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Après la stupeur, place au recueillement. Au lendemain des faits, alors même qu'ils sont interdits pour des raisons de sécurité, des rassemblements ont eu lieu un peu partout en France et à Paris sur les lieux des attaques, mais également sur la Place de la République, devenue un symbole de solidarité et de mobilisation. Il y a comme un air de déjà vu, les attentats de janvier 2015 sont dans tous les esprits.
Des milliers de personnes se sont succédé pour déposer des fleurs et allumer une bougie à la mémoire des nombreuses victimes, dans une ambiance lourde et solennelle. Larmes et prières, une minute de silence et résistance. "Ils ont frappé un coup au cœur mais ils n'ont pas brisé l'esprit de Paris", lançait une jeune femme présente à la place de la République.
Plus d'une semaine après, l'émotion est toujours palpable, mais les gens venus se recueillir disent "ne pas vouloir céder à la peur" car "ce serait apporter victoire aux terroristes".
Autre peur, celle de l'amalgame et de l'assimilation à ces groupes terroristes, redoutée par les musulmans de France qui souhaitent lever toute ambiguïté et appellent à l'union face à l'adversité.
En outre, la devise latine de la capitale française "Fluctuat nec mergitur", que l'ont peut traduire par "il est battu par les flots mais il ne sombre pas", s'élève désormais en slogan de résistance face à ces actes barbares.
Une capitale meurtrie, donc, mais qui résiste.
Face aux menaces de nouvelles attaques terroristes, toutes les forces ont été mobilisées afin d'assurer la sécurité de la population.
Sur le plan national, de nouvelles mesures de sécurité sont mises en place. L'état d'urgence décrété est prolongé pour une durée de trois mois, le contrôle aux frontières est instauré, et la présence militaire et policière est renforcée dans les lieux publics.
Par ailleurs, de multiples perquisitions ont eu lieu et une traque aux terroristes est lancée, notamment pour retrouver Salah Abdeslam, activement recherché, qui est sans doute le seul terroriste encore vivant ayant participé aux attentats.
François Hollande veut également la déchéance de nationalité pour les binationaux qui représentent un risque.
Au niveau international, la France mène des frappes aériennes intensives contre le fief de l’État islamique à Raqqa en Syrie depuis le 15 novembre 2015, et appelle à l'élargissement de la coalition contre l'ennemie commun.
Des actes qui s'inscrivent dans la continuité de la parole présidentielle évoquant une France "en guerre" qui se montrerait "impitoyable" et souhaite faire "le plus de dégâts possible à cette armée terroriste".
Certaines des décisions du chef de l'État sont contestées et font réagir sur la Toile, notamment sur les réseaux sociaux à travers lesquels s'exprime la crainte des internautes sur d'éventuelles représailles venant de Daesh, qui entraineraient la France dans un cercle vicieux de violence continue.
Noël Mamère parle d'un "patriot act à la française qui ne dit pas son nom". Rue 89 assimile le discours du président français à celui de George W. Bush au lendemain des attentats du 11 septembre 2001.
Le journaliste Edwy Plenel évoque quand à lui "l'immensité des dégâts" résultants de l'intervention américaine en Irak, qui causeront "les désordres dont se nourrira Daesh" et "dont nous payons précisément le prix aujourd’hui, en France".
Il ajoute en outre que "la surenchère sécuritaire est une réponse de court terme, inspirée par l’immédiateté politicienne plutôt que par le souci de solutions durables. Concédant à l’adversaire une victoire symbolique, elle désarme notre société autant qu’elle la protège, mettant en péril nos libertés individuelles et nos droits collectifs".
L'invasion américaine de l'Afghanistan et le retrait laborieux de ses troupes quatorze ans plus tard sans résultats tangibles, la destruction de l'Irak qui donnera naissance à l'État islamique et la guerre civile qui ravage la Libye depuis l'évincement du colonel Kadhafi sont autant d'exemples qui démontrent l'inefficacité de la solution militaire comme unique réponse. Les guerres menées depuis le 11 septembre 2001 n'ont pas tenues leurs promesses en termes de paix et n'ont pas pu éradiquer le terrorisme.
Au-delà des frappes aériennes en Syrie, il n'y a pas de stratégie pour ramener la paix et construire une solution politique sans détruire d'avantage le pays. Et au-delà de l'instauration d’un état d’urgence, du repli des droits fondamentaux et des principes démocratiques, se ressent la nécessité d'une réflexion sur l'étendue de l'intervention militaire et les moyens politiques, structurels et humains qui doivent l'accompagner dans une perspective de destruction de l’État islamique. Le terrorisme c'est avant tout une idéologie, et celle-ci ne se combat pas uniquement avec les armes.