Premièrement parce que je ne devais pas me lever. C'est rare les matins (voire les nuits) où je peux dormir et vraiment me reposer comme la plupart des gens normaux qui ne sont ni vampires, ni martiens comme moi.
Il y a eu grand ménage dans la Mafia extrêmement tôt et bien entendu c'est par chez nous que ça a frappé contre le crime organisé. Pratiquement dans mon jardin. L'hélicoptère TVA est venu nous casser les oreilles dans l'espoir d'une nouvelle visuelle.
Arme d'information massive.
Je flirte avec l'idée de chasser l'hélicoptère TVA à coup de fusil.
Mais je n'ai pas de fusil.
Je pourrais m'organiser avec un voisin mafieux toutefois.
Mais ce matin-là, il y avait trop de la journée à meubler et surtout du marasme à chasser. Je suis donc aller m'acheter de la culture.
Dans la foulée de ce que je vous racontais samedi, je suis tombé sur un tout petit livre rassemblant des gags de Schulz entre 1950 et 1952. Non seulement les dessins sont brillamment simple, mais même la copie que j'ai acheté avait une couverture légèrement usée. Comme si j'avais acheté cette copie de Peanuts en 1951. Ça m'a réconcilié avec ma journée.
Mais pas longtemps.
Sur la jaquette arrière on stipule:
A facsimile edition of the first ever Peanuts collection originally published in 1952, containing the best strips from 1950-1952 and including the very first peanuts daily newspaper strip.
Total mensonge.
J'ai feuilleté trois fois toutes les pages (non colorées, non numérotées, dans le bonheur) du livre et à aucune occasion n'ai je croisé ces quatre premières cases que Charles Monroe Schulz a imaginé en 1950. Je connais très bien ce gag, il est reproduit ici à gauche.
Ça m'a ramené dans le marasme. Pourquoi mentir sur une telle connerie? En relisant, je me dis qu'on devait parler de "la collection" qui contient "entre autre" le tout premier gag de Schulz mais avouez que c'est foncièrement trompeur. Tromper est devenu si normal sur cette planète.
Comme le livre de Peanuts était 2 pour 15$ et que je ne trouvais pas d'autre produits qui me tentaient dans les livres, je me suis tourné vers les dvds. Et ai finalement acheté aussi Mad Max, le tout premier film de 1979, en blue-ray. J'adore cet univers dystopien qui rappelle J.G.Ballard, un auteur que je chéris. Avant le crime commis cette année, les Mad Max sont des films que j'ai beaucoup aimés, le premier et le troisième. Étrangement, je n'ai jamais vu le second et ai même toujours pensé que le troisième suivait narrativement le premier. J'ai encore tout un film à explorer et juste ça me remontait beaucoup l'humeur.
C'est alors que je croise Grumeau Bênet, un collègue de travail,
Clarifions une chose: de nuit, je fréquente des gens que, de jour, je voudrais très peu fréquenter. Grumeau est au sommet de ces gens. Voilà un employé qui travaille apparemment depuis 25 ans pour l'entrepôt où je bosse la nuit et c'est de loin LE PIRE EMPLOYÉ AU MONDE. Non seulement il fait toute les erreurs possibles et imaginables, mais il est une nuisance pour tous et fait toujours étirer des réunions avec des interventions dénudées de toute forme de jugement. Il est gênant au boulot alors imaginez au civil! Il me croise dans le magasin et me hèle.
"Hey! Roger!"
(Il est trop bête pour avoir un jour saisi mon nom comme du monde)
"Non..." que j'ai instinctivement répondu.
Grumeau a un peu la tête de Bernard Adamus et c'est con, j'aime beaucoup Bernard Adamus, mais pas du tout Grumeau Bénêt. D'ailleurs dans ce magasin, j'avais croisé tous mes cadeaux de Noël placés soigneusement sur ma liste de suggestion la veille. Toujours sous le même concept: 3 titres de livres, 3 de dvds, 3 de cd. Des livres de Bernard Sumner, Marlon James, Elvis Costello, Grace Jones, des films de Polanski, Altman, Lynch, la musique de Lynch, Butler, Michaud, Adamus justement.
Je suis redevenu marabout.
"Tu...tu t'achètes un disque?" que j'ai demandé ne sachant franchement pas de quoi m'entretenir avec ce plouc.
"Non c'est pour ma nièce" a-t-il dit, Mais il l'achetait tout de même et je m'en sacrais pas mal. et là il m'a demandé quelque chose sorti tout droit du seul tiroir qui semble fonctionner dans le meuble dans sa tête.
"T'as tu vu la photo du nétron sur Facebook?"
"Facebook n'existe pas dans ma vie"
"Écoute, le nétron (c'était surement un trucage) était pris en photo dans' bol, y était long de même..."
Et il me montre ses bras aussi long comme un large concombre.
Voilà le niveau de conversation de mes amis de nuit. Je n'ai pas relevé son ignorance du mot "étron" et ai mis un terme à cette conversation fécale qui me turlupinait encore l'humeur.
JE
DOIS
QUITTER
MON
JOB
DE
NUIT
...et du même coup changer mon style de vie et cet entourage.
Simple question d'humeur.