La guerre est une catastrophe aux conséquences humaines dramatiques, on ne va pas le nier. Pourtant, désolé de vous dire cela, mais elle a aussi du bon. Économiquement, il n’y a vraiment rien de mieux qu’une bonne vieille guerre. De la production industrielle de masse à la baisse du chômage en passant par la R&D, voilà comment relancer la croissance d’un pays !
Rien ne va plus
Les jours sont sombres. Entre la menace terroriste, la situation au Moyen-Orient et le marasme économique français, il n’y a pas de quoi se réjouir. Crise sociale, précarité, désindustrialisation, 6 millions de chômeurs, déficit considérable, croissance à peine à 1%, dette publique de 2.085 milliards d’euros: rien ne va plus ici-bas. Cependant, François Hollande a su trouver les mots : « La France est en guerre. » Voilà de quoi rassurer les investisseurs !
En employant une grande partie de la population, certes dans l’armée mais surtout dans les métiers de service et d’industrie qui y sont liés, on comblerait le chômage et on payerait ces gens. Cela relancerait non seulement l’industrialisation mais aussi la consommation. Et surtout, l’armée sera à même de protéger les intérêts français, sur le front comme chez nous. Bref, ce serait une aubaine pour l’économie française. C’est d’ailleurs bien parti. Avec 1 500 candidats par jour, soit trois fois plus qu’avant les attentats de Paris, l’armée espère recruter 15 000 candidats en 2015, et 16 000 de plus en 2016.
Loin de se réduire à la théorie, tout cela a été prouvé par l’Histoire. Le Victory Program, lancé en 1942, a sorti les États-Unis de la crise de 1929 avec encore plus de succès que le New Deal ! Millions d’emplois créés, production industrielle décuplée, productivité exceptionnelle, standardisation massive, voilà ce qu’on appelle un effort de guerre ! En 3 ans, c’est 275 000 avions, 6 340 000 véhicules, 90 000 chars et 65 millions de tonnes de navires qui ont été produits. Le record de fabrication d’une Jeep ? 1 minute et 20 secondes. Celui d’un Liberty Ship ? 4 jours.
Et n’est-ce pas Bush qui a relancé la bulle spéculative grâce aux guerres d’Irak et d’Afghanistan ?
Le meilleur des mondes
La guerre a toujours été liée à ses avantages économiques. Avant, on pillait les territoires conquis. Désormais, on crée notre propre richesse grâce à l’industrie de l’armement. Parlons peu mais parlons chiffres. Le budget militaire français est de 41 milliards d’euros. Celui des États-Unis, de 700 milliards. Or, chaque dépense militaire contribue aussi à l’industrie civile et à l’économie nationale en général. Car vous vous doutez bien que cet argent va quelque part.
En 2012, les entreprises d’armement ont récolté plus de 400 milliards de dollars ! 400 milliards, c’est le chiffre d’affaire d’Exxon Mobil, ou encore le PIB des Émirats Arabes Unis… Mais il n’y a pas que les fabriquants d’armes qui en profitent. Les sociétés militaires privées fleurissent en faisant de la sous-traitance, les géants du bâtiment sont là pour reconstruire les ruines et les firmes pétrolières ne sont pas contre quelques privatisations. Et en se développant, le complexe militaro-industriel contribue à la réindustrialisation, notamment dans l’aéronautique. Tout cela crée des recettes, du travail et de la croissance. En France, l’industrie de la défense ce n’est rien de moins que 400.000 emplois.
En fait, la guerre pourrait même être la solution miracle de la crise mondiale. Voilà ce qu’a déclaré Paul Krugman sur un plateau télé en 2011 : « Si nous découvrions que des extra-terrestres avaient prévu de nous attaquer et que nous ayons besoin de produire massivement des armes pour nous défendre, nous pourrions cesser de nous inquiéter pour l’inflation et les déficits, de sorte que cette crise prendrait fin en 18 mois. Et si nous découvrions que nous avions tort, qu’il n’y avait pas d’extra-terrestres là-haut, ce serait encore mieux … »
Les bienfaits de la guerre
Mais quitte à faire la guerre, autant la gagner. Et cela passe souvent par l’avancement technologique. De fait, l’impératif de victoire est à l’origine d’innombrables progrès techniques. Durant la seconde Guerre Mondiale, le radar et le sonar furent des découvertes-clés, puis donnèrent naissance au… micro-ondes. Les handie-talkies développés devinrent les portables d’aujourd’hui, tandis que l’on doit aussi à cette guerre l’invention du premier ordinateur. Turbines à gaz, fusées V2, transfusion sanguine, nylon et silicone sont autant d’avancées qui nous viennent encore une fois de la guerre. Même les sciences en tant que telles comme la physique (balistique) et la chimie (nucléaire) ont bénéficié de ces périodes.
Si la guerre contribue à la recherche, elle est aussi une formidable vitrine. Depuis les combats de 2011 en Libye, l’industrie de l’armement française ne s’est jamais aussi bien portée. 17 milliards de chiffre d’affaires en 2015, 170.000 emplois, tout va pour le mieux. Le Rafale y est pour beaucoup. Après en avoir vendu 24 à l’Égypte et 24 au Qatar, Dassault est bien parti pour en vendre 36 à l’Inde et… 60 aux Emirats Arabes Unis. Pour la modique somme de 12 milliards d’euros. Autant vous dire que l’exposition médiatique en Irak et en Syrie n’y est pas pour rien. Faire la guerre, la meilleure des pubs ? Quoi qu’il en soit, la France est désormais le deuxième exportateur mondial d’armement.
Gare au retour de flamme…
Bon, toute guerre peut aussi se transformer en désastre économique… Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie, l’a bien montré. D’après lui, la guerre américaine en Irak aurait coûté 3.000 milliards de dollars. Rien que ça. Entre le coût opérationnel de 600 milliards, huit fois plus élevés que celui des précédents conflits, l’investissement en R&D, les missiles Tomahawk à un demi-million l’unité, l’impact sur le cours du pétrole, la chute du dollar, le coût des pensions, on comprend vite comment les États-Unis ont autant perdu. Mais le plus dramatique selon l’économiste, c’est que cet argent aurait pu financer 8 millions de logements, 15 millions de professeurs, 43 millions de bourse d’études ou encore soigner 530 millions d’enfants. Après, à chacun ses priorités.
Là où il faut faire attention, c’est qu’une guerre peut rapidement provoquer un séisme économique à l’échelle mondiale. En s’engageant en Irak, les États-Unis ont fait passer le baril de 25 à 100 dollars. Les risques géopolitiques, comme les attentats de Paris, ont aussi une influence considérable sur l’économie. Le Forum de Davos a d’ailleurs considéré pour la première fois cette année qu’un conflit international était la principale menace pour l’économie mondiale. Devant le climat, le chômage ou l’effondrement d’États. Donc réfléchissez avant de tirer.
Aux vues de ces risques et inconvénients, il convient donc de se rappeler que la guerre est une catastrophe. Du moins, une catastrophe humaine. Car économiquement, il semblerait que ça vaille le coup. Faire la guerre serait donc une opération risquée, mais avec un rendement potentiellement très bon. Comme en finance, la prise de risque et la performance sont les clefs du succès. Alors n’attendez plus, aux armes citoyens !