Fileteado de León Untroib (photo Clarín)
"Une technique picturale traditionnelle", c'est sous cette définition que l'UNESCO a inscrit mardi le fileteado au patrimoine immatériel culturel représentatif de l'Humanité, avec une quinzaine d'autres pratiques du monde entier.
La une de Clarín hier
(l'info est traitée en manchette, en haut à droite)
La candidature était portée par la Ville Autonome de Buenos Aires, à travers la représentation fédérale argentine. Elle débouche comme un chantier de l'administration Macri au moment où le Chef du Gouvernement prépare son accession à un pouvoir exécutif fédéral depuis si longtemps convoité. Est-ce la raison pour laquelle Página/12 n'en fait même pas mention ? C'est possible. En tout cas, en quelques années, c'est plusieurs éléments argentins qui obtiennent leur inscription à ce patrimoine : le tango en 2009, le Qhapaq Ñan (le chemin royal de l'Inca présenté en coopération avec cinq autres pays du continent) l'année dernière en juin puis cet art décoratif éminemment populaire qu'est le fileteado, inventé à Buenos Aires par deux immigrants italiens pour donner un peu d'allure à une charrette de laitier. Par la suite, le fileteado a servi à tout : enseignes, peintures murales, panneaux publicitaires, plaques souvenirs dans les rues, mobilier, vaisselles...
Une de La Nación hier
L'information a droit à la photo principale
sur un fatras de panneaux d'un des faiseurs les plus mercantiles
Le fileteado est en bonne place dans les expositions du Museo de la Ciudad, dont il pare toutes les parois du café en annexe du musée, où l'on peut boire un verre ou manger un morceau pour un prix des plus raisonnables.
Gardel par Carlos Carboni (collection personnelle de Luis Alposta)
Aujourd'hui, le fileteado a ses grands maîtres, comme León Untroib et Carlos Carboni, ses grandes références d'aujourd'hui comme Luis Zorz ou Jorge Muscia (1), et ses mauvais faiseurs, ceux qui occupent hélas le devant de la scène touristique. Le fileteado est représenté à la Academia Nacional del Tango comme genre frère du tango. Ils sont en effet apparus dans les mêmes années et les mêmes quartiers de la capitale fédérale. Peu à peu, le fileteado se développe aussi dans l'Intérieur. A ma grande surprise, j'ai vu des peintures en filete à Mendoza, pour rendre hommage à José de San Martín !
Pour aller plus loin : lire l'article de La Nación lire l'article de Clarín, qui publie en tout quatre notes sur le sujet (plusieurs journaux de moindre tirage en ont aussi parlé, tant au niveau national que provincial) lire le communiqué du ministère de la Culture portègne lire le communiqué en français de l'UNESCO dans la section culture lire le communiqué en français de l'UNESCO dans la section Service de presse consulter le site Internet que Buenos Aires a consacré à cette candidature consulter les pages que l'UNESCO consacre à la présente réunion de la dixième réunion du Comité de sélection (les pages sont en anglais, les documents sont pour les uns uniquement en anglais pour les autres en anglais et en français, la langue officielle de l'UNESCO étant le français – dans la réalité, notre langue a perdu presque toute espèce de préséance dans ces murs).
Il y a quelques temps, le poète Luis Alposta avait consacré l'une de ses notes de Mosaicos Porteños à cet art. Je vous invite à aller déguster ce petit morceau d'écriture argentine en espagnol bien sûr.
(1) Jorge Muscia, Académicien de l'ANT, est l'auteur de la couverture de Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins que j'ai publié aux Editions du Jasmin en mai 2010.