrits de Shelley. Le dernier en date étant Kenneth Branagh et son Frankenstein avec Robert De Niro dans le rôle du « monstre ». Un long-métrage plein d’émotion, graphiquement superbe, fidèle au roman, mais aussi sur bien des points plutôt ambitieux. Tout l’inverse en somme de cette nouvelle adaptation signée Paul McGuigan…

Cependant, relativisons. La dernière fois que la créature de Frankenstein avait montré le bout de son nez balafré dans les salles obscures, c’était début 2014, dans l’atroce (dans le mauvais sens du terme) I, Frankenstein, de Stuart Beattie. Une relecture débutant à la fin de l’histoire comptée par Mary Shelley et se prolongeant à notre époque, avec un monstre devenu une sorte de super-héros. Bref… Docteur Frankenstein ne va pas si loin et tente malgré tout de rester baigné dans la même atmosphère que celle du livre, même si une touche steampunk vient conférer au rendu final une sorte de modernité plutôt bien intégrée par ailleurs. Visuellement, même si le tableau trahit une utilisation massive des images de synthèse, le film s’en sort plutôt bien.
C’est d’ailleurs son seul véritable point fort. Une impression positive renforcée par quelques jolis plans de Paul McGuigan.

Docteur-Frankenstein-James-McAvoy-Daniel-Radcliffe

Malheureusement, on s’aperçoit rapidement que Docteur Frankenstein tente de refaire Frankenstein à sa sauce. Tout d’abord en introduisant un nouveau personnage, soit le narrateur, alias Igor, le gentil bossu devenu non-bossu. Interprété par Daniel Radcliffe avec une belle sensibilité, Igor est paradoxalement le personnage le plus intéressant du lot. Le fait qu’une pièce rapportée vienne sauver le long-métrage du naufrage total en disant finalement long sur l’état des lieux.
Parce que du côté de Victor Frankenstein, c’est un peu le bazar. Le docteur est surexcité en permanence. Il sait se battre en faisant des mouvements hyper chiadés (l’évasion du début), boit comme un trou et travaille à la vitesse grand V, au point de concevoir sa super créature en un temps record, ce qui ramène à peu près à zéro l’intensité dramatique de la démarche. Fin du fin, James McAvoy, souvent si pertinent, est en roue libre totale et en fait des tonnes. Jamais mesuré, il beugle, rigole, hurle, se fâche tout rouge et donne l’impression d’avoir avalé 5 litres de café, tant sa faculté à s’agiter en vain dans tous les sens, ne trouve véritablement aucune justification. Là encore, beaucoup de vent est brassé pour pas grand-chose. Même Daniel Radcliffe qui calme le jeu dès qu’il le peu, semble ne pas en croire ses yeux.
Rajoutez à cela des personnages inutiles au possible (le flic, l’aristo plein au as, la fille), des effets de styles complètement à la ramasse (c’est quoi ce truc tout moisi qui consiste à montrer les os et les organes façon livre d’anatomie, histoire de bien appuyer le propos ?) et la coupe est pleine : Docteur Frankenstein a eu l’audace de remixer le récit de Mary Shelley, mais n’a assurément pas les épaules assez larges ou solides pour livrer quelque chose d’un tant soit peu convainquant.
À l’image du savant fou, le film s’attaque à une tâche bien trop lourde. Il avance bille en tête, met sur la table des idées pour la plupart à côté de la plaque, et finit par se prendre le mur en pleine poire.

Restent donc de petits détails sympathiques. Les décors, comme souligné plus haut et Daniel Radcliffe, la musique de Craig Armstrong, mais aussi deux ou trois séquences, et bien sûr les rares éléments ayant survécu à ce sabordage en règle. Le film de Paul McGuigan fait vraiment pâle figure face à l’adaptation de Kenneth Branagh mais aussi face à la série Penny Dreadful, qui compte dans ses rangs le docteur Frankenstein. Une série pourtant consacrée à toute une galerie de personnages issus ou non de la littérature fantastique gothique, mais dont le Victor Frankenstein et sa créature arrivent à incarner la quintessence des écrits de Shelley, contrairement au duo du film qui nous est livré aujourd’hui dans un bel emballage en forme de trompe-l’œil pervers. Donc oui, on a vu pire, mais non, ce n’est pas une raison pour accorder à ce Docteur Frankenstein trop de crédit. Il s’agit juste d’une petite et anecdotique série B, tenant parfois davantage du nanar, lorgnant à la fois du côté de l’horreur mais aussi du côté du film d’action, à grand renfort d’images de synthèse. Un film mineur, dénué de cette émotion inhérente au récit, qui se rêve classique instantané et dont les images ne sont pas amenées à rester dans les esprits.
À l’avenir, merci d’y réfléchir à deux fois avant de déranger Frankenstein… La même chose pour Dracula.

@ Gilles Rolland

Docteur-Frankenstein

Crédits photos : 20th Century Fox


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