C’est un livre qui ressemble à une conversation. Les propos s’entraînent et je ne saisis pas toujours l’enchaînement. Peut-être ne s’agit-il que d’un écart entre le mode de pensée de l’auteure et le mien. Peut-être ce livre n’est-il qu’un élément d’un ensemble qui en dépasse la lecture. Les dernières pages évoquant la dette, par exemple, m’ont paru hors de propos, comme annonçant un autre livre… Je ne m’en tiendrai donc qu’à ce qu’il me semble y avoir lu.
Et j’ai particulièrement apprécié cette notion d’irremplaçabilité, reconnaissant les êtres pour ce qu’ils ont d’unique, contrairement au discours capitaliste considérant les humains comme des objets, des machines. C’est rendre à chacun sa place dans une filiation, c’est accorder tout son poids au deuil, c’est considérer la pensée comme un engagement.
L’individuation n’est pas l’individualisme. L’individu est limité, il n’existe que dans un rapport à l’autre.
Après une première partie où Cynthia Fleury développe l’analyse du « devenir parent », du « faire famille », par exemple, elle examine, dans une deuxième partie, la question des conditions d’exercice du pouvoir, la nécessaire sortie de « l’état de minorité », et la potentialité de « penser par soi-même », ce qui donne du sens à l’État de droit qui, sans l’irremplaçabilité des individus, n’est que tentation totalitaire.