L’homme a toujours modifié son environnement pour se sentir plus à l’aise, plus en sécurité ou encore mieux fourbu face aux éléments naturels qui lui rendent la vie si compliquée. Après une mode où il fallait s’occuper de son corps, c’est désormais à l’âme de passer à la moulinette des bien pensants afin de renaître de ses cendres.
Mais il y a encore mieux : l’entreprise Humai veut téléverser votre psyché dans une machine. Transhumanistes de tous acabits, préparez vos modems!
L’homme aime tout casser pour tout reconstruire comme il veut
La seule solution est de nous «transporter» sur une plateforme de survie plus pérenne, la dernière trouvaille qui modifiera notre rapport à l’autre d’une façon aussi drastique qu’a pu le faire l’écriture.
Dès ses premiers pas à la verticale dans la nature, l’homme s’est empressé de la modifier et de l’utiliser pour son bénéfice le plus immédiat. Après la chasse et la cueillette (oui, je remonte aussi loin que ça), les humains ont appris à élever, planter, récolter et même modifier par hybridation toutes les choses que la nature lui a mises sous le nez.
Puis ce fut le tour de son logement, de son organisation sociale et de ses méthodes de communication jusqu’à ce qu’il arrive à la dernière chose qu’il n’avait pas encore touchée (et je ne parle pas de bijoux ou d’ossements logés dans un trou par-ci on un trou par-là), je veux parler de son corps.
Maintenant que les graines et les animaux ont eu droit à leur modification génétique afin qu’ils correspondent exactement à ce que l’homme veut en faire, c’est à notre tour de nous modifier pour combattre notre ennemi no 1, j’ai nommé la mort.
Malheureusement, notre corps, malgré des progrès scientifiques notables, a encore tendance à tomber plutôt rapidement en décrépitude et notre esprit suit généralement cette courbe à la pente inaltérable. La seule solution qu’il nous reste donc est de nous «transporter» sur une plateforme de survie plus pérenne, en l’occurrence le silicone, la dernière trouvaille qui modifiera notre rapport à l’autre d’une façon aussi drastique qu’a pu le faire l’écriture.
L’informatique, la sauvegarde de l’humanité?
Lors d’une entrevue pour la version australienne du magazine Popular Science, le PDG de l’entreprise Humai, Josh Bocanegra, ne s’est pas démonté et a réellement promis monts et merveilles. Selon ses propres mots, il a affirmé que son entreprise colligera tout d’abord une grande quantité de données concernant leurs membres via des applications dès qu’ils intègrent le programme bien avant leur décès.
À la mort de la personne, le cerveau sera cryogénisé jusqu’à ce que la technologie soit suffisamment développée pour l’intégrer à un nouveau corps, qui lui, sera cybernétique. Les fonctions de ce nouveau corps seront contrôlées d’après les mesures enregistrées avant la mort du sujet via les ondes émises par le cerveau.
Grâce au progrès en intelligence artificielle, à la nanotechnologie et à une pléthore de capteurs et de senseurs, les informations stockées aussi variées que le style de conversation, la façon dont sont traitées les pensées et même les fonctions vitales seront retransmises au nouveau corps cybernétique afin de lui attribuer les mêmes caractéristiques que son antécédent biologique. Lorsque le cerveau, la seule et unique partie encore biologique du système, continuera de vieillir, la nanotechnologie et les technologies de clonage seront utilisées pour réparer, voir améliorer les cellules défectueuses.
Rêve ou réalité?
Que ce soit dans la littérature, au cinéma ou dans les jeux vidéo, l’homme a toujours rêvé de pouvoir s’extraire de ce corps si contraignant et qui malheureusement vieillit un peu trop vite à son goût. Humai espère pouvoir réussir à faire «renaître» son premier humain 2.0 d’ici 30 ans.
Avec une entreprise ne comptant que 4 employés pour l’instant et dirigée par un PDG qui n’a aucun bagage scientifique derrière lui, le chemin risque d’être long et laborieux, mais que voulez-vous, la quête de la vie éternelle doit sûrement être capable de faire bouger des montagnes… d’argent pour subventionner ce qui ressemble plus à un méchant délire qu’à une réelle option pour votre avenir.