Les effets et les causes (II) : Société clivée

Publié le 04 décembre 2015 par Vindex @BloggActualite
Bonjour à tous,
Poursuivons notre série sur les brèches multiples qui n'ont pas manqué de permettre la tenue des dramatiques attentats du 13 novembre dernier. Consacrons-nous à présent à l'étude des défauts sociaux touchant la France, qui constituent peut-être le faisceaux de causes le plus admis par notre exécutif, comme en témoignait l'expression "d'apartheid social" employée par Manuel Valls après les attentats de janvier. 
Société clivée

Mondialisation malheureuse


A la "Mondialisation heureuse" d'Alain Minc, on peut opposer la "Mondialisation malheureuse". Car si elle apporte des agréments et progrès, la mondialisation a aussi ses mauvais côtés. Et la société en supporte les effets toujours plus difficilement. La mondialisation dans sa totalité agit sur la société française aux exigences républicaines toujours plus diluées : laïcité, indivisibilité, unité. Des sociétés sont en train de remplacer la société. 
Par son versant économique, la mondialisation (entre autres) apporte actuellement un lot de maux : non seulement la concurrence est rude avec l'émergence confirmée de marchés gigantesques (les BRICS), mais en plus un contexte morose latent depuis 2008 accentue les difficultés économiques françaises : désindustrialisation, croissance faible, aggravation des problèmes budgétaires, crises de l'euro à répétition, chômage... La liste de nos difficultés économiques est longue. Et la difficile réforme de nos structures n'arrange rien, tout comme l'augmentation temporaire des impôts (ce qui semble évoluer pour une partie de la population). Quoiqu'il en soit, la mondialisation a changé de face et la France peine à s'adapter. Et ce n'est pas la frileuse "reprise" (relevant plus de la méthode coué) qui fera croire le contraire. 
Comme si cela ne suffisait pas, la question de l'immigration est relancée, probablement au plus mauvais moment. 2015 est un amalgame à elle toute seule : les migrants et le terrorisme sont probablement les sujets les plus récurrents de cette année. Alors même que nous sommes en face de nombreux enjeux économiques (concilier reprise économique, réforme et maintien d'un système social), l'afflux de migrants incite à la solidarité. Mais de plus en plus en Europe le choix s'opère : fermeture plutôt qu'accueil. L'Autriche est d'ailleurs le premier pays de l'Union Européenne à projeter de construire un mur à l'intérieur de l'Espace Schengen. La Grèce, qui a bien failli sortir de l'Euro, a été sortie de notre espace de libre circulation. La difficile intégration économique et sociale des migrants dans nos contrée est repoussée, contrastant ainsi avec les appels à la solidarité des derniers mois. Les attentats sont passés par là...   

Inégalités et tensions
La mondialisation bouleverse donc notre société. Elle accroît les inégalités (augmentation du coefficient de GINI depuis la crise de 2008) et en exacerbe les tensions. Le déclassement social des licenciés contraste avec la richesse maintenue voir augmentée des plus riches. La fracture touche durement les classes moyennes et la morosité ressentie créé le sentiment d'injustice ou de jalousie. En témoignent les escarmouches d'Air France. En témoigne l'accentuation des ségrégations socio-spatiales, l'homogénéisation des quartiers, la fuite des plus aisés, l'accumulation de poches de pauvreté. Rien de tel pour accentuer rancoeur et incompréhension. 
La société perd ses repères. La mondialisation accentue la catégorisation sociale mais l'hétérogénéité culturelle augmente. La France ouverte mais exigeante et assimilatrice est devenue intégratrice selon un dénominateur commun toujours plus exigu. Couplée aux difficultés économiques, l'immigration a dans de trop nombreux cas alimenté la haine de la France, l'isolement et le replis, la perte d'influence sur des quartiers laissés au rival. Les attentats ont la vertu de rappeler nos valeurs et notre appartenance. Mais qui est ce "nous" ? La communauté nationale dissolue peut-elle recoudre ses déchirures ? Recréer un fort sentiment d'appartenance est un défi pour souder les communautés dans une véritable culture commune.
De ces faiblesses accrues et de cette mondialisation, l'ennemi profite. Emblème d'un terrorisme international et mondialisé, l'Etat Islamique sème la poudre sur nos étincelles sociales, souhaitant profiter des divisions. Sa stratégie (claire depuis une décennie) de toucher l'Europe nous apparaît au grand jour. Gageons que notre République saura relever ce défi avec vigueur pour battre le terrorisme.
Vin DEX