Au Cafe du Commerce, c'est la fete a Domenech et a l'equipe de France. Ils sont nuls, ils n'avancent pas. Tout le monde y a droit: les defenseurs qui attendent peperes que a se passe, et qui jouent lateralement avec leur milieu, les attaquants qui ne se trouvent pas. On pointe du doigt certains joueurs: Malouda pas assez entreprenant, Benzema fantomatique... Ca y est Thierry Henry est indispensable, il faut remettre Viera, coute que coute.
Quand on ecoute les reactions de Domenech et des joueurs, on a droit a la langue de bois: ils ont fait un match serieux c'etait difficile avec la chaleur on a eu quelques occasions qu'on n'a pas su concretiser. Que d'analyses subtiles!
On savait bien que les Roumains allaient laisser venir, en cassant le rythme. On sait bien que les Franais ne marquent pas beaucoup de buts et qu'ils ne vont pas beneficier d'un penalty par match. Donc pas de surprise. Si on regarde les premiers matches de poule dans les editions precedentes, les 0-0 sont frequents: celui qui perd le premier match est presque elimine, donc surtout ne pas perdre.
La situation s'est un peu compliquee sur le plan comptable et on peut deja dire adieu a la premiere place depuis la victoire ecrasante des Pays-Bas. Mais rien de redhibitoire. Le prochain match servira de revelateur: les Hollandais vont certainement continuer de pratiquer leur jeu porte vers l'avant qu'on ne s'attende donc pas a les voir chercher le match nul. Il faudra repondre physiquement a cette vitesse d'execution et la defense risque de souffrir un peu plus que contre l'irresistible attaquant d'Auxerre, Niculae. On parie que Domenech va d'abord assurer ses arrieres. Un match nul preserverait encore l'essentiel et le match contre l'Italie serait decisif. Sur ce qu'on a vu hier, les transalpins ne sont pas imprenables.
Doit-on s'attendre a des modifications dans l'equipe et dans le jeu? Pour gagner il faut d'abord ne pas perdre, et pour marquer il faut d'abord avoir le ballon (doctrine Jacquet annee 1996 et suivantes) et quand on voit comment le milieu de terrain italien, pourtant repute pour sa solidite, s'est fait manger, comment Van der Vaart et Sneijder se sont promenes, comment Van Bronskhorst aime les grands boulevards sur le cote gauche, on se doute que Domenech va d'abord colmater: les deux arrieres centraux sur Van Nistelrooy, Abidal sur Kuyt et trois milieux defensifs au charbon (Makelele-Toulalan-Viera ou Diarra). Dans cette option, on reviendrait aussi a un attaquant isole en pointe (Henry?), epaule par Ribery, tandis que Malouda serait convie a fermer son couloir. Le Cafe du Commerce mediatique va hurler, mais Domenech n'est pas du genre impressionnable. Sinon, c'est le coup de poker: tous a l'abordage pour prendre les Hollandais a leur propre jeu. Question de temperament. Et on n'est pas sur que ce soit celui de Domenech.