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La BCE doit élargir son QE à d’autres classes d’actifs

Publié le 02 décembre 2015 par Vincentpaes
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Autres articles En achetant des titres souverains, la BCE ne finance pas l’activité des entreprises et maintient les taux d’emprunts des Etats à des niveaux artificiellement bas. Cette action ne permet de relancer ni la production de crédit, ni l’inflation. En demandant aux banques davantage de fonds propres pour prévenir la prochaine crise systémique (Bâle III), les régulateurs, animés des meilleures intentions du monde, pénalisent la distribution de crédit aux entreprises qui en ont vraiment besoin. Par conséquent, il serait plus judicieux que la BCE achète directement des créances privées (ABS etc.). Les biens d’équipement en fonctionnement dans la zone euro accusent aujourd’hui 8,5 années d’ancienneté, un indicateur qui prouve la nécessité pour les entreprises de donner un coup d’accélérateur sur l’investissement. Savez-vous que l’investissement ne représente que 0,4% du PIB de la zone euro ? Un montant beaucoup trop faible et qui devrait être porté à 1%. Un sursaut européen est indispensable.

La réduction de la dette, si nécessaire qu’elle soit, ne doit pas se faire au détriment de l’investissement. Aujourd’hui, la dette globale des Etats de la zone euro se refinance à 1,90% en taux embarqué, contre 3.60% en 2000. A ce titre, l’attitude inflexible des Allemands n’a pas servi les intérêts économiques de l’Europe. S’accrocher à l’objectif d’un déficit en deçà des 3% peut s’apparenter à un dogme non justifié au regard des réalités économiques. La politique monétaire ultra-accommodante des banques centrales n’a pas fait repartir l’inflation alors que les matières premières ont atteint des niveaux de prix historiquement bas. Ceux-ci vont se reprendre et l’inflation pourrait atteindre 3% d’ici trois ans. Ce n’est pas l’action de la BCE qui permettra de faire repartir l’inflation mais la hausse des prix des matières premières en vue.

Dans le même temps, la Fed n’a pas intérêt à remonter les taux même si Janet Yellen est cette fois quasi-obligée de passer à l’acte pour crédibiliser son discours.  Pourtant, une hausse continue des taux va encore accentuer celle du dollar alors que l’économie américaine présente déjà un déficit commercial de 600 milliards de dollars. Un dollar trop haut pourrait s’avérer fatal aux exportations américaines et casser leur dynamique de croissance alors qu’une remontée de l’euro vers 1,20 dollar ne changerait pas fondamentalement la donne pour les entreprises européennes.

La hausse du billet vert constitue un vrai préjudice pour les pays émergents dont une part importante de leurs dettes est libellée en dollars. Un relèvement des taux directeurs américains pourrait très vite précipiter une nouvelle chute des devises émergentes. Si une hausse de 0,25% est déjà anticipée par le marché, il va falloir que Janet Yellen se montre extrêmement prudente dans ses propos. Elle devra préciser clairement, lors de la réunion du 17 décembre, qu’elle ne les relèvera à l’avenir que si la robustesse de l’économie américaine le justifie vraiment. L’exercice d’équilibriste s’annonce délicat pour ne pas effrayer les marchés.

A propos de l'auteur : Daniel Gerino est président et directeur de la gestion de Carlton Sélection et stratégiste d'Intersélection. Ol est également membre diplômé de l’Institut des Actuaires Français.

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