ALIMENTATION: Trop de graisse et la microglie fait de la boulimie – Brain, Behavior and Immunity

Publié le 24 novembre 2015 par Santelog @santelog

Un régime alimentaire riche en graisses entraîne la prise de poids et l’obésité, mais semble aussi inciter les cellules immunitaires de notre cerveau à la sédentarité et à l’hyperphagie. La microglie, qui assure la défense immunitaire du système nerveux central se met ainsi et aussi à la boulimie :  » en cas d’obésité, les cellules microgliales qui sont normalement constamment en mouvement, s’arrêtent, restent  » assises  » et commencent à manger les synapses… « . Ces conclusions surprenantes, présentées dans la revue Brain, Behavior and Immunity, suggèrent, heureusement, que reprendre un régime allégé en graisses permet d’inverser la situation.

Le Dr Alexis M. Stranahan, neuroscientifique, et ses collègues de la Georgia Regents University, confirment ci les conclusions d’études précédentes sur les effets de la graisse alimentaire sur le cerveau, des effets multiples, sur la signalisation cérébrale, circuit de la récompense inclus, qui participe à l’équilibre alimentaire, sur la dégradation de la mémoire et de la fonction cognitive globale, et jusqu’à la vulnérabilité neuropsychiatrique. Cette nouvelle étude contribue à expliquer ces effets de la graisse sur le cerveau.

 

L’étude menée sur des souris mâles normales nourries avec un régime comportant soit 10%, soit 60% de graisses saturées, pour un apport calorique identique, montre qu’en 12 semaines, les souris avec le régime riche en graisses sont obèses, présentent des niveaux élevés de cytokines et une diminution du nombre et de la fonction des synapses.  » Après 12 semaines de ce régime, explique l’auteur, vous commencez à voir une forte augmentation de l’obésité centrale, mais aussi une forte perte de synapses et une forte augmentation des cytokines inflammatoires dans le cerveau « .

·   Lorsque ces souris obèses sont remises au régime allégé, au bout de 2 mois, leur poids revient à la normale, en dépit d’un taux de masse grasse plus élevé et le nombre de synapses fonctionnelles est stabilisé.

·   Quand les souris obèses poursuivent avec le régime riche en graisses, l’obésité, l’inflammation et la perte de synapses s’accélèrent.

Que se passe-t-il ? Avec un régime trop riche, la microglie qui participe, normalement, à la surveillance de la fonction synaptique  » se dessèche « . Les épines dendritiques sur les neurones se  » flétrissent « . De retour à un régime allégé, la fonction de la microglie est restaurée.  » Trop de graisse induit la microglie à dévorer les synapses ce qui entraîne le développement de troubles cognitifs. Cependant ce processus est réversible, avec un régime alimentaire faible en graisse. En supprimant  » toute  » l’adiposité, il est donc possible d’inverser totalement les processus cellulaires néfastes dans le cerveau et de préserver la cognition « .

Quel processus ? Le problème commence avec l’excès de graisse dans le corps qui entraîne une inflammation chronique, ce qui induit une réponse auto-immune de la microglie. Or la microglie, comme les macrophages dans le corps, est connue pour sa capacité à ingérer les déchets cellulaires et les agents infectieux dans le cerveau, ce qui contribue, en temps normal à préserver la fonction et la santé des neurones. Mais en cas d’obésité, la microglie se met à se suralimenter. Le chercheur décrit ainsi ce processus :  » En cas d’obésité, les cellules microgliales qui sont normalement constamment en mouvement, s’arrêtent, restent  » assises  » et commencent à manger les synapses… « .

L’étude nous permet ainsi de mieux comprendre comment trop de graisse amollit aussi notre cerveau mais rassure sur la possibilité d’inverser la tendance en retrouvant un régime alimentaire équilibré : Alors, la diminution des capacités cognitives se réduit au fur et à mesure que le poids revient à la normale.

Source: Brain, Behavior and Immunity Nov, 2015 Dietary obesity reversibly induces synaptic stripping by microglia and impairs hippocampal plasticity (Visuel@GRU Senior Photographer, Phil Jones)

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