Samedi. Il est environ 13h20. Mon sac est prêt, et c’est le moment pour moi de me diriger vers le métro lillois pour rejoindre le bus qui m’attend Gare Lille Europe, en direction d’Anvers. Et c’est une heure plus tard, que le véhicule embarque rapidement pour la Belgique.
Je profite du trajet pour réécouter la majorité des tubes de Madonna sur mon téléphone, et c’est un peu plus d’une heure et demie après son démarrage que le bus arrive à bon port, avec près de quarante minutes d’avance, et ce même malgré l’interruption (glaciale) d’un contrôle douanier. Je descends donc du bus, n’ayant pas vraiment la certitude d’arriver jusqu’à mon hôtel à temps, en partant du Quai Plantin, puisque c’est là que le bus s’est stationné. C’est donc naturellement que je sors les itinéraires que j’avais préparé sur Internet, et que je me rends compte, très rapidement : qu’ils vont me paumer ! (Merci Google Maps !!!) Heureusement pour moi, j’ai de la marge jusqu’à l’ouverture des portes et le début du show, et c’est un peu paniqué que je demande à une passante de m’indiquer le chemin du Quai Plantin jusqu’à la Gare d’Anvers-Central, qui se trouve en fait tout près de mon hôtel. Pas très grande, visiblement d’ascendance asiatique, et gentille comme tout, elle me propose de m’accompagner jusqu’à l’endroit en question, après m’avoir lancé un sarcastique : «It’s far !». Très rapidement, ma guide tombée du ciel, me demande ce que je viens faire à Anvers, ce à quoi je lui réponds : «Je vais voir le concert de Madonna ce soir !» (le tout dans une grammaire anglaise assassine, bien sûr !). C’est ensuite surprise qu’elle m’avoue avoir déjà vu l’interprète de Like A Virgin en concert – pas exactement enfin de compte, vous verrez. Elle me raconte alors qu’il y a quelques années, elle et des amis avaient décidé de partir voir la Miss en concert aux alentours d’Anvers. Ils étaient quatre. Il faisait un temps tout à fait merdique, et très vite, l’attente devenant interminable, mon adorable GPS humain et un de ses amis alors présent ce soir décidèrent de quitter le concert, laissant alors leurs deux autres potes perdre patience en pleine fosse. C’est quatre heures plus tard que Madonna décida de monter sur scène, sans s’excuser - «Bitch, she’s Madonna !», le concert ayant finalement lieu, ma toute nouvelle connaissance et son ami attendirent donc leurs deux autres camarades de sortie dehors, sous la pluie et le froid… Un jour que ma guide décrivit comme : «The most terrible day of my (her) life». Motivant tout ça, non ?
Après une conversation très sympathique, ma copine de périple me laisse devant la gare et me lance gentiment un : «Enjoy your show !». Je trouve rapidement mon hôtel grâce à ses indications, et croise par la même occasion une fois arrivé là-bas, un ami bloggeur avec qui je passe le reste de la journée. 18h : nous partons manger dans un snack de la gare avant de nous mettre en route pour le concert – le temps passe très vite dans ces conditions ! Aux environs de 19h, nous nous dirigeons vers le métro, et après avoir en panique pris des tickets pour faire le trajet, nous sautons dans le métro, plutôt serrés. Il y a du néerlandais partout c’est incompréhensible. Rapidement, nous arrivons devant le Palais des Sports, c’est bondé de monde. Et après s’être fait contrôlés illico presto, nous pouvons enfin rentrer dans l’imposante salle où va avoir lieu le concert de la Madone. À l’entrée, il y a le merchandising de Madonna qui nous fait de l’œil, mais faute de temps, nous nous précipitons à la recherche de nos places respectives, je me sépare du coup de mon ami, et panique : pas moyen de trouver le bloc 142 où je suis sensé me diriger. Il reste cinq minutes avant le lancement du concert, je demande un peu à droite à gauche où je dois me rendre, mais entre le bruit et l’accent prononcé des employés du personnel, je peine à comprendre où se situe ce fichu bloc 142. Finalement, une vendeuse me parle d’une porte rouge derrière moi. Je me retourne, en effet, il y en a bien une, très discrète et sans numéro. Je monte les escaliers et c’est bien là : bloc 142 – rang 37 – siège 1. Mais le concert de Mado’ n’est en fait pas pour de suite, puisque la première partie est assurée par un DJ qui m’est inconnu, visiblement très enjoué. Et c’est après une heure et quart de mixage que le DJ nous quitte, soixante-quinze minutes qui sont passées bien lentement d’ailleurs, mais hélas, je n’étais pas au bout de l’attente. Puisque fidèle à sa réputation, Madonna est en retard. J’entends que le show doit commencer à 21h15. 21h30 : toujours pas de Madonna. Un quart d’heure plus tard, la musique de fond triple de volume et c’est Michael Jackson qui retentit dans toute la salle, histoire de réveiller le public qui avait commencé à se tourner les pouces et à manifester de l’agacement (moi le premier !).
Les lumières s’éteignent enfin, le public s’émoustille et un clip mettant en scène Mike Tyson et une Madonna déguisée en Marilyn (entre autres) apparaît sur scène. J’avoue avoir de suite été impressionné par cette vidéo que j’ai trouvé très belle esthétiquement et qui à mon sens ouvrait très bien le spectacle. L’écran qui diffuse le clip se rabat sur la scène pour laisser entrer Madonna, qui est suspendue à plusieurs mètres de haut dans une cage. La dame chante Iconic, extrait de son dernier album Rebel Heart. Et honnêtement, ça m’a fait tout drôle de la voir en chair et en os, sous mes yeux, et je n’ai pas percuté tout de suite que… c’était bel et bien vrai, pas besoin de me pincer ! Madonna enchaîne ensuite sur Bitch I’m Madonna, son dernier single, auquel je porte un amour inconditionnel (c’est ironique !!), qui était plutôt bien rendu sur scène, même si j’ai eu de l’urticaire en voyant Nicki Minaj râper sur le grand écran qui se tenait derrière Madonna. Le show se poursuit ensuite sur une version très rock de Burning Up, que j’ai adoré ! Avant de continuer sur la touche très spectaculaire, théâtrale et kitsch qui était apparue sur les deux premières chansons, et c’est ainsi que la Material Girl interprète un mash-up de Holy Water et Vogue dans une mise en scène très sexy comme on lui connaît en jouant toujours la carte de la provocation, notamment en recréant de façon très hot le tableau mythique de De Vinci : La Cène. Madonna clôture cette partie du spectacle qui s’inspire beaucoup de l’Asie et des symboles religieux (Joan Of Arc / Samurai) avec Devil Pray, autre chanson de son dernier disque, avant d’enchaîner sur Rockabilly Meets Tokyo, second acte du show.
Dans la salle, l’ambiance est molle, il y a un fan débordant de joie qui s’exalte à ma gauche mais c’est tout. Notons que la première partie du concert était la plus froide, bien que très bien rendue, et que le show est devenu bien plus convivial par la suite. Sur ce deuxième tableau, Mado’ chante alors Body Shop pour continuer de mettre à l’honneur son disque Rebel Heart sorti en mars dernier. La mise en scène est assez sobre, mais Madonna commence à se lâcher, et le public a l’air d’apprécier. Après une version acoustique et plus lente de True Blue, qui m’a fait m’empresser d’appeler ma mère, fan de Madonna dans sa jeunesse, pour lui faire la surprise d’entendre la chanson en live, Madonna chante Deeper and Deeper, de l’ère Erotica, ce qui m’a fait m’exalter comme une groupie fan de Justin Bieber. Grand moment de solitude : je suis le seul ou presque dans mon compartiment à chantonner la chanson à gorge déployée avec le pied qui tape le sol au point qu’il s’y enterre. C’est de nouveau sur un mash-up que Madonna continue de donner la note avec un mélange subtil entre HeartBreakCity et Love Don't Live Here Anymore, où elle se met en scène sur une imposante et grisâtre cage d’escalier. Et puis soudain : Like A Virgin retentit, et là, tous ceux qui avaient les fesses collées à leur chaise depuis le début du concert bondissent pour se mettre à danser et chanter, et une vague de fougue se répand comme une traînée de poudre à travers la salle – du moins dans la zone où j’étais. Après une reproduction classe des performances promotionnelles de Living For Love, où Madonna ressort la cape qui l’avait pourtant fait se ridiculiser en chutant devant la planète entière, c’est La Isla Bonita qui est interprétée par une Madonna habillée à la mexicaine, pour le troisième tableau du show : Latin / Gypsy. De nouveau, autour de moi, c’est l’exaltation, il y a deux blondes devant moi qui dansent à s’en renverser le champagne à la figure en hurlant : «Last night I dreamt of San PedroOoOooOO…». L’effervescence se poursuit, quand Madonna joue un medley de ses chansons des années 80, avec notamment Into The Groove, Dress You Up ou encore Lucky Star. À partir de cette partie du show, Madonna est beaucoup plus proche du public et n’hésite pas à plaisanter, notamment quand elle demande au public, plus tard dans le spectacle, de compter les 26 fessées qu’elle donne à l’un de ses danseurs pour son 26ème anniversaire – oui, oui ! Sur ce tableau, Madonna interprète également Who’s That Girl en version acoustique et Don’t Tell Me avant d’enchaîner sur Rebel Heart, qui est l’une de mes chansons préférées du dernier album, et qu’elle a bien su rendre sur scène, notamment avec le montage très travaillé qui défilait sur les écrans derrière elle. Le tableau final du show arrive : Crazy Years, qui rend hommage aux années 20, et ce après une sublime prestation des danseurs sur Illuminati, où l’on voit ces derniers suspendus sur d’immenses tiges, réalisant des acrobaties impressionnantes. Madonna se déchaîne ensuite sur Music et Candy Shop en prenant des manières niaises à la Marilyn, - on aurait dit qu’elle allait s’écrier : «Poupoupidou !» - dans une mise en scène très classieuse et lumineuse. Elle enchaîne après sur Material Girl qu’elle avait pourtant dit détester, et reprend La Vie en Rose d’Edith Piaf, qu’elle chante en fait depuis le début de la tournée (et pas uniquement en hommage aux attentats du 13 novembre). À côté de moi, j’entends quelqu’un éclater de rire en l’entendant chanter en français, de mon côté j’ai beaucoup aimé sa reprise que j’ai trouvé très belle, même s’il est vrai que je ne reconnaissais pas les paroles. Sur Unapologetic Bitch, elle fait monter sur scène un certain Alan, habillé à la Erotica, il porte une chemise noire transparente et un caleçon en latex moulant, le tout en dansant un twerk endiablé, qui lui vaudra la question suivante de Madonna : «Are you a professional dancer ?». Elle lui offrira ensuite une… banane – on se demande pourquoi, n’est-ce pas ?? -, en lui indiquant qu’une banane peut servir à bien des choses si on a de l’imagination : je ne veux ni savoir ce qu’on a fait de cette banane, ni où elle se trouve actuellement ! Les lumières s’éteignent ensuite, certains s’en vont, mais ils partent trop tôt, puisque que Madonna est encore là pour une dernière danse avec Holiday. Qui offre un final festif à souhait, et plein de nostalgie.
Pour un premier concert de Madonna, je dois dire que je n’ai pas été déçu du tout, même s’il ne s’agit pas là de sa meilleure tournée, le Rebel Heart Tour offre un show haut en couleurs et ravissant, et même si Madonna était distante en début de spectacle, je l‘ai senti bien plus à l’aise et sympathique par la suite. Je garderai donc un souvenir impérissable de cette soirée, avec en particulier son impressionnante arrivée en scène qui est désormais gravée sur mon disque-dur ! Dans un élan de folie, et pour dire que la Miss m’était vraiment montée à la tête, je m’achète un T-shirt à 40 balles à son effigie, avant de rejoindre mon ami pour nous faire gentiment ramener par un couple qui était lui aussi présent au concert, près de la gare pour rejoindre notre hôtel - «Madonna c’est notre génération !». Et c’est en affrontant une pluie et un froid insupportables que j’échange mes ressentis avec mon ami bloggeur, avant de regagner notre hôtel trempés. Le lendemain sous la douche, c’est bien sûr Madonna que je beugle en souvenir de cette fameuse et réjouissante soirée !
Lewis