La pirogue est une seconde religion en Polynésie, et Hawaiki Nui en est l’épreuve phare, l’événement sportif de l’année, attendu de tous. Plus d’une centaine de V6, des pirogues à six rameurs, se confrontent entre quatre des îles Sous-le-Vent pendant trois jours de compétition acharnée entre les équipes locales. Chaque ville, chaque île chérit son équipe, mais des concurrents hawaiiens et même européens sont dans la course depuis plusieurs années. Le départ est donné de Huahine en direction Tahaa, puis, le deuxième jour a lieu une course de vitesse dans le lagon, vers Raiatea. La dernière journée, est de loin la plus rude : c’est la traversée en pleine mer vers Bora Bora, avec arrivée en fanfare sur la plage de Matira. La télévision est au rendez-vous, les bateaux accompagnateurs, les sponsors, sont présents et le lagon est transformé en salon nautique. Pendant ces trois jours, tout est pris d’assaut : plus une chambre de libre, plus une seule place dans les avions, toutes étant réservées depuis des semaines. Car cent pirogues, ce sont six cent sportifs qui se déplacent, avec leurs coaches, les médecins, les supporters, les familles, et les sponsors, c’est-à-dire une foule compacte qui se presse sur un tout petit bout de plage à Matira. À l’arrivée, Gaston Flosse, le président du gouvernement de Polynésie, couronne les vainqueurs et, souvent, son équipe fétiche, dont la pirogue est orange, celle de la commune de Pirée dont il est le maire, est dans le trio de tête. Des milliers de fans continuent la fête tout le week-end. Les télévisions locales font de longs reportages en direct et tout le pays est suspendu aux ondes radio et hertziennes. On note d’ailleurs un impressionnant taux d’absentéisme dans les sociétés à ce moment. Mais l’épreuve est captivante, alors comment ne pas la manquer ?