A une semaine du lancement de la COP21 à Paris, la chaîne ARTE propose une doublette de sa chronique géopolitique « Le Dessous des Cartes » pour remettre en contexte ce sommet.
La première partie retrace le parcours – non sans embûches – qui a mené les états à se réunir de nouveau autour de la table des négociations. Il est ainsi souligné que la question du climat fût adressée par les états pour la première fois il y a déjà plus de 20 ans: le premier sommet pour le climat est tenu à Rio de Janeiro au Brésil en 1992.
En plus des principes de Responsabilité et de Précaution définis à cette occasion, une distinction entre pays « développés » et pays « en développement » est établie selon le principe de responsabilité partagée mais différenciée. Un principe sensé, juste, sur lequel se basera l’attribution des obligations de réduction et des objectifs quantifiés. Or la réalité prend un tout autre tournure, qui se solde par plus d’échecs que de succès en termes d’objectifs atteints.
D’une part, l’impression d’ « injustice » des pays les plus lourdement contraints par leurs obligations de réduction et septiques des conséquences de leurs efforts unilatéraux. On note notamment les Etats Unis, qui refusèrent de ratifier le protocole de Kyoto, pourtant signé en 1997.
D’autre part, des pays catégorisés comme « en développement » dans les années 90, notamment la Chine, et dont la croissance exponentielle au cours des années 2000 a engendré une quantité de rejets de CO2 phénoménale.
Depuis le fiasco du sommet de Copenhague en 2009, le contexte a donc bien évolué ; et deux points clés auront à mes yeux un rôle crucial pendant cette 21ème conférence :
- Les climato-septiques sont définitivement en voie d’extinction.
- La Chine, jadis un pays « en développement » en définition, est en train de s’asphyxier.
Explication pour ce second point : La Chine est responsable à elle-seule plus d’un quart des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Avec des signes de ralentissements économiques (6,9 % au 2ème trimestre 2015, soit son taux le plus bas depuis la crise de 2009), le pouvoir politique est de plus en plus conscient des problèmes que pose son secteur industriel : manque de compétitivité dû aux manques de qualité et d’innovation, dépendance aux énergies fossiles notamment le charbon, inquiétude des population locales, témoins des conséquences de la pollution.
Ainsi, l’enjeu climatique pour la Chine est double puisqu’il regroupe la problématique économique à laquelle la Chine fait fasse (i.e. moderniser son industrie pour la rendre plus compétitive et plus « propre ») ainsi que la problématique politique de stabilité sociale, si chère au Parti Communiste.
Au vu de ces constats, la COP21 sera donc un rendez-vous crucial pour faire enfin converger les intérêts nationaux et la lutte contre le réchauffement climatique – une cause qui va bien au delà des frontières westphaliennes de nos états.