Voilà un titre à la fois doux, sensible et plein de violence au fond. Voilà un titre qui se lit très bien, très vite, qui semble glisser sur le lecteur et qui pourtant laisse des traces. Voilà un titre vraiment bien écrit et pourtant c'est un tout premier roman. Voilà un titre qui fait voyager, où on apprend des mots, où le lecteur est obligé de s'adapter à une autre culture. Voilà encore un beau titre découvert grâce à Charlotte et son projet des 68 premières fois.
Koichi a une soeur, Seki. Koichi, c'est la voix de ce livre. Sur des courts chapitres, maximum une ou deux pages, il nous décrit sa vie, ou plutôt des morceaux de vie. En soi la vie de Koichi n'est pas bien palpitante. Il semble que son envie de vivre soit très limitée. Un boulot juste pour manger. Pas d'amis, surtout pas de contact à vrai dire...si ce n'est sa grand-mère. L'amour pour sa grand-mère est très beau. Il a également beaucoup d'amour pour sa soeur, qui semble t'il ne lui rend pas...en tout cas elle le fuit. Pourquoi? Ils ont vécu un drame à leur adolescence et ont perdu leurs parents. Ils ont chacun réagi très différemment à cette nouvelle, Koichi se repliant sur lui, Seiki voulant s'éloigner de cette torpeur et vivre sa vie...mais les liens du sang sont forts et ce sont ces liens qui vont les rapprocher.
Avec ce livre le lecteur doit accepter de dépasser une certaine incompréhension. Delphine Roux ne pose pas toutes les cartes tout de suite et entre les mots japonais et un roman qui n'est ni linéaire ni avec des repères de la culture occidentale, on peut se demander au début où on va voyager. Mais se laisser porter, avec confiance, dans cet univers japonais est un vrai délice pour le lecteur. Celui-ci découvrira alors la signification de Kokoro et l'intimité de cette famille. Un beau titre qui m'a rappelé l'univers du poids des secrets, de fait, puisque c'est également de la littérature japonaise et que je vous conseille fortement par ailleurs.