Dans un précédent billet, je notais les actions régulières de l’actuelle administration contre les citoyens et contribuables français, à leur détriment et pour un bien-être collectif impossible à trouver, et je faisais la comparaison entre cette administration et une force d’occupation intérieure. Cette comparaison pouvait paraître hardie. Chaque jour qui passe montre pourtant qu’elle n’est guère exagérée.
J’en veux pour preuve la revalorisation du point d’indice de la fonction publique.
On apprend en effet, dans un récent article du Figaro, que Marylise Lebranchu, l’actuelle et très discrète ministre de la Fonction publique, a laissé entendre qu’il serait question lors des prochaines négociations avec les syndicats prévues en février 2016 de « revaloriser le point d’indice des agents de la fonction publique », gelé depuis plus de cinq ans. Dans le langage du commun des mortels, il ne s’agit ni plus ni moins que de mettre sur la table l’augmentation des salaires des fonctionnaires, et donc, par voie de conséquence, d’alourdir encore un peu la masse salariale de l’État, probablement parce que c’est le moment où jamais.
Et c’est d’autant plus le moment que des élections approchent. Impossible en effet de ne pas remarquer que la saillie optimiste de Lebranchu intervient alors que la France rentre dans une période électorale, jusqu’ici particulièrement bousculée par la survenue d’attentats qui auront commodément rassemblé les Français autour du chef de l’État jusqu’alors minuscule dans les sondages d’opinion. Dans ce cadre, l’opportunité de prévenir qu’une revalorisation est à l’ordre du jour ressemble encore un peu trop à une de ces petites manœuvres politico-politicienne même pas à moitié putassière dont le pouvoir actuel est un habitué.
Il n’en reste pas moins que cette revalorisation laisse perplexe.
Car si, pour être honnête, le salaire moyen dans la fonction publique territoriale n’est pas franchement folichon, il reste néanmoins décent ; il est même tout ce qu’il y a de plus correct ailleurs (fonction publique hospitalière et celle d’État) et en tout cas notablement supérieur à celui qu’on observe dans le privé, vous savez, ces salariés qui justement payent par leur travail la masse salariale de ces différentes fonctions publiques.
Elle laisse aussi perplexe dans ses effets évidents sur un budget particulièrement stressé actuellement, une augmentation de 1% de ce point d’indice grevant le budget du seul État de 1,5 milliard d’euros par an, à un moment où des dires même de son président, il va guerroyant contre une hydre vicieuse, multiforme et passablement éloignée du territoire… et donc fort coûteuse.
Au passage, on ne pourra s’empêcher de noter l’obséquiosité des médias qui relatent les tergiversations gouvernementales autour de ce point d’indice, lorsque, sirupeux, ils soulignent que « l’actuelle majorité s’était montrée assez rigoureuse dans la gestion de la fonction publique », ayant fermement gelé ce point d’indice depuis des années.
Oh oui, c’est gentiment exact, l’État a su se tenir calme à ce niveau, sentant probablement de près le vent des boulets lancés par les institutions financières et la Commission Européenne, affolées de voir les déficits se creuser et les réformes continuer à ne ressembler à rien.
Mais il aurait été judicieux, pour contrebalancer un tantinet cette observation, de rappeler qu’en revanche, l’État n’a jamais réussi à se montrer particulièrement économe lorsqu’il s’agit d’embauches qui ont continué, vaille que vaille. En 2013, ces embauches avaient même progressé à un rythme cinq fois supérieur à 2012, et si ce rythme s’est heureusement ralenti depuis, il n’est toujours pas négatif. Autrement dit : l’État continue encore et encore de grossir.
Dans cette optique, Lebranchu propose donc simplement de passer le turbo : non seulement, embauches aidant, l’État grossira en nombre d’agents, mais il grossira aussi en masse salariale par revalorisation de ce point d’indice.
C’est génial, d’autant qu’à bien y réfléchir, rien, absolument rien ne justifie vraiment cet état de fait.
Outre un poids affolant de la richesse nationale dévolue à ces administrations maintenant pléthoriques, obèses et exorbitantes, les performances comparées avec les autres pays de l’OCDE et de l’Union Européenne ne sont vraiment pas à l’avantage français : pour la Cour des comptes comme pour les observateurs extérieurs, qu’ils soient officiels, publics ou privés, les services rendus ne sont plus depuis longtemps à la hauteur du prix payé par le contribuable.
Mieux : on doit se rappeler d’un autre temps, vraiment très éloigné, dans les années 80 ou 90, où cette fonction publique occupait nettement moins d’agents et où, pourtant, la population française n’a pas spécialement souffert d’un manque cruel. On doit aussi noter que si cette population a augmenté, c’est avec un rythme inférieur à celui de sa fonction publique qui semble devenue indispensable pour faire tenir le pays.
D’années en années, on a donc favorisé le fonctionnariat à tel point qu’il occupe une place énorme dans le paysage français, et qu’il est devenu indéboulonnable, le problème venant du fait que la France a plutôt besoin de patrons, d’entrepreneurs et d’entreprises, les ronds-de-cuir ne manquant vraiment pas.
Dès lors, comment s’étonner du nombre croissant de chômeurs alors que chaque fonctionnaire supplémentaire, chaque hausse de son salaire entraînent mécaniquement une ponction supérieure sur ceux qui ne sont pas dans la fonction publique ? Comment s’étonner d’un chômage croissant alors qu’on fait absolument tout pour faire croître les postes de dépenses et à peu près rien pour faire croître les créations de richesses pour y abonder ?
Non seulement, les déclarations de Lebranchu sont économiquement stupides, mais elles sont politiquement révoltantes alors que le pays s’enfonce dans la dette, le déficit budgétaire et un marasme économique dramatique. Elles sont de surcroît méprisantes pour les efforts, bien réels et bien palpables, que font actuellement les salariés du privé, les artisans, les commerçants, les professions libérales et tous ceux qui n’ont pas eu d’augmentation de salaire ces dernières années, à cause d’une situation économique défavorable. Pour ceux-là, pas de point d’indice, pas de décret ni de négociation possible puisque seul le marché décide, et actuellement, ce n’est pas spécialement folichon.
Cet appel du pied à une caste bien précise montre un manque assez consternant de considération pour l’autre caste, celle qui paye pour ces fastes, voire un certain mépris, comme on pouvait le lire sous la plume du candidat Hollande en 2012 :
Ce ne sont pas les patrons qui vont nous donner des leçons sur la compétitivité! #FH2012
— François Hollande (@fhollande) March 27, 2012
Et effectivement : après trois ans et demi de quinquennat, l’arrogance et la suffisance de Hollande l’ont soigneusement tenu à l’écart de toute leçon, avec le résultat qu’on peut constater.
En réalité, quand Lebranchu envisage de remonter le point d’indice, c’est bien l’appareil d’État qui parle à l’appareil d’État. C’est le colonisateur qui parle aux colons, et qui explique doctement que les colonisés peuvent bien faire un effort, après tout, puisque cela fait plusieurs années que les colons n’ont pas eu de petit coup de pouce (quand bien même leur nombre grandit, car ça, on s’en fiche).
Quant aux colonisés, on ne leur demande pas leur avis. Ou plutôt si, de temps en temps, mais comme ils sont maintenant moins nombreux que les colons, leurs affidés et ceux qui n’ont pas voix au chapitre, cela revient au même.
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