Madame H. : Là aussi, vous ne comprenez pas.
Patrizia : Ah oui, c’est affreux si on y pense : rajeunir, quelle horreur !
Madame H. : Nous arrivons juste après les souris.
Patrizia: Je vous demande pardon ?
Madame H. : Nous sommes les premiers cobayes humains.
Patrizia : Je ne vous crois pas.
Madame H. : C’est pourtant la vérité.
Patrizia : Vous savez quoi ? Je vais vous faire manger mon contrat.
Madame H. : Calmez-vous, je vais vous expliquer.
Patrizia : Il n’y a rien à expliquer.
Madame H. : Il aurait fallu des années pour obtenir toutes les autorisations. C’est déjà difficile, pour les souris.
Patrizia : C’est vrai. Respectons les souris.
Madame H. : Et moi, je n’ai pas le temps d’attendre. Mais je vous rassure : tout le risque est pour moi.
Patrizia : Le risque de quoi ? D’avoir la peau grasse ou des points noirs ?
Madame H. : Quelques souris âgées ont mal supporté le traitement.
Patrizia : Elles sont mortes.
Madame H. : Non. Elles ne sont pas mortes. Elles étaient comme… Ralenties, c’est ça, ralenties. Moi, je me sens lourde. Je me sens fatiguée.
Patrizia : Eh bien moi, j’ai envie de courir. J’ai envie de sortir. De mettre mon nouveau chemisier. Avec la jupe mandarine, la jupe droite, vous voyez ?
Madame H. : J’aimerais aller me coucher.
Patrizia : Vous voulez toujours aller vous coucher. Vous savez quelle heure il est ?
Madame H. : L’heure d’aller se coucher.
Patrizia : Il est quinze heures. Hier vous avez dormi de dix heures à midi. Plus une sieste à cinq heures. Il fait encore jour dehors. Venez, on va se promener.
Madame H. : C’est hors de question.
Patrizia : Juste un tour dans le parc.
Madame H. : Non.
Patrizia : Personne ne nous verra.
Madame H. : Vous avez 300 mètres carrés pour vous promener.
Patrizia : Je voudrais juste marcher dans la neige.
Madame H. : Je déteste la neige.
Patrizia : Juste sentir le froid
Madame H. : Je déteste le froid. Eh hiver, je m’en vais.