Les managers de destination qui gèrent la taxe de séjour connaissent bien le problème : comment aller débusquer tous les propriétaires AirBnB avec nom et adresse, alors que la plateforme ne communique pas ces informations? Car il n'y a que Paris qui à ce jour a un accord où c'est le site qui collecte pour la commune.
Ailleurs, certains directeurs ont bien simulé une réservation auprès des 250 loueurs AirBnB du territoire afin de pouvoir rentrer en contact avec eux et ainsi les informer de l'obligation de collecter la taxe de séjour. Effet garanti, avec de bonnes surprises de certains hébergeurs au comportement très citoyen, mais aussi quelques énervements, comme on le voit ci-dessous :
Alors, Airbnb, ça rapporte quoi?
Cela risque de changer depuis qu'un citoyen australien de 43 ans, habitant à Brooklyn, s'est mis en tête de diffuser toutes les données qu'il peut extraire du site AirBnB. Murray Cox a donc créé InsideAirbnb.com. Au début il s'agissait pour l'activiste de savoir ce qui se passait dans son quartier, puis il a rapidement étendu sa recherche d'informations. Aujourd'hui les plus grandes villes du monde sont passées au peigne fin pour ce qui est de l'implantation des AirBnB. En France, on ne trouve malheureusement que Paris pour le moment.
Ce que veut prouver Murray Cox avec son site Internet, c'est qu'AirBnB n'est plus vraiment un site d'hébergement occasionnel dans l'appartement d'un particulier, mais un véritable business avec une proportion importante de membres qui louent des appartements entiers, et souvent plusieurs.
Et c'est vrai que si l'on observe un peu la situation parisienne, InsideAirbnb dévoile que 84% des logements sont des appartements complets, non partagés, et que certains loueurs comme un dénommé Fabien, loue 142 appartements à lui tout seul dans la capitale.
En cliquant sur chaque point de la carte, l'internaute aura des informations précises sur le loueur et le bien loué. Le site Insideairbnb a été largement médiatisé à l'occasion de l'Airbnb Open de Paris qui a eu lieu début novembre. D'un coté, Nicolas Ferrary, directeur France d'Airbnb communiquait sur une étude démontrant l'impact de la plateforme sur l'économie nationale : 2,5 milliards d'euros!
De l'autre coté, les hôteliers sont vite montés au créneau en utilisant les chiffres de InsideAirbnb qui démontrent que l'on est loin d'une simple activité de gentils étudiants bohèmes qui louent un coin de mezzanine au visiteur de passage.
Ce qui fait dire à Murray Cox, d'InsideAirbnb dans un article qu'il ne s'agît plus d'économie du partage : "dans mon esprit, l'économie du partage est une communauté construite pour trouver un usage aux ressources privées sous-utilisées. Or, louer des maisons complètes de façon régulière ou toutes les pièces d'un appartement n'est pas du partage. Même si une petite partie de la communauté des Airbnb participe à une véritable «économie du partage», la majorité de son chiffre d'affaires est généré par les fournisseurs commerciaux qui ont transformé une ou plusieurs propriétés résidentielles en hébergement de type hôtelier". Source : Hospitality Inside
Mais finalement, une fois l'éclaircissement apporté, que fait-on? Certes, il ne s'agît plus vraiment d'économie du partage, mais ceci dit, il s'agît d'une activité économiquement intéressante, pour peu qu'elle soit cadrée règlementairement....
Des datas à disposition
Intérêt supplémentaire lorsque l'on va sur InsideAirbnb.com, c'est la rubrique "Get the data". Murray Cox met tout simplement à disposition le fruit de ses recherches : les listings de biens à louer, géolocalisés, les avis, les agendas, etc. De quoi énerver la direction d'AirBnB j'imagine. mais aussi de quoi donner aux observatoires locaux de sérieux coups de main sur la connaissance de leur offre touristique et de sa fréquentation.
Il y a juste à attendre que notre australien de Brooklyn et son équipe développe de façon exhaustive son observation d'Airbnb, et les gestionnaires de la taxe de séjour sur les destinations vont retrouver le sourire...