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née aux USA et adoptée par une économie américaine une nouvelle fois précurseur.
« La bataille pour dominer le marché ne sera pas une bataille d’entreprises mais de chaînes logistiques » Professeur Hau Lee, Standford.
Historiquement, les avantages compétitifs de la maîtrise de la Supply Chain ont toujours été sous estimés, les entreprises menaient une lutte acharnée sur des produits ou des services, jamais sur des processus. Cette vision a depuis été remise en question, notamment dans un contexte de globalisation de l’économie.
Après l’amélioration des flux physiques et d’information, une nouvelle phase s’annonce avec la maîtrise des flux financiers (Supply Chain Finance).
La Supply Chain dans l’impasse
Les flux physiques et d’informations sont maîtrisés, que reste-t-il alors à explorer en termes de maîtrise des coûts dans la Supply Chain ? Cette question se pose aujourd’hui à l’ensemble des grandes entreprises européennes. Elles ont su maîtriser les flux de marchandises dans les années 1980 puis se sont tournées vers la maitrise des flux d’informations dans les années 1990. La maturité atteinte aujourd’hui met les entreprises en porte-à-faux car il paraît de plus en plus difficile de réaliser d’autres économies en jouant sur ces seuls facteurs.
La constante recherche de maîtrise des coûts aboutit à la fragilisation des fournisseurs
Toute entreprise cherche à améliorer sa marge sous peine de perdre en compétitivité, de permettre à ses concurrents de gagner des parts de marché et, à terme, de disparaître. La concurrence est d’autant plus rude et définitive qu’elle s’étend au monde entier ne laissant plus le droit à l’erreur. La pression exercée de la part de quelque gros acheteurs sur la multitude de petits fournisseurs monte alors d’un cran : il leur est demandé de baisser les prix tout en allongeant les délais de paiements. Or, cette configuration met en péril l’équilibre économique des fournisseurs qui ne sont plus en mesure de répondre à ces exigences. La disparition des fournisseurs menace l’existence même des acheteurs, depuis peu conscients de la situation.
Les secteurs principalement concernés sont les secteurs industriels :les entreprises pharmaceutiques, l’automobile et la haute technologie s’intéressent particulièrement au sujet car elles sont fortement dépendantes de fournisseurs irremplaçables.
Recherche d’une solution gagnant-gagnant : la Supply Chain Finance est la solution à une situation tendue entre les fournisseurs et les acheteurs
Les tensions sur la Supply Chain ne sont plus supportables, particulièrement pour les fournisseurs. Les entreprises sont en droit de se protéger de la pression sur les marges mais pas au sacrifice de leurs fournisseurs. Fournisseurs et acheteurs sont contraints à trouver une solution autre que la perpétuelle baisse des prix.
L’idée de la Supply Chain finance est née. Il s’agit de s’attaquer à la maîtrise des informations financières d’une part (notamment les factures) et à la mise en place d’un meilleur financement global de la chaîne d’approvisionnement d’autre part.
La maîtrise des flux d’informations financières au sein de la Supply Chain
Aujourd’hui de nombreux projets (solutions SI) sont proposés autour des nouvelles problématiques concernant la maîtrise des informations financières mais aucune offre (d’éditeur) ne permet encore de superviser l’ensemble des sujets liés à la maîtrise de la Supply Chain Finance. Les solutions existantes sont principalement concentrées sur la résolution de problèmes liés à la comptabilité entre fournisseurs et acheteurs (facture, litige, recouvrement…) ou sur la résolution de problèmes existant au sein même des grands groupes mondiaux dont les différentes filiales ou points de vente sont dispersés aux quatre coins du monde.
Quelques exemples de solutions SI :
- TradeCard Inc et son offre de plateforme « Tradecard » permettant l’automatisation des processus de gestion financière des chaînes d’approvisionnements, du bon de commande au paiement. Cette solution a été adoptée par le groupe de prêt-à-porter Grupo Cortefiel avec 1290 points de vente dans 48 pays.
- Lancement par la société Bottomline du portail interactif en ligne « Bottomline Business eXange ™ » permettant un accès en temps réel aux factures centralisées au sein d’un portail. Les factures sont envoyées directement sur le portail au format électronique ou transformées si besoin grâce à un service de capture des factures papiers. Cet accès est partagé par l’ensemble des fournisseurs et la société acheteuse. Les fournisseurs ont la possibilité d’émettre leurs factures directement vers le portail (économie coût d’envoi) puis de les consulter à leur guise afin de s’informer en temps réel de l’avancement du paiement (meilleure gestion du FDR et diminution des coûts liés à la résolution de litiges).
La mise en place de ce portail présente ainsi l’avantage de réduire les coûts par la dématérialisation des transactions, de tracer et d’archiver de façon centralisée chaque échange et de contrôler les litiges clients. Cette avancée est en soi une aide fortement appréciée par les entreprises qui leur permet d’économiser le temps autrefois consacré à régler des problématiques stériles.
L’innovation réside également dans le fait qu’un tiers financier puisse avoir accès à cette plateforme. Il est alors en mesure de proposer (de façon anticipée) des offres de financement aux différents acteurs de la supply chain (escompte…).
Chacun est gagnant : l’institution financière commercialise ses offres de financement au plus près des besoins de ses clients, les clients gèrent plus efficacement leur Besoin en Fonds de Roulement (BFR) et les tensions sur la Supply Chain s’atténuent.
Le financement de la Supply Chain
Lorsque l’on interroge les 500 plus grandes entreprises européennes sur les techniques de financement du BFR qui semblent pouvoir se développer fortement dans un avenir proche (étude Demica - décembre 2006), les crédits accordés par le pool bancaire et le financement de la supply chain (reverse factoring) arrivent en tête.
Qu’est ce que le reverse factoring ?
CGA du Groupe Société Générale, Eurofactor, IFN (…) sont certains des acteurs proposant des offres de « reverse factoring » à leurs clients. Le principe est simple, un intermédiaire financier règle la facture au fournisseur le jour de son émission ce qui permet en contrepartie à la société acheteuse de bénéficier d’un délai supplémentaire (l’intermédiaire financier gagne une marge sur cette opération).
Il est à noter qu’en Italie, certaines entreprises ont crée leur propre société de crédit et d’affacturage sans passer par des institutions financières.
Quels sont les bénéfices de la maîtrise de la Supply Chain Finance ?
La SCF n’est pas précisément nouvelle et n’est étudiée sérieusement que depuis le début des années 2000 donnant lieu à des innovations aussi bien de la part de UPS ou DHL (gestion de la facturation, du recouvrement, livraison contre remboursement) que des banques qui ont pris conscience, avec un peu de retard, de la nécessité de proposer à leurs clients des offres permettant d’atténuer les pressions existantes sur le financement de la Supply Chain.
Les améliorations potentielles de la mise en place de la SCF sont :
- améliorer la traçabilité des transactions (commandes, factures, exécutions des paiements, trésorerie) pour l’émetteur comme pour le receveur.
- éviter les litiges et les coûts liés à leur gestion.
- dégager du fond de roulement par une meilleure gestion des flux financiers. Pour cela, les banques doivent adapter leurs offres à ce nouveau besoin exprimé par les entreprises clientes.
- bénéficier de l’escompte proposé par les fournisseurs en cas de paiement comptant, sans pour autant dégrader sa situation financière puisqu’un tiers financier règle pour la société acheteuse (reverse factoring)
- Fidéliser les fournisseurs les plus importants
- Augmenter les capacités d’achat de la société acheteuse
L’autre avantage de la SCF :
Longtemps, la maîtrise de la Supply Chain a été perçue comme une nécessité logistique plus que comme un véritable avantage concurrentiel, cependant, la globalisation de l’économie ne permet plus ce schéma de pensée car il s’agit de réaliser des économies à tous les niveaux afin d’être en mesure de proposer les meilleurs prix. La maîtrise des flux financiers est aujourd’hui le dernier pan des économies réalisables. C’est pourquoi, les entreprises clientes sont aujourd’hui très intéressées par la capacité de leurs fournisseurs ou clients à s’intégrer dans un processus de « modernisation » des outils liés à la comptabilité et aux offres de financement proposées par les institutions financières. Maîtriser ses flux financiers permet à une entreprise d’offrir aux clients un service efficient et de réaliser conjointement des économies. Il semblerait alors que la mise en place de solutions de maîtrise des informations financières participe, dans une certaine mesure, à satisfaire les attentes des entreprises partenaires et par là même participe à leur fidélisation. Or, dans certains secteurs comme la haute technologie, la chaîne d’approvisionnement repose sur des acteurs clefs, des fournisseurs spécialisés et rares qu’il est impératif de fidéliser.
« Trois en un »
La SCF permet d’assurer la fluidité des informations liées aux flux financiers et contribue ainsi à la flexibilité de la chaine toute entière en s’attaquant aux carences de financement ou d’accès aux informations financières. Continuer de fonctionner à partir d’anciennes méthodes est contraire à l’économie actuelle et à ce qu’elle impose aux entreprises en termes d’efficacité. Ainsi, il convient de mettre en place des systèmes permettant d’accéder à des informations hier parcellaires, les entreprises cherchant à assurer une unité devenue facteur clef de succès.
En somme, il est demandé aujourd’hui de trouver des solutions intégrant l’ensemble des informations (flux physiques, flux d’informations et flux financiers) afin que celles-ci puissent être exploitées au mieux par l’ensemble des acteurs de la chaîne d’approvisionnement et de leurs financiers.
Il n’est alors pas étonnant de constater la récente apparition des offres de « responsables Supply Chain Finance » au sein des cabinets de recrutement.
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