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Boulimie d'objets, l'être et l'avoir dans nos sociétés sous la direction de Valérie Guillard
Par Emeralda @emeralda26000Rentrée littéraire 2015
Le livre :
Boulimie d'objets, l'être et l'avoir dans nos sociétés sous la direction de Valérie Guillard aux éditions de Boeck, 213 pages, 24 € 50. Publié le 5 septembre 2015
Pourquoi cette lecture :
Il s'agit d'un partenariat obtenu lors d'une opération masse critique organisée par Babelio (communauté de lecteurs).
Le pitch :
Pourquoi accumulons-nous autant d'objets ? Pourquoi sommes-nous aussi boulimiques d'objets ? Et d'abord, accumule-t-on encore aujourd'hui à l'heure du digital, de la mobilité, du nomadisme, du mouvement, du contexte de crise économique et du développement durable ? Oui, répondent les auteurs de ce livre, et plus que jamais ! L'accumulation s'observe partout : au domicile, pendant le temps de transport pour se rendre au travail, au supermarché, dans l'art, dans l'entreprise, etc. Le besoin d'objets est prégnant, quels que soient les multiples rôles de l'individu : consommateur, héritier, artiste, travailleur ou encore simple personne passionnée par les objets. Ce livre s'intéresse autant au caractère compulsif de la boulimie d'objets de ceux qui gardent "tout", qu'au raisonnement logique du collectionneur. Il analyse les enjeux sociaux, politiques, individuels ou encore économiques de l'accumulation d'objets dans nos sociétés, analyse qui relève tout autant de la sociologie, de l'anthropologie, de la psychologie, de la philosophie que du marketing. Après une présentation du portrait type de l'accumulateur, ce livre interroge autant la pratique d'accumuler, ce qui est accumulé, ce qui est fait de l'accumulation, que les dispositifs de l'accumulation, notamment le sac. L'analyse montre que l'accumulation sert à se délimiter un "territoire minimal" à l'intérieur duquel les individus vont se constituer les preuves de leur propre existence : les objets sont alors à la fois un patrimoine personnel, une mémoire collective ou encore une source individuelle de connaissances en perpétuel mouvement, tout cela alimentant le soi des individus. Les frontières de ce territoire sont néanmoins poreuses : en dépit de ses vertus, l'accumulation devient une source de tension dès lors que le besoin d'avoir entre en conflit avec, notamment, les injonctions du développement durable et son prolongement la simplicité volontaire, l'économie fonctionnelle, la substitution du bien par l'usage. En somme, l'objet est un entre-deux, lui et son possesseur ; lui et un autre objet ; lui et deux personnes ; lui entre deux mondes : celui de l'avoir et celui de l'expérience, de l'être.
Ce que j'en pense :
Voici un livre d'étude, de recherche qui s'adresse aux étudiants, chercheurs, mais aussi au grand public. La thématique principale est l'accumulation d'objets, mais cela implique d'autres questionnements et pistes explicatives. On peut se reconnaître facilement dans les cas évoqués car dans notre société de consommation, de sur-consommation, avouons-le, on amasse beaucoup aussi. Je suis la première concernée. C'est une occasion de mieux cerner son mode de fonctionnement, de saisir la portée de certaines de nos habitudes. Ce regard extérieur peut faire beaucoup de bien à mon sens.
Le langage universitaire en guise de style et retranscription de témoignages québécois (expressions traduites en notes, mais perturbantes) va peut-être en rebuter plus d'un. C'est vraiment une lecture pour apprendre et comprendre, pas exactement de détente. Encore que, cela dépend des goûts !
Un ouvrage intéressant, avec une approche pas si ordinaire que cela (du moins hors des circuits de recherches ou universitaires). A regarder de plus près.
Et s'il fallait mettre une note : 13 / 20