D'accord, les préjugés ne sont pas nouveaux et les difficultés rencontrées lors de la recherche d'un appartement ou lors des entretiens d'embauche lorsqu'on s'appelle Mourad ne datent pas d'hier. Seulement, à l'heure où l'on parle et reparle sans cesse qu'attention, surtout, ne pas faire d'amalgame, le film L'Italien résonne peut-être encore davantage. En fait, Mourad en a eu marre de se faire recaler avec son nom et sa tête d'arabe. Alors il a choisi de s'appeler Dino Fabrizzi. Du coup, il a été embauché sans problèmes chez Maserati à Nice, entreprise dans laquelle il est en train de gravir tous les échelons. Seuls quelques amis proches et sa sœur sont au courant de sa supercherie. Jusque là, Dino joue le jeu efficacement sans jamais être démasqué. Il se la joue italien en France, parle de sa famille à Rome à qui il rend régulièrement visite. A Marseille, sa mère vient le chercher à l'aéroport, croyant quant à elle qu'il atterrit directement de chez les ritals. Un imposteur. Une réussite sociale. La fin justifie les moyens. Sauf que cette année, son père est malade du cœur et lui demande de faire le ramadan à sa place. Dur de concilier mensonge et tradition, travail, petite amie et cinq prières quotidiennes assorties du jeûne obligatoire. Dino-Mourad s'embrouille, perd pied et finit par se faire démasquer. Ce qui devait arriver arriva. Avouer ? Composer encore ? Embrayer sur un autre mensonge ?
Aucune caricature dans ce film, malgré ce que le pitch pourrait laisser imaginer. Au contraire, nos préjugés, parce que nous en avons tous, partent en fumée. Point de barbe ni de voile, juste les claquettes et la famille. Un imam clairvoyant et rempli d'humour. Et une vie à réinventer. Un film à la fois drôle et touchant, un message qui, même s'il est loin d'être vindicatif, dit ce qu'il a à dire. Un joli moment, avec l'excellent Kad Mérad et la regrettée Valérie Benguigui.