Qu’avons-nous besoin de tout chiffrer ? Est-ce pour nous rassurer, pour mettre de l’ordre dans nos pensées ? Pas un média qui n’utilise chaque jour un pourcentage, un sondage (avec des points et plus des pour-cents, bien sûr!), un nombre, un classement qui devraient nous interpeller, à tout le moins nous éclairer. Il n’en est rien, le plus souvent !
L’autre soir, on nous donne le résultat chiffré d’une étude qui prouve que les gens plus riches restent en meilleure santé… puisqu’ils peuvent mieux se soigner !
Après les attentats, la population est inquiète. Est-il utile de savoir que 60% sont très inquiets, 20% un peu moins, etc. ?
J’entends ce midi que les jours de fermeture ont coûté à l’économie 51 millions d’euros. Soit ! Mais par rapport à quoi ? À quel chiffre ? Dans quels secteurs ? On ne sait rien de plus que ce nombre astronomique pour la plupart d’entre nous.
Il n’y a pas jusqu’au nombre de morts qu’il faut absolument comptabiliser, presque sans état d’âme. « Savez-vous si le nombre de morts est définitif ? – Nous en sommes toujours à … »
Jean-Claude Guillebaud écrit dans « La trahison des Lumières » : « Les chiffres sont pittoresques. L’esprit du temps en fait bon usage. Il est épaté comme un enfant par cette part de sensationnel que comporte toute révélation chiffrée » On a notre explication : « sensationnel » est en effet le maître-mot des nouvelles (j’allais écrire « news », emporté par l’esprit du temps!)