Enfin pas tous, les partisans de Daesh, l'ISIS, l'État Islamique, appelez les comme vous voulez, ces ordures qui passent complètement à côté de la vie et qui gâchent celle des autres, ne souhaitent que détruire pour mieux régner.
Mais coupable d'être aimé reste un beau crime.
Les plus coupables à ce niveau sont sans aucun doute les artistes.
La radio ne me parle plus depuis les années 90.
Depuis que les chefs de file étaient Nirvana, Pearl Jam, Red Hot Chili Peppers, Beck, etc.
Moi je savourais alors Portishead (toujours dans le ton chez les incréatifs semble-t-il) et je virais jazz.
Dans les années 90, j'ai vieilli.
La radio ne me parle plus encore aujourd'hui sauf quand j'écoute Radio-Canada. Qui m'apprend TOUJOURS quelque chose sur la vie. Pas nécessairement sur l'actualité. Sur la vie. Et pas parce que je seconderais tout ce que j'y entends, bien au contraire, mais souvent parce que cette radio me force à penser.
Heureusement il y passe peu de musique. Je dis heureusement parce que la radio, dite commerciale, si je ne l'écoute plus, me pourchasse.
Me harcèle devrais-je dire.
Et je n'écoute cette radio qu'au travail la nuit.
Dans un geste d'une rare solidarité, les gens de l'entrepôt. qui avaient vécus quelques mois SANS radio en raison d'un bris, et qui venaient de la retrouver dans la joie, puis qui l'avions perdue et retrouvée, ont tous voté pour une nuit sans radio. Pour NE PAS entendre la surjouée chanson d'Adèle. Ne serais-ce qu'une nuit.
Échec.
Pour s'écoeurer depuis, quand on hèle quelqu'un qui ne répond pas tout de suite, on crie "I must have called a thousand tiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiimes". Vous pouvez être certain qu'il répond toute de suite.
Quand on se rend à la salle de bain et qu'on y aperçoit deux jambes dans une cabine qui suggèrent qu'un homme y trône, on se place dans l'embrasure et chante suavement:
"hello...it's me...."
Parait que ça aide à déconstiper.
Impossible d'en vouloir à Adèle, elle a trouvé son carré d'asphalte dans le grand monde musical. Et si elle déconstipe, en soi, elle est saine.
Mais un trottoir trop maintes fois foulé devient usé.
Et sa chanson est nettement trop usée.
Mais il y a aussi les trottoirs trop peu fréquentés.
Les trottoirs de marbre.
Je lisais Alain Brunet, le chroniqueur musical principal de La Presse, occasionnel collaborateur à Radio-Canada radio. l'autre tantôt et me disait qu'il ne doit plus parler à beaucoup de gens. À force d'écoute passionnée aux travers des années, ses goûts sont devenus si sophistiqués que la musique appréciée et suggérée par Brunet est souvent très pointue ou extrêmement avant-gardiste. Si tant qu'elle en devient presqu'inaccessible.
Vous avez déjà réussi à graver vos initiales dans du marbre.
En revanche il guide autant qu'il fait découvrir et défriche pour des gars comme moi.
Des gars rares, genre. Il en faut de toute les sortes.
Brunet débloque de larges carrés d'asphalte, libre à nous des les emprunter et on ne pourra jamais lui reprocher de tomber dans la facilité.
Tandis que les radios, dites commerciales. sont définitivement les deux pieds dans le ciment.
Sans initiales.
Juste une odeur fétide d'homogénéité plate.
Grise.
Terne.
La radio est en berne.
Vous ne l'aimeriez pas.
Elle ne crie pas assez.
Hang on to your love.
Et comme Adèle, elle est extrêmement belle sans avoir à se déshabiller.