Dimanche dernier, c'était pendaison de crémaillère chez Sandrine. Aidée par son homme, amateur de vins et de bonne chère, elle nous a concocté un beau repas accompagné de belle bouteilles (servies à l'aveugle, of course). Récit.
Pour échauffer les mandibules, des chips de pommes de terres déshydratées au micro-onde. 0 % Lipide !
Puis un velouté de butternut au safran avec des moules, un peu d'ail et de persil.
Avec une bulle à la robe dorée. Le nez est charmeur et complexe, sur des notes de brioche toastée, de fruits secs, de pomme chaude. La bouche est à la fois tendue, ciselée, et en même dense et vineuse, avec des fines bulles toniques mais pas agressives. La finale à la mâche calcaire est longue et aromatique. Y a bon ! C'était la cuvée 735 de Jacquesson (base 2007)
Puis un tartare de thon rouge et d'huîtres. Ces dernières apportent une touche iodée à l'ensemble du plat.
Au départ, le vin blanc est austère, au nez comme en bouche. Un vin cistercien, ai-je dit. Avec le plat, il gagne en ampleur et en gras, sans devenir toutefois un joyeux drille. Ceci dit, l'accord est très réussi, le vin mettant le plat en valeur, et inversement. J'étais parti sur du Chenin, genre Savennières. Connaissant les goûts d'Olivier, j'aurais dû penser à Brégeon qu'il affectionne. Car j'avais croisé ses vins il y a quelques années et certains avaient ce côté austère.
En entrée chaude, des noix de Saint-Jacques avec une compote de pomme/coing, de la crème de boudin noir et une espuma camembert/échalote/citronnelle.
Le vin qui l'accompagnait avait une robe d'un or intense. Le nez riche, touffu, évoquait le coing confit, le miel de châtaignier, l'écorce d'orange, les épices... La bouche est très ample, avec une texture presque moelleuse parfaitement équilibrée par une fine et longue acidité. La finale savoureuse est dominée par le coing, ce qui fait un très bel accord avec le plat. Là, ce coup-ci, c'est vraiment du Chenin, plutôt d'Anjou. Bon, c'était un vin de France, mais il venait bien d'Anjou et c'était du Chenin : la Lune 2009 de Mark Angéli.
Sandrine apporte le tajine
Mmmm !!!... Il est à base d'agneau. Il y a des carottes, des navets, des oignons, des abricots secs, des pistaches, des pignons, de la coriandre fraîche. C'était un pur régal dont je me suis resservi deux fois.
Avec la semoule aux raisins secs.
D'instinct, j'aurais plutôt servi un blanc avec ce plat. Mais le choix d'Olivier fut des plus judicieux. La robe était d'un grenat translucide bien évoluée. Le nez évoquait la prune, la fraise confite, le cuir, les épices chaudes. La bouche était ronde, ample, soyeuse, avec une belle acidité et aucun tanin qui dépasse. La finale était fraîche et épicée, tonique, gourmande. Très bel accord. Pas surpris que ce fut le Clos du Mont Olivet 2001 dont j'ai déjà pu apprécier la production avec beaucoup de plaisir.
Un repas sans fromage, c'est comme titi sans gros minet. Autant que l'accord avec le vin soit réussi.
Avec le Livarot qui est une pâte lavée comme le Munster, un Gewurztraminer convient très bien. Surtout lorsque le millésime est top (2008 !) et qu'il est signé Boxler: de la richesse, de la fraîcheur, un sucre discret, et pas trop d'exubérance même si l'on reconnaît bien le cépage.
Et voilà le dessert : poires poêlées, noisettes grillées, pain d'épices croustillant et glace aux agrumes.
Le vin servi n'était pas idéal – nos hôtes le reconnaissent – mais Sandrine voulait nous faire découvrir son coup de coeur de son escapade jurassienne de l'été dernier : Audace 2011 de Tissot, un "vin de paille " de Poulsard (raisin rouge). Le nez fait très liqueur de fruits rouges et noirs agrémentée d'épices. En bouche, c'est doux sans être écoeurant ni alcooleux, équilibré et tonifié par une belle acidité. Un régal !
Merci à Sandrine et Olivier pour ce beau moment de partage !