Magazine Culture

Une bonne action sacrément bien récompensée

Publié le 27 novembre 2015 par Dubruel

~~D'après LE MARIAGE DU LIEUTENANT LARÉ (25 mai 1878)

La région était infestée de Prussiens. Un jour vers quinze heures, Laré, jeune lieutenant, reçut, en provenance du château de Vaumoret, cette dépêche du général Gratien : ''Si votre détachement n'arrive pas très vite à Cormeilles, nous sommes perdus, mes hommes et moi.'' Ce mois de janvier était particulièrement froid. Laré et sa petite troupe se mirent en route. Ils avaient douze kilomètres à parcourir avant d'arriver au château. Soudain, une voix féminine traversa le silence de la plaine : -" Père, nous allons nous égarer. " Le lieutenant Laré s'approcha et interrogea : -" Votre nom ? " -" Pierre Gendreau. " -" Profession ? " -" Sommelier du comte de Méthion. " -" Cette jeune fille est votre fille ? " -" Oui. " -" Quel est son âge ? " -" Dix-neuf ans. " -" Travaille-elle aussi pour le comte ? " -" Oui, elle est femme de ménage. " -" Où allez-vous ? " -" Nous fuyons car j'ai eu peur pour la vie de ma fille et la mienne. Là-bas, les uhlans fusillent sans sommation tout ce qui bouge. " Sous la protection des hommes du lieutenant, le père et sa fille, avançaient dans la neige épaisse. Le sommelier marchait à côté de Laré. Sa fille les suivait péniblement. Bientôt, elle soupira : -" Je suis éreintée. " Laré ordonna : -" Confectionnez-lui une litière. Prenez six rondins et fixez-les avec de solides tresses de lierre. Cette femme grelotte. Qui veut donner sa capote ? " Dix manteaux furent aussitôt proposés. -" Qui veut la porter ? " Huit bras s'avancèrent. Quatre épaules robustes enlevèrent la litière. On reprit la marche. Le poste de Cormeilles fut atteint au coucher du soleil. Le général Gratien héla : -" Que portez-vous là ? " Deux petites mains écartèrent les lourdes capotes bleues. Apparut un joli minois aux yeux clairs : -" C'est moi, monsieur ! " Gratien la reconnut immédiatement et prit le bras du sommelier : -" Mon cher comte, permettez-moi de vous présenter le lieutenant Laré, et ses hommes. Laré, approchez ! Je vous présente le comte de Méthion. " Le comte prit alors la parole : -" Lieutenant, vous avez sauvé nos vies, la mienne et celle de ma chère fille. Je ne trouve qu'un moyen pour vous dire ma gratitude : vous inviter au château quand la guerre sera finie. Et j'entends que vous me disiez alors ce que vous pensez de ma fille ! " Un an après, à l'église Saint-Honoré d'Eylau, le capitaine Laré épousait Louise de Méthion. Elle apportait un million en dot.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Dubruel 73 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazine