Dans son interview au quotidien national El watan, Lounis Ait Menguellet, l’une des icônes de la chanson kabyle, a clairement pris position contre le principe de l’autonomie de la Kabylie ainsi que de ce qu’est en découle, à savoir le GPK.
Bien entendu, Lounis est dans son droit d’être contre l’idée de l’autonomie de la Kabylie, comme tout kabyle qui n’adhère pas au projet. L’objectif de mon article n’est par conséquent pas de diffamer Ait Menguellet ou de l’insulter, loin s’en faut.
En revanche, être contre un projet politique fondé et porté par des femmes et des hommes de valeurs, et le faire savoir publiquement, ou à la limite l’attaquer, c’est se positionner politiquement. Ce que refuse de faire Lounis Ait Menguellet contre le pouvoir en place qu’il a applaudi de ses mains chaleureuses.
En effet, à maintes reprises la question lui a été posée sur des questions d’actualité politique nationale comme par exemple la participation ou le boycott des élections, ou bien de la modification de la constitution…Etc. M. Ait Menguellet n’a jamais clairement pris position, préférant la neutralité.
De la même manière, la question sur sa vision du projet pour l’autonomie de la Kabylie, lui a été posé et ce à deux reprise. Sa réponse est des plus claires : il a répondu clairement je cite « …Me concernant, je considère que nos chouhadas ne se sont pas sacrifiés pour qu’aujourd’hui on s’isole…. ».
Dans la même interview, Ait Menguellet refuse de se positionner politiquement, il dira qu’il préfère piocher ce qu’il y a de bon dans tous les partis. Il se positionne donc pour une fois et il tire contre son camp, oubliant de passage qu’il tire contre l’immense majorité de ses fans.
A la question concernant ses applaudissements, il dira que c’est son droit absolu, que ses détracteurs ne sont point des démocrates lui refusant ainsi d’applaudir, ou l’ayant critiqué pour ce geste.
Par contre, démocrate qu’il est, Lounis ne se gêne pas à considérer les militants du MAK comme trahissant la mémoire des martyrs, une lecture, bien entendue, réductrice du projet pour l’Autodétermination de la Kabylie. Le père du premier militant autonomiste étant un « Chahid ».
Pour répondre à la question qui lui avait été posée, Ait Menguellet a fait un grand bond en arrière, puisque ce sont des réponses que l’on n’entend plus maintenant, ce sont des réponses qui ne sont plus à la mode et pour cause, toutes ces questions avaient été traitées tout au long de cette dernière décennie.
Il existe certes, encore des personnes réticentes à l’idée de l’autodétermination de la Kabylie, qui s’expliquent plus au moins d’une façon politique réfléchie, mettant notamment en avant des craintes sur le plan économique ou plus au moins qui divergent sur la forme. C’est ici qu’Ait Menguellet a raté une grande occasion d’être pertinent. Analyser le sujet d’une façon rationnelle aurait eu plus de sens, pour le philosophe qu’il est.
Sur un autre plan, Lounis Ait Menguellet n’a pas d’autre choix que d’affirmer son opposition au MAK, car ce n’est certainement pas une position gagnante sur l’échiquier politique et culturel national. S’afficher pour le MAK même si celui-ci est sur la bonne voie, c’est s’afficher de facto contre les « commerçants de la culture » au niveau local comme au niveau national. Lui qui participe à la majorité des festivités nationales, sous l’égide du Ministère de la Culture ou de la maison de la culture de Tizi-Ouzou, Dieu sait de quelle culture il s’agit.
Il y a autre chose d’intrigant, la position de Ait Menguellet et celle de Takfarinas sont curieusement similaires sur la question. Le premier avait applaudi un président qui clamait dans la salle, et de toutes ses forces, que Tamazight ne sera jamais langue nationale et officielle et le second est venu exhorter le « peuple » à aller voter, car la situation « était grave ». Une déclaration faite juste après une rencontre avec Khalida Toumi, symbole du retournement de veste que l’humanité n’a jamais connu. Oui j’exagère, Ben Younes est également bien classé en la matière.
Si Ait Mneguellet avait le droit de ne pas se taire, il aurait peut être été préférable pour lui, de reconnaitre le droit aux enfants de la Kabylie, d’épouser le projet auquel ils croient. Qu’ils choisissent en toute liberté, le chemin à suivre. Sa position serait plus digne et plus courageuse. A l’image de celle de plusieurs autres artistes, Idir, Oulahlou, Zdek Mouloud, Rachid Allioui, Mohand Ait Challal, Zahir Amyas, Hacen Ziani, Ali Ideflawen, …pour ne citer que les artisans de la chanson kabyle.
Boualem KACHI