Mercredi soir, Vice a diffusé la première interview de Eagles of Death Metal post-attentats de Paris. Les membres, très marqués et encore très choqués, racontent tous l’enfer qu’ils ont vécu ce vendredi 13 novembre 2015 au Bataclan. « La chose la plus horrible à voir », pour Julian Dorio (le batteur). « Ce qui m’a choqué », confie-t-il, c’est qu’il est très difficile de couvrir le bruit d’un groupe de rock, mais les premiers coups étaient tellement puissants que j’ai tout de suite su que quelque chose de grave se produisait ». Jess Hughes, tête baissée, regard vide explique que lorsque les tirs ont commencé, il a tout de suite cherché sa petite amie, Tuesday. Il est alors monté dans les loges pour la chercher, mais elle n’était pas là. En faisant demi tour, il croise la route d’un des terroristes : « A ce moment-là, j’ai vu le tireur. Il a brandi son fusil sur moi et le canon du fusil a frappé l’encadrement de la porte. Et je me suis dit ‘oh merde’, je me suis retourné, je savais que des gens me suivaient. J’ai dit ‘non, putain, pas par ici !’, et on a commencé à redescendre. »
Matt McJunkins (le bassiste) est coincé. De son côté, de la scène, il n’y a pas de sortie, juste une petite salle arrière avec une poignée de fans. Quand les tirs ont commencé, il explique que c’est l’instinct naturel qui prend le contrôle : « j’ai dû faire un choix : traverser la scène, ou aller dans cette salle et croiser les doigts. Je suis allé dans la salle. Les gens ont offert leur soutien et leur aide aux autres. Plusieurs gens avaient été touchés ; ils saignaient. On a barricadé la porte avec des chaises. Il y avait un mini frigo et une bouteille de champagne. Pour l’after. Et au cas où, c’était notre seule arme. On avait rien d’autre ». Une fille avec eux saigne, une fuite d’eau inonde la salle où ils se cachent, et commence à s’écouler dans les escaliers, menaçant de signaler leur présence aux terroristes. Les tirs continuent, se font plus près d’eux et puis une explosion secoue le bâtiment tout entier. « On ne savait pas ce que c’était. Si c’était une bombe pour faire exploser toute la salle. » C’était un kamikaze qui venait de se faire exploser.
Shawn London, l’ingé son des Eagles a lui aussi croisé l’un des tireurs. Il était au premier plan, il les a vus rentrer dans la salle du Bataclan. Il a entendu les coups de feu, vu les corps tombés autour de lui. « Les gens couraient, il n’y avait aucun endroit où aller. En gros, ils ont couru vers moi et ont sauté sous ma console. J’ai vu le tireur, il m’a regardé. Il a essayé de me tirer dessus mais il m’a loupé… tout le monde était blessé, il y avait du sang partout. Le tireur est resté et a continué à tirer encore et encore ; il a hurlé ‘Allah akbar' ». L’homme profite d’un moment d’accalmie », alors que le tireur recharge son arme pour s’enfuir de la salle avec d’autres spectateurs.
Josh Homme est aussi présent lors de l’entretien filmé, bien qu’il ne fut pas présent à Paris. Lui aussi est touché, choqué, meurtri. Il rappelle que Nick Alexander, le responsable commercial du groupe a été tué pendant l’attaque. Jesse Hugues, en pleurs, explique le courage de son ami : « il n’a pas réclamé de l’aide parce qu’il ne voulait pas que quelqu’un d’autre soit touché à cause de lui ».
Les membres de EODM sont tous unanimes sur le fait qu’ils n’arrêteront pas la musique, ni leur tournée. Ils veulent même revenir jouer à Paris, terminer ce concert qui avait si bien commencer. « Je veux que nous soyons le premier groupe à rejouer au Bataclan parce que j’étais là quand tout est devenu silencieux. Nos amis étaient là pour écouter du rock et ils sont morts. Je veux y retourner et vivre », conclut Jesse Hugues.