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Laissons un peu de côté la scène de l’état d’urgence pour nous pencher sur la France habituelle, celle qui suscite grogne et revendications. Libération se fait l’écho d’une enquête de l’UFC Que choisir, concernant les retards des TER, RER et Transiliens. Grâce à l’application pour smartphones "Anti-retard", les usagers ont pu signaler à l’association de défense des consommateurs plus de 42.000 incidents en 6 mois. Un chiffre qui va à l’encontre de ceux affichés par la SNCF, qui assure que 90% de ses trains arrivent à l’heure. La différence s’explique par un mode de comptabilité qui ne prend pas en compte, du côté de la firme ferroviaire, les retards inférieurs à 6 minutes ni les annulations signalées 24 h à l’avance. La moyenne des retards se situe à 9 minutes, avec des écarts importants entre les lignes et pouvant atteindre 20 minutes sur certaines d’entre elles. Mais les contrats étant déjà "ficelés" jusqu’en 2019 et 2020, la marge de manœuvre semble réduite. L’article conclut sur le recours présenté par l’UFC: "Au vu des graves carences de ces contrats en termes d’exigences de qualité de service et de droits minimaux des usagers, l’UFC-Que Choisir les attaque devant le juge administratif et relance son appel à la mobilisation".
De son côté le magazine Challenge pointe les absences pour raison de santé dans les collectivités, en s’appuyant sur un rapport du Ministère de la Fonction publique. L’opinion publique considère que les fonctionnaires sont plus souvent en arrêt maladie que les salariés du privé, le Ministère a donc voulu en avoir le cœur net. Les résultats sont mitigés: effectivement les fonctionnaires bénéficient plus souvent d’arrêts maladie que les travailleurs du privé, mais en revanche leurs arrêts sont moins longs. "Plus de la moitié des agents publics absents se sont arrêtés moins de huit jours, contre 46% des salariés du privé. Dans le détail, 56% des fonctionnaires de l’État absents ont bénéficié de congés de moins de huit jours, 49% des fonctionnaires territoriaux et 46% des hospitaliers" précise le journaliste Laurent Fargues. Vient ensuite le palmarès: "C’est le ministère du Travail qui décroche la première place avec une moyenne de 16,5 jours d’arrêts par fonctionnaire en 2012. Viennent ensuite le ministère de la Défense (14,5 jours), celui des Finances (14,4 jours) et de la Justice (14 jours)". Ce ne sont donc pas les profs qui sont les plus absents, contrairement à ce que pense souvent l’opinion publique.
L’état d’urgence en France provoque quelques remous du côté des écologistes: Les militants de la Cop 21, cibles de l’état d’urgence titre Le Monde. 24 assignations ont été prononcées par les préfets, obligeant ces militants à rester chez eux entre 20h et 6h, à ne pas quitter leur ville et à se rendre trois fois par jour au commissariat. Le tout jusqu’au 12 décembre 2015, lendemain de la clôture de la conférence mondiale. La loi du 20 novembre sur l’état d’urgence autorise l’assignation à résidence d’une personne s’il existe "des raisons sérieuses de penser que son comportement constitue une menace pour la sécurité et l’ordre publics. La Coalition Climat 21 a protesté samedi contre des "abus manifestes" et demandé aux autorités d’y mettre fin immédiatement", rapporte le quotidien. Pour bastamag.net, "L’état d’urgence face au terrorisme tourne à la répression des mouvements sociaux". "Non, les écologistes ne sont pas des terroristes", renchérit Barnabé Binctin sur reporterre.net. France 24 explique: "Les autorités souhaitent empêcher des personnes soupçonnées d’appartenir à "la mouvance contestataire radicale" de se rendre dans la capitale pour manifester lors de la COP21. Marie, l’une des militante assignée à Rennes, s’insurge: "Le droit de manifester devient criminel (…). On est justes des amis qui participons à certaines luttes qui se passent en France".
Mais il n’y a pas que les militants écologistes qui pâtissent de l’état d’urgence depuis les attentats. Les commerçants enregistrent une baisse de leur chiffre, de même que les professionnels du tourisme. Une baisse de 25% pour les grands magasins, de 20% pour les centres commerciaux, une perte de 300 millions d’euros pour le secteur tourisme, indique Jean-Paul Chapel lors du JT de 20 heures sur France 2. La hausse des achats sur internet ne compense pas ce recul.
Ces remous n’empêchent pas le bon déroulement de l’hommage national aux victimes du 13 novembre. "Une cérémonie entre émotion et solennité" selon Europe 1, qui rappelle que c’est la première fois qu’une cérémonie aux Invalides rend hommage à des victimes civiles. Le Figaro insiste sur l’aspect lyrique de la cérémonie: "Les plus beaux morceaux de la chanson française ont résonné aux Invalides" et précise: ""Quand on a que l'amour" de Jacques Brel a été repris par les chanteuses Camélia Jordana, Yaël Naim et Nolwenn Leroy. Nathalie Dessay a chanté "Perlimpinpin" de la diva Barbara. Deux chansons restées mythiques au répertoire de la chanson française, et deux textes mélancoliques qui célèbrent malgré tout l'espérance, ce "risque à courir" comme l'écrivait Georges Bernanos". Le site de 20minutes publie quant à lui la floraison de tweets suscitée par un message de Jean-Luc Mélenchon sur le réseau social: "Attention particulière de la Présidence: me placer à côté de Le Pen aux Invalides. Misérable". Une remarque qualifiée d’indécente par plusieurs tweeters.
Dans une interview accordée au JDD, Nicolas Hulot lance une fois encore un cri d’alerte: "L’état d’urgence, s’il vaut provisoirement pour la France, vaut définitivement pour la planète. Oui, l’humanité est en état d’urgence, à un cheveu du point de rupture; car à force de repousser les décisions nécessaires, la probabilité de résoudre la crise climatique, qui elle-même amplifie toutes les autres crises, s’amenuise. Et bientôt, la fenêtre encore entrouverte pour combattre cette crise va se refermer" prévient l’envoyé spécial de François Hollande pour la protection de la planète. "Pour nous, Français, un échec de la COP ne changerait peut-être pas grand-chose ces prochains mois, mais je peux vous affirmer qu’il accentuerait encore les inégalités, substrat de la radicalité. Tout est lié. Paris n’est donc pas un sommet pour la planète mais un sommet pour l’humanité, un moment pour la paix", ajoute-t-il. Le journal L’Humanité semble d’accord avec ce constat et titre en Une "Décrétons l’état d’urgence climatique".
Les inégalités soulignées par Nicolas Hulot se rappellent aux citoyens en ce weekend d’appel aux dons par les banques alimentaires. La collecte annuelle trouve un écho dans la plupart des quotidiens de la presse régionale. "Nous n'échappons pas à la précarité. Je dirais même qu'elle est en augmentation. Depuis le début de l'année, nous enregistrons une forte demande, et pas seulement de jeunes couples", annonce Karine Dubois, conseillère municipale en charge de la Banque alimentaire, dans Ouest-France. Un reportage du 19/20 sur France 3 souligne l’importance de cette collecte: "C’est vrai que c’est plus simple qu’on nous sollicite pendant les courses, sinon le reste du temps on n’y pense pas forcément… Et puis ce qui me plaît c’est que c’est de la nourriture et pas de l’argent, ça me plaît bien", témoigne une consommatrice qui vient de faire un don.