La pirogue est le sport emblématique de la Polynésie. C’est elle qui a rendu possible le peuplement des îles de l’Océanie et elle a toujours été l’instrument indispensable à la pêche. Plus qu’un sport, elle est, en Polynésie, un véritable art de vivre. De grandes compétitions inter-îles sont organisées chaque année, comme la fameuse Hawaiki Nui, dont les enjeux sont devenus très importants, tant pour les communes qui entraînent leurs athlètes que pour les participants eux-mêmes, qui remportent des sommes vertigineuses et une notoriété incroyable. Les vainqueurs sont en effet érigés en héros nationaux et un véritable culte leur est voué. Les compétitions attirent une foule très nombreuse et l’activité du pays subit, pendant les jours de course, un ralentissement très perceptible.
La pirogue est constituée d’une coque en bois – généralement des bois exotiques locaux comme le mara, l’uru, le purau ou le tamanu. Elle peut être aujourd’hui réalisée en fibres synthétiques pour une plus grande légèreté. Avec un shape très profilé, l’hydrodynamique frôle la perfection. Un balancier assure la stabilité, généralement à bâbord. Le flotteur, en bois de purau, est fixé à la coque principale par deux traverses dont les fixations sont d’une apparente simplicité – à l’origine des liens en nape, des fibres de coco tressées, vite échangées contre des chambres à air de vélo ou des liens en caoutchouc –, mais qui assurent à la fois souplesse dans la vague et rigidité. L’équilibrage préalable de l’embarcation est très sophistiqué, chaque rameur ayant sa place en fonction de sa morphologie, le plus lourd formant lest au centre de la pirogue. On voit des pirogues à rameur unique, mais également des « V6 » ou même d’impressionnants « V12 » – le « V » signifie va’a, avec six ou douze rameurs parfaitement synchronisés.