Pour y voir plus clair lors des élections régionales …
Il est évident que nous avons tous en tête autre chose que d’aller voter dimanche prochain et le dimanche suivant … Cependant, je crois utile d’encourager chacun de nous à faire l’effort de se déplacer. Voter n’est pas seulement un droit, c’est aussi un devoir. J’avoue cependant que cette année, l’exercice est bien difficile. Si nous savons à peu près quelle surface représenteront en 2016 les circonscriptions des grandes régions, nous ignorons encore largement le contenu de leurs prérogatives et même parfois jusqu’à leur nom !
Pour satisfaire les tenants du mode de scrutin majoritaire tout en « instillant » une dose de scrutin proportionnel (réclamé par les petits partis, si nombreux dans notre pays de division), il a été concocté un mode hybride (sera-t-il moins polluant pour la démocratie ?) qui tient des deux systèmes.
Je rappelle à ce propos que les scrutins proportionnels rendent difficile l’émergence d’une majorité stable et cohérente, faisant primer une logique de coopération des partis. À l’inverse, les scrutins majoritaires conduisent à l’apparition de majorités stables, fondées sur un affrontement avec l’opposition, au prix d’une injustice dans la représentation.
L’élection pour 6 ans des représentants à l’assemblée régionale* se fera cette année selon un scrutin de liste à 2 tours, à la proportionnelle à la plus forte moyenne et à prime majoritaire, sans panachage ni vote préférentiel. Pas tout capté ? Je développe :
On constitue des listes de candidats avec autant de listes que de départements. Ce sont des listes où alternent les hommes et les femmes (des listes dites « chabada »).
Evacuons tout de suite une hypothèse : qu’une liste obtienne dès le premier tour la majorité absolue. Dans ce cas, elle reçoit 25% des sièges à pourvoir, toutes les autres listes (donc la liste arrivée en tête aussi) se partageant les sièges restants, à condition qu’elles aient obtenu au moins 5% des suffrages exprimés.
Les sièges attribués à chaque liste sont ensuite répartis entre les sections départementales au prorata des voix obtenues par la liste dans chaque département, dans l’ordre de présentation des candidats.
Disons tout de suite que selon les projections actuelles, ce cas de figure est hautement improbable. Pour se présenter au second tour, une liste devra avoir obtenu au moins 10% du nombre de suffrages exprimés (les votes blancs et nuls ne comptent pas, même si désormais on décompte les votes blancs à part) au niveau de la région. Si aucune des listes n’obtient les 10% ou si une seule liste les atteint, les 2 listes arrivées en tête peuvent se présenter. Entre les 2 tours, les listes peuvent être modifiées en regroupant les candidats ayant obtenu au moins 5% des suffrages.
Au second tour, la liste arrivée en tête reçoit 1/4 des sièges à pourvoir (comme au premier tour, mais il n’est plus question de majorité absolue). Ce système permet au « gouvernement » régional d’obtenir une majorité cohérente sans devoir constituer une alliance entre partis qui pourrait être contre-nature.
Grâce à cette subtile mécanique, le parti qui atteindra plus de 33% des voix obtiendra la majorité absolue à l’assemblée régionale. Mais si l’on considère que l’abstention est estimée, dans ce genre de scrutin, à environ 54% des inscrits, cette prépondérance ne concernera qu’un peu plus de 15 % des électeurs !
Il faut donc faire l’effort de se déplacer pour voter aux deux tours, car chacun est important … même sans enthousiasme. Il en va de notre crédibilité en tant que démocratie, dans ces temps de menaces sur sa légitimité et son fonctionnement.
Nous allons parcourir 1200 km en plein mois de décembre pour exercer notre droit de vote … Et vous ?
*1671 conseillers régionaux et 51 membres de l'Assemblée de Corse, 41 membres de l'assemblée de Guadeloupe et 45 pour La Réunion.