On parle beaucoup des défauts de l'école. On évoque moins des parents aussi vigilants qu'inquiets, aussi soucieux qu'impuissants. Et, finalement, on prend assez peu le temps de la réflexion et de l'observation, comme si la pédagogie était le sujet à éviter. Et pourtant …
Alors comment se fait-il que l'école n'ait pas pour priorité de se donner les moyens d'amener les enfants à adhérer au projet de leur vie ? On parle beaucoup de la spirale de l'échec, on n'évoque pas assez la spirale de la réussite, véritable clé de l'apprentissage.
J'ai volontairement choisi la cible des 5 à 14 ans, des CP à la 5é. L'offre de coaching scolaire n'existe pas vraiment pour cette tranche d'âge. Pour les autres difficultés, les parents pourront être orientés vers les aides précieuses et spécifiques qu'apportent les graphopédagogues, les orthophonistes, les pédopsychiatres et les psychologues.
En fait, il est important de prendre au sérieux – au plus tôt – les difficultés qu'ils rencontrent à l'école, à la maison, au sport, avec les copains, pour comprendre, pour étudier, pour se motiver, pour rebondir sur un échec, pour s'encourager d'une réussite, pour exprimer ses besoins, pour nommer ses émotions, pour accepter les règles collectives ...
Je reste frappée par la similitude des propos des parents. Quand le robinet des inquiétudes est ouvert, j'entends fréquemment "j'ai tout essayé, j'ai tout dit, j'ai prévenu, j'ai fait de mon mieux, je ne peux pas tout faire, je n'y arrive pas, une solution de la dernière chance, et je laisse tomber ….". Et je les félicite toujours. Toujours.
Oui, je les félicite toujours, car c'est ce souci prégnant mêlé d'un sentiment d'impuissance qui leur permet de s'autoriser à appeler humblement à l'aide sans remettre en cause les capacités de leurs enfants … Et c'est à partir de ce moment-là que j'interviens.
La confiance et la discrétion sont primordiales. Les parents vivent les difficultés scolaires de leur enfant, la difficulté, voire la rupture de la communication avec eux , et l'inefficacité de leurs discours comme autant de signes d'échecs dans leur mission de parent.
L'aide à domicile, sous la couverture du soutien scolaire, est à cet âge la mieux adaptée. Chez lui, l'enfant est dans un univers qu'il connaît bien, et peut utilement y développer de nouvelles habitudes. Rares sont les cas où l'enfant est demandeur de l'aide qu'il reçoit. Et je travaille avec lui pour lui apprendre, justement, à réaliser puis à demander l'aide dont il a besoin, et pas seulement à se nourrir des avantages collatéraux. En effet, les parents, déchargés des disputes et des stress liés peu ou prou à tout ce qui tourne autour de la galaxie des "devoirs", relâchent la pression. Et mécaniquement l'enfant se détend …
L'aide spontanée, sans soutien scolaire, est moins fréquente. Il m'arrive d'être témoin de circonstances où un enfant est victime de la "surdité protectrice" des adultes qui l'entourent. Quand l'adulte ouvre la porte de la protection qu'il doit à l'enfant, ce dernier s'ouvre, et les parents sont parfois amenés à découvrir avec effroi ce que l'enfant portait courageusement seul …
Je débute toujours par un paragraphe pédagogique. Clé en main, chacun pourra le faire à la maison. Et l'histoire vraie (les prénoms, non!) illustrera utilement la sortie de la spirale de l'échec …