La Héronnière

Publié le 30 novembre 2015 par Adtraviata

Quatrième de couverture :

Les cinq nouvelles de La héronnière mettent en scène un village en perdition où, sous les mensonges du quotidien, se cachent des drames croisés. Chacune d’elles aborde des aspects de la vie villageoise, derrière laquelle planent toujours le doute, les faux-semblants et le mystère. Où naissent donc les monstres qui poussent les personnages de cette chronique de l’arrière-pays à poser des gestes irrévocables ?
De son écriture simple et fluide, Lise Tremblay cerne avec brio le clivage entre ville et campagne. Les citadins, en mal de tranquillité et d’authenticité, ont tôt fait de se heurter aux silences masquant difficilement les secrets douloureux des villageois. Ces derniers, en proie au désarroi menaçant leur survie, balancent entre désespoir et fuite vers la ville. Mais au-delà des considérations sociologiques, la fiction nous amène ici sur le terrain de l’âme humaine et aussi, peut-être, de l’âme d’une terre, l’esprit d’un lieu.

Pour une fois, j’ai acheté ce livre les yeux fermés, sans regarder la quatrième de couverture, je savais qu’il y avait un rendez-vous Lise Tremblay pendant ce mois au Québec et que ce titre était un des trésors de Québec-aux-trésors.

La quatrième de couverture dit tout ou presque, ce serait difficile d’en rajouter sur le contenu et l’ambiance. Unité de lieu, personnages qui se croisent sans doute (le jeune homme de La héronnière est évoqué dans la dernière nouvelle), thèmes récurrents d’un texte à l’autre : le clivage ville-campagne, étrangers-villageois, les traditions du village figées, la chasse, le froid, les gens qui s’épient, les mensonges, les secrets, l’hypocrisie, la survie à tout prix…

En fait, ce court recueil est noir, très noir : si certaines personnes veulent être honnêtes, ouvertes, leurs tentatives sont vite étouffées par la malhonnêteté et la veulerie des autres. D’autres, que ce soient des villageois ou des citadins, ne supportent pas ce climat délétère et n’ont d’autre solution que la fuite, le départ ou pire, la folie, l’alcoolisme, la mort. C’est drôle, on sent bien que ce n’est pas un village situé dans une réserve autochtone, mais la désolation que j’ai ressentie à la lecture des nouvelles de Lise Tremblay est la même que celle décrite par une Lucie Lachapelle ou une Naomi Fontaine. Sauf que ces dernières font percevoir une lueur d’espoir, d’apaisement malgré tout. Ici tout m’a paru sombre et désespéré d’un bout à l’autre. Oh c’est très bien fait, quelle maîtrise dans la construction de l’ensemble, dans l’écriture et quelle ironie sous-jacente ! Mais cette noirceur me reste un peu en travers de la gorge, ça m’a un peu mise mal à l’aise : il n’y aurait donc rien à rattraper dans ce village ??

Je ne sais pas si j’aurais acheté ce livre en ayant lu la quatrième de couv’. Mais comme j’ai acheté un roman de Lise Tremblay, L’hiver de pluie, j’ai hâte de la connaître sous une autre facette !

Lise TREMBLAY, La Héronnière, Leméac, 2003 et Babel, 2005

    


Classé dans:Des Mots au féminin, Des Mots canadiens Tagged: La Héronnière, Lise Tremblay, nouvelles, Québec