et patati et pataugas

Par Richard Gonzalez

(Saint-Véran, Hautes-Alpes, le 8 juin 07)

Il se passe de drôles de choses en politique dans mon pays. Voilà bien deux ou trois ans que l’on pronostiquait la victoire de Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007 et nous l’avons eue. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir crié au loup, au fasciste, à tout ce que la gauche est capable d’imaginer de pire dès qu’elle se retrouve à bout d’idées constructives, quand elle n’est plus capable d’inventer un modèle social. L’issue de ce scrutin a montré les limites de la stratégie de la peur quand les coeurs sont vides d’espoir. L’espoir, pourtant, a resurgi dimanche soir, contre toute attente. On nous avait prédit un phénomène maritime de couleur bleue (forcément, la mer n’est pas encore rouge sous nos latitudes) aux élections législatives et c’est finalement le parti socialiste qui reprend du rose aux joues. Il faut bien sûr se réjouir de ce remuement des orteils de la démocratie, après la crainte d’une hémiplégie de l’exécutif. Et tant pis, au passage, si la gauche se préoccupait moins de cet équilibre quand elle a raflé 20 régions sur 22 en 2004... Avec un gain d’une soixantaine de députés supplémentaires, les militants retrouvent toute l’énergie nécessaire pour fourbir les armes d’un avenir à gauche. Mais au fait, de quelle gauche faut-il parler ? Celle des trotskistes qui veulent en finir une bonne fois pour toutes avec le capitalisme et la liberté individuelle ? Celles des communistes dont je cherche toujours la moindre idée moderne dans un parti qu’a financé l’URSS jusqu’en 1981 ? La gauche socialiste, qui, de Mélenchon à Strauss-Kahn, offre un camaïeu de grenat et de rose-bleu artistiquement improbable ? J’avoue craindre les contre-effets de ce regain électoral, en particulier le prolongement jusqu’à la prochaine défaite de ce mariage forcé entre des composantes, des sensibilités qui ne rêvent pas d’un même avenir pour la France (à supposer qu’ils rêvent encore à autre chose qu’à leur siège). A contrario, une plus franche déculottée des partis de gauche aurait certainement accéléré leur rénovation, quitte à faire disparaître les moins républicains d’entre eux. Elle aurait au moins imposé aux socialistes l’urgence de s’aligner sur la pensée des partis socio-démocrates européens, ceux qui ont eu le cran de reconnaître les vertus de la flexibilité du travail par exemple. J’aurais mal à mon pays, un peu plus, dans cinq ans, si je devais encore entendre la gauche agiter la peur du loup et du fasciste en guise de discours politique. On en connaît maintenant les effets, de cette posture-là…