Vacuité

Hier soir, le thème de ma conférence au centre bouddhiste Kalou Rinpoche de Marseille était  : S'éveiller à la vacuité.

La vacuité est un concept clé du bouddhisme mais pas seulement, on le trouve aussi dans d’autres traditions comme le shivaïsme du cachemire, le taoïsme, ou même le christianisme comme en témoigne ce texte de Maitre Eckhart : « Toutes les créatures sont un pur néant ; je ne dis pas qu’elles sont peu de choses, c’est-à-dire quelque chose, non je dis qu’elles sont un pur néant. Ce qui n’a pas d’être est néant. Mais aucune créature n’a d’être. »

Dans le bouddhisme, la vacuité (Śūnyatā, en sanskrit; en pāli suññatā, en chinois kōng 空), désigne plusieurs choses différentes. Elle est d’abord dans le Madhyamaka de Nagarjuna un outil dialectique pour établir l’absence de substance du soi et des choses. La vacuité est pour Nagarjuna un synonyme d'interdépendance ; il écrit :

« Nous appelons vacuité ce qui apparaît en dépendance (...) Puisque il n'existe aucun phénomène Qui ne soit une production dépendante, Il n'existe aucun phénomène qui ne soit vide"

La vacuité permet de comprendre que les phénomènes sont dépourvus de substance propre ; ils sont vides. Cette analyse s’applique aussi à la personne qui est dénuée ultimement de réalité indépendante. La réflexion intellectuelle doit permettre ensuite de s’éveiller à la réalité absolue au-delà des concepts et de la pensée discursive.

Mais la vacuité dans le T’Chan, ou le dzogchen tibétain n’est pas exactement cet outil intellectuel d’analyse qui vise à déconstruire la substance des choses.  La vacuité est davantage une intuition directe qui nous permet de plonger dans la vacuité de l’esprit. Le but de l'enseignement est d'introduire immédiatement le disciple à la vacuité ultime.

C’est également ce que je partage grâce aux outils de Douglas Harding.

Vipashyana, la vision profonde, est donc de deux types :

-   Une analyse dialectique et intellectuelle de l’absence de nature propre

-   Une vision directe et intuitive de la nature de l’esprit

Ces deux approches doivent être clairement distinguées même si elles peuvent être complémentaires : la compréhension de l’interdépendance des phénomènes et de leur absence de nature peut aider à plonger plus facilement dans l’esprit. Mais cette approche dialectique n’est cependant pas nécessaire.

Et voici une citation de Kalou Rinpoché :

"Vous vivez dans l'illusion et l'apparence des choses. Il y a une réalité mais vous ne la reconnaissez pas.

Quand vous la réalisez, vous voyez que vous n'êtes rien. Et n'étant rien, vous êtes tout. C'est tout !"

Merci à toutes les personnes présentes hier soir pour ce partage.

jlr

J'ai pris cette photo dans le TGV ce matin en revenant de Marseille. Le paysage filait à 300 km/heure; et en regardant ensuite la photographie je me suis aperçu que deux biches couraient après le train !