Versailles // Saison 1. Episodes 5 et 6. Episode Cinq / Episode Six.
Je suis à deux doigts de penser qu’au fond, Versailles n’est pas la réflexion imaginée au départ. C’est une série délicate, très belle, soignée visuellement, mais derrière tous les soubresauts de certaines intrigues se cache très peu de choses. On a l’impression que Versailles oublie par moment le fond pour se concentrer sur certains aspects un peu moins bon de son histoire. C’est une série qui est pourtant faste, assez grande dans sa façon de manier l’univers et les personnages mais je trouve que cela cache pas mal de vide aussi. Un peu comme si au fond Versailles n’était qu’une feuilleton sentimental à perruques. Ce n’est pas ce que j’ai envie de voir mais le sexe et les romances prennent une place étrange dans une série qui veut raconter énormément de choses sans se donner toujours le temps de le faire. Je pense par exemple aux scènes avec notre infirmière incarnée par Lizzie Brocheré. J’ai l’impression que l’actrice et le personnage ne savent pas du tout car qu’ils vont là et ce n’est pas une pseudo-scène sanglante qui va changer grand chose d’autant plus que la série reste ultra sage de ce point de vue là et va nous montrer uniquement du sang qui coule sur le sol. Est-ce suffisant ? Je n’en suis pas sûr, d’autant plus que Versailles avait le potentiel là aussi de montrer son fort caractère.
La seule scène qui vaut presque le détour dans l’épisode 1.05 c’est celle de l’oeil à la fin de l’épisode et encore, ce n’est pas forcément brillant non plus. Il manque un petit quelque chose là aussi, car cela ne dure pas longtemps et l’on ne peut même pas imaginer la folie de chacun. Même quand Versailles tente un face à face entre Philippe et Louis XIV les choses n’ont pas le caractère que l’on aurait probablement pu souhaiter. De ce fait, ce qu’il y a de plus intéressant avec Versailles ce sont ces moments un peu différents où l’on se concentre sur de la géopolitique ou sur l’héroïsme de certains. En l’occurence ici je parle bien évidemment de Philippe d’Orléans. Ce dernier revient du front en héros, pour le plus grand déplaisir de son frère Louis XIV. Ce dernier est en train de faire construire un fastidieux palais aux frais du contribuable français alors qu’il y en a un qui pense à la grandeur de la France et donc à d’autres choses. Philippe est peut-être bien mon personnage préféré de Versailles, car la série a énormément de choses à raconter avec lui et maîtrise le tout à sa façon. Je ne m’y attendais pas, surtout quand au début j’imaginais Philippe comme un personnage secondaire qui n’a pas forcément de grande influence.
Alors que c’est tout le contraire qui se passe justement. Les français admirent donc le duc auréolé de gloire qu’est Philippe. Sauf que ce dernier a aussi un côté un peu plus perfide. Son regard, proche de celui d’un John Cusack vraiment vilain me plaît et la presque scène de viol au milieu de l’épisode 1.05 était cocasse. Là aussi Versailles démontre qu’elle n’est pas prête à oser grand chose. L’intelligence aurait été de justement oser le viol et de montrer que la série veut raconter à quel point l’époque n’était pas toujours enviable (notamment pour les femmes dont la condition est très différente des hommes). Ainsi, malgré son faste ostensible, ses scènes de batailles stylisées et son érotisme systématique, Versailles n’offre rien de neuf par rapport à ce que l’on a déjà l’impression d’avoir vu dans une autre série de la chaîne. D’ailleurs, Borgia par exemple était capable d’oser beaucoup plus de choses que ce que je cherche à faire Versailles pour le moment. Une fois la guerre finie, les soldats sont réquisitionnés dans l’épisode 1.06 afin de terminer la construction du palais de Versailles. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus simple à développer d’autant plus que les soldats ne sont pas tous d’accords avec ce qui se passe mais la série ne parvient pas toujours à nous démontrer que ce n’est pas simple pour tout le monde d’accepter.
Finalement, Versailles aurait pu être une brillante série mais elle est surtout fastidieuse par ce qu’elle montre visuellement et pas forcément par ce qu’elle raconte. Pour autant, il reste quelques scènes intéressantes qui permettent aussi de comprendre un peu mieux les enjeux de cette époque mais cela reste très léger par rapport à ce dont la série pourrait bien être capable de faire.
Note : 5/10 et 5.5/10. En bref, une belle série qui a du mal à être plus pertinente.