Par échos, les joueurs ont réussi à hisser Grim Fandango en tant que monument historique dans la sphère du jeu vidéo. Ceci, résume sous le sobriquet sacro-saint de culte, le retour de Manny le Squelette et son humour désossé avaient retenu toute la bienveillance du Blog LaMaisonMusee.com en ce début année 2015. A défaut d’être un va-tout des jeux offerts mensuellement par le programme PlayStation Plus, Grim Fandango version 2015 affiche une promotion impossible à refuser pour … 5,99€. (Prix d’origine : 14,99€.)
Prix osseux pour un voyage sans pareil, la réduction est valable durant 2 semaines sur deux supports de votre choix : PlayStation 4 et PlayStation Vita * . Vous voilà, ou serez-vous peut-être, heureux propriétaire d’une oeuvre inimitable, le Pays des Morts de Grim Fandango m’ouvre ses portes pour une grande première personnelle. Depuis bientôt une année, l’envie d’y jouer n’a pas bougé d’un os ni même changé d’intérêt : culte pour certains, le nom « REMASTERED » a l’avantage d’être une séance de rattrapage en bonne et due forme. La version, exclusivement détenue par Sony sur consoles de salon, révèle pour l’heure les premières qualités de son ossature. Une matière noble pour nourrir une opinion sous influence : culte ou dispensable ?
Dias de los muertos … en 48 trophées.
Artistiquement, Grim Fandango a plutôt bien vieilli. Réside encore les apports d’une 3D qui faisait ses preuves : des personnages légèrement carrés.
Remanié plutôt que revisité, Grim Fandango n’écarquillera pas nos rétines pour sa beauté : l’intérêt est ailleurs. Qu’importe, d’ailleurs, puisque Grim Fandango confirme le pressentiment d’une originalité rarement rééditée dans le jeu vidéo. Retenir cela de ses bienfaits justifie 90% de la création de Tim Shafer, père du studio Double Fine. (Brutal Legend, Costume Quest 1 et 2 …) Bientôt 20 ans après sa parution, ses quelques 6€ dérisoires promettent monts et merveilles, étrangetés et humour, énigmes capillotractés et facilités à plonger dans son univers … Prime dans ce constat l’idée d’une modernisation d’accommodation. Cette alchimie existe déjà dans l’automobile : elle consiste à reprendre un modèle et le doter des équipements désormais indispensables. Après quelques ajustements professionnels, les 48 trophées s’insèrent parfaitement à la mouture originale. Tandis que les pixels forment un conglomérat 3D quasi démodé aux bords adoucis (La Haute-Définition, s’il vous plait.), le fond de l’oeuvre a été réajustée et réorchestrée : une bande-son somptueusement achevée rencontrera l’ancien et charmera les novices.
L’esquisse superficielle du mot « cultissime » révèle avant tout des qualités indéniables. Si l’on retrouve presque le même jeu de jadis, un joueur averti ou simplement curieux ne boudera pas ce bond dans le passé. A défaut d’une version boite (C’était l’objet du précèdent article sur Grim Fandango.) qui aurait eu un succès capable d’être exploité par palettes, l’essai se réduit à un prix coûtant inédit.
4,20 GO dépoussiérés.
Avant, Grim Fandango c’était ça. Et la version 2015 vous propose de l’activer pour la redécouvrir.
Faiblement modernisé, ce qui suppose que la version de 1997/1998 n’a pas été reproduite telle qu’elle pouvait s’apprécier en ce temps, Grim Fandango traverse les années sans la moindre fêlure. Faites un peu de place (4,20 GO d’installation.) et soufflez la poussière qui gît ici bas sur votre PlayStation Vita et, enfin, vous lui trouverez une nouvelle utilité prenante. En même temps, Grim Fandango pourrait enchifrené votre matière grise : mais ceci, faute d’expérience, est une autre histoire. Grim Fandango a les moyens de se faufiler sur le support le plus approprié pour nos doux yeux si habitués à de la haute-définition lissée et policée.
Léger, le filtre Remastered apporte du contraste au jeu original. (Non : la différence ne tient pas à l’ouverture de l’ascenseur.)
Le cas échéant, la PlayStation 4 autorise un confort plus complet et global pour dénouer les ficelles retordes de Grim Fandango. En outre, ses minuscules 4 GO s’installeront en un claquement d’os : en 3 heures, un jeu complet considéré comme un égal des productions actuelles vous attendra sagement dans sa forme la plus étique qu’il soit : le dématérialisé, hélas.
Le compromis est lourd, les contreparties, intéressantes. (Deux supports, jeu bien remanié, et unique moyen de posséder la version la plus aboutie du jeu.) Il faut parfois vendre son âme à Manny, héros de Grim Fandango, pour une visite assez longue du Pays des Morts.
Manny, marginalement vôtre.
Dès les premières minutes, Grim Fandango débute fort. Un opportunisme étrangement érigé en monnaie courante, le fond de commerce de notre Faucheuse Manny.
Des atours indéniables s’agrippent à cette réédition par Double Fine, au moins aussi rapidement que du calcium à des os. Grim Fandango traçait des sillons originaux en dehors des sentiers battus : un soin qui autorise ses écarts de conduite et une narration inhabituelle dans le Point’N’Click. Une catégorie pratique pour classer Grim Fandango mais qui, au profond de sa création, ne lui sied que partiellement. A 20 ans d’écart, les productions Telltale Games n’en sont que les infimes héritiers tant le souci du détail règne dans ce remaniement : les tirades bénéficient de voix françaises d’un enthousiasme étonnant, lrd choix de dialogues affichent une belle forme (L’on dépasse aisément les 4 choix proposés par The Walking Dead Saison 2 par exemple.) tandis que les options affluent pour réunir les joueurs aguerris … et les autres.
Manny a des fins de mois difficiles … Grâce à son bagou, il parvient tout de même à refourguer une canne-boussole absolument … guignolesque. (Et est même perdant, tous frais déduits. Un monde !)
Après des essais personnels peu concluants et indolents dans le genre Point’N’Click où l’aventure a oublié de prendre quelques excitants, il y avait un risque véritable à plonger dans une création d’il y a 17 ans. Grim Fandango arrive idéalement pour sa bonne humeur, respire quoiqu’il se dise une modernité étonnante et un non-conformisme complexe à retrouver aujourd’hui. (Ou plutôt qui demande une interrogation des créateurs, des développeurs, pour espérer se démarquer.) Le rire que Grim Fandango parvient à nous soutirer est caustique, le meilleur, capable de surpasser violemment des scénarii aux choix faussement multiples. Encore mieux : le récit devient un jeu d’aventure où votre squelette costumé se meut dans un espace ouvert. Une révolution pour des Point’N’Click qui enchaînent les scènes par des liens émotionnels.
« Ca défoule un max, hein ? » Appuyer sur une perforatrice a une fonction de catharsis pour Manny. Il n’y a aucune raison à cela, il s’agit d’une pure option et d’un petit sourire de plus face à une scène absurde.
Pour les joueurs nostalgiques, les mécanismes rigides d’antan peuvent être réactivés (L’option est consacrée dans un trophée dédié.). Au contraire, le joueur peut avoir le luxe de retrouver le confort des jeux modernes 2015. Etonnamment, la version la plus aboutie de Grim Fandango peut se targuer de procurer des émotions bien vives : du plaisir et quelques sueurs froides à quelques jeux insipides. (S’ils sont là, peu ont dû subir l’étape du questionnement.)
6€. Le seul problème à cette modique somme doit être l’absence de boite physique. Son manque d’ambition lui permet d’être à son prix le plus bas imaginable. 20 ans en arrière, Grim Fandango puise dans ses blagues curieuses, sa liberté, une légère réactualisation … pour nous rappeler qu’il suffit d’être détaillé, travaillé et élégant pour passer l’épreuve des années. Quitte à renvoyer certaines productions à leurs défauts primaires et de les reclasser à l’Âge de Pierre. Un constat tristement paradoxal.
* : Le système Cross-Buy permet un achat valable sur deux supports PlayStation. Très pratique, il permet de bénéficier d’une version de salon et d’une version portable.