Gloria Steinem

Publié le 30 novembre 2015 par Hunterjones
Quand la mère de Gloria Steinem commence à perdre la raison des suites d'une très sérieuse crise de nerfs, les docteurs font preuve, pour la soigner, de grande condescendance, de paternalisme, de machisme, voire de misogynie.
Nous sommes dans les années 40 et Gloria, adolescente est outrée du comportement des hommes, avec le plus petit des "h", face à ce problème dont on se dédouane souvent en se disant qu'il d'agit d'un "mystère féminin". Ses parents se séparent en 1944 quand le poids de la maladie mentale maternelle rompt le couple.

Gloria vit tout de même avec sa mère à Toledo, où elle est née, en Ohio. Elle est témoin de l'hostilité à l'égard de sa mère qui tente de se trouver un emploi. Elles vivent pauvrement, mais Gloria est vite éveillée sur les injustices sociales et l'absence d'équité entre hommes et femmes.
Vers la fin des années 50, Gloria vit deux ans en Inde travaillant auprès de Chester Bowles, ambassadeur des États-Unis là-bas. La CIA met son nez dans les affaire politiques indienne à cette époque. À son retour elle travaille comme directrice d'un centre de recherche "indépendant" dont le propriétaire n'est nul autre que la CIA. Elle prétend ne l'avoir jamais su. Elle travaille pour le World Youth Festival et y envoie à Moscou des étudiants prouvés/filtrés non-communistes. En 1960, elle est engagée comme première employée du Magazine Help!.

S`ouvre une carrière journalistique. Esquire lui commande un article sur la contraception, qui devient son premier sérieux contrat de journaliste. Un article dans cette revue traitant des femmes ayant à choisir entre une carrière professionnelle ou une vie de femme au foyer, publié en 1962, précède d'un an le livre déclencheur de la seconde vague féministe de l'Étatsunienne Betty Friedan.

Pour le magazine Show, Steinem répond à une annonce pour le Playboy Club de New York où on cherche des "bunnies" pouvant gagner jusqu'à 200-300$ par mois. Elle y est engagée, porte de faux-cils, porte une fausse identité, et y étudie les conditions de travail et la vie de ses femmes de l'intérieur. Elle y expose les conditions déplorables et surtout les multiples attentes sexuelles exigées de clients et employeur. Journalisme Gonzo de 1963 qui sera peu reconnu quand par la suite, elle peine à se retrouver des contrats, puisqu'elle est identifiée comme "la bunny de Playboy" comme si elle était d'abord bunny voulant devenir journaliste et non journaliste ayant infiltrée les playboys girls.

En 1964, elle interview John Lennon pour Cosmopolitan puis contribue régulièrement au show télé satirique That Was The Week That Was à partir de 1965. À 22 ans, elle se rend à Londres pour se faire avorter. Elle sent qu'elle devient activiste féministe cette journée-là. Elle couvre justement favorablement des assemblées sur le sujet dans des sous-sols d'église du Greenwich Village pour le New York Magazine. Plus tard, elle dira qu'elle aimerait qu'on se rappelle d'elle comme l'inventrice du terme "liberté de reproduction". Un terme qui expose le choix "avoir des enfants ou non".
En 1968, elle signe le War Tax Protest qui stipule qu'elle ne paiera plus ses taxes tant que son gouvernement sera impliqué dans la guerre du Vietnam.
L'année suivante elle publie un article appelé After Black Power, Women's Liberation en parfaite harmonie avec l'air du temps. Elle milite aussi en faveur de l'équité devant les tribunaux tout en publiant un essai utopique sur l'égalité des genres pour le Time appelé What It Would Be Like If Women Win.
Elle s'implique en politique, du côté républicain, sans réel succès. Elle plaide toujours pour une meilleure représentation des femmes chez les républicains et veut réformer ce parti vétuste à l'égard des femmes.

En 1972, elle fonde avec Dorothy Pitman Hughes le magazine Ms. les 300 000 copies sont toutes vendues en 8 jours. 40 ans plus tard, ce même magazine fait encore fureur. La même année, elle devient la toute première femme à discourir au National Press Club.
En 1973, elle parle devant les hôtesses du droit des femmes.
En 1978, elle écrit un essai semi satirique pour Cosmopolitan appelé If Men Could Menstruate.


Protestant contre l'apartheid, elle est arrêtée en 1984 pour désordre public. Deux ans plus tard, on lui diagnostique un cancer du sein et de névralgie du trijumeau 8 ans plus tard.
À 66 ans, au tournant du siècle. elle se marie pour la seule et unique fois à l'environementaliste, activiste du droit des animaux et entrepreneur anglo-sud-africain David Bale, père de l'acteur Christian Bale. Ils ne seront mariés que trois ans puisque Bale décède d'un lymphome cérébral en 2003.
Steinem fait quelque fois preuve de misandrie, mais il est pratiquement impossible d'en vouloir à ses femmes qui ont connu des comportements masculins inacceptables au travers de plusieurs décennies.
Steinem a 81 ans depuis mars dernier et a encore des tonnes de choses intéressantes à dire.
Elle sera à Montréal pour y faire la promotion d'un nouveau livre demain soir au Rialto.
Merci Gloria pour nos femmes d'aujourd'hui.