Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction!
Quand on pense aux violences exercées à l’encontre des femmes, on pense souvent aux violences conjugales et aux viols. Mais l’éventail est en réalité plus large et comprend les agressions sexuelles sans pénétration, le harcèlement de rue, le harcèlement sexuel, les mariages forcés et les mutilations sexuelles. Sur ces deux derniers aspects on dispose de peu d’informations, la dernière enquête remontant à 2000. Le fait d’être une femme expose clairement à une gamme d’agressions que peu d’hommes subissent.
En ce qui concerne les violences au sein du couple (mari, concubin pacsé), on estime que chaque année, en France, 223.000 femmes âgées de 18 à 75 ans en sont victimes. Parmi elles, seules 14% portent plainte, bien que 68% d’entre elles déclarent que ces violences ont eu des répercussions importantes sur leur santé psychologique, et 54% que cela a perturbé leur vie quotidienne. En conséquence, seules 15.982 condamnations ont été prononcées (dont 561 à l’encontre de femmes), ce qui est très peu par rapport au nombre d’agressions. Et ces chiffres ne prennent pas en compte les cas des couples en union libre, ni celui des femmes vivant en communauté ou dans la rue, car le fait que les violences soient commises par un conjoint ou ex-conjoint est une circonstance aggravante qui entraîne véritablement les condamnations. Au total, 135 femmes sont décédées en France suite à ces violences conjugales, entre 2014 et 2015, soit une tous les deux jours et demi. Par ailleurs, 31 hommes sont décédés sous les coups de leur compagne sur le même laps de temps.
La plateforme téléphonique "Violences femmes Info", accessible au numéro vert 3619, relève que les situations décrites font état pour la plupart d’un cumul de violences: à la fois psychologiques (86%), verbales (79%), physiques (70%), économiques (23%), sexuelles (6%), administratives (2%). Et dans 70% des cas, les violences sont répétées, voire quotidiennes.
Même constat pour les violences sexuelles: chaque année 84.000 femmes de 18 à 75 ans subissent un viol ou une tentative de viol (violence sexuelle avec pénétration). Il faut y ajouter les 32.000 cas de violences sexuelles (sans pénétration), dont 85% concernent des femmes. Seules 10% d’entre elles portent plainte, et 7% déposent une main courante. Ceci s’explique en partie par le fait que, dans 90% des cas, la victime connait son agresseur: conjoint, ex-conjoint, ami vivant sous le même toit, relation familiale. Deux tiers d’entre elles vivent sous le même toit que leur agresseur. Le viol par un inconnu ne concerne que 10% des cas. C’est d’autant plus déplorable que l’on s’offusque souvent, en France et ailleurs, des viols en Inde, New Delhi étant même surnommée la "capitale du viol". Pourtant, dans ce pays de 1,26 milliard d’habitant, on ne recense que 37.000 cas de viol chaque année… Mais le viol conjugal n’est pas reconnu en tant que délit dans ce pays.
En plus du viol, les victimes déclarent pour la moitié d’entre elles avoir subi des blessures physiques. Pourtant, elles ne sont que 25% à consulter un médecin, et seulement 3 femmes sur 10 se rendent chez un psy après l’agression. La moitié d’entre elles ne font aucune démarche. La loi du silence prévaut, liée à la honte, voire la culpabilité des victimes: le débat sur les "attitudes provocatrices" fait bien des ravages.
Chaque jour, en France, 206 viols sont perpétrés, soit 9 par heure, dont 86% à l’encontre de femmes. Dans la moitié des cas, la victime aura été violée une première fois alors qu’elle était encore mineure.
Le harcèlement de rue (dans tous les lieux publics) regroupe communément tous les comportements visant à interpeller les femmes du fait de leur sexe: sifflements, commentaires sur le physique, injures, insultes à caractère sexiste, exhibition, le fait d’être suivie. Tous ces comportements sont à forte connotation sexuelle.
62,5% de ces délits concernent des insultes sexistes ("salope" et "pute" étant les plus répandues). Les jeunes femmes citadines sont les plus touchées par ces violences.
Une campagne de sensibilisation a eu lieu à l’automne 2015, dans le cadre du plan national de lutte contre le harcèlement sexiste et les violences sexuelles dans les transports en commun (9 juillet 2015). En plus des affiches dans le métro, les réseaux de transport expérimentent l’arrêt à la demande dans les bus de nuit. De nouveaux outils numériques sont également développés pour faciliter les signalements, et des alertes par SMS sont mises en place.
Si ce panorama n’était déjà si inquiétant, on pourrait s’alarmer aussi du sort des 143.000 enfants vivant dans des ménages où des femmes adultes sont victimes de violences conjugales ou sexuelles, dont 42% ont moins de 6 ans. Sur ces 143.000, 35 enfants sont morts en 2014 du fait de ces violences conjugales. Bien que cela ne concerne que 1% des enfants en France, les conséquences dramatiques des traumatismes subis auront des répercussions touchant l’ensemble de la société. L’association Centre de Victimologie pour Mineurs organise d’ailleurs le 28 janvier 2016, à Paris, une manifestation sur le thème des violences au sein de la famille et de la place de l’enfant, en réunissant les professionnels concernés par l’enfance et l’adolescence.